La Ville lumière brille au moment des défilés haute couture. Les collections hiver 07-08 ont déployé toute la magie des contes de fées. Le récit en images de Weekend, qui était invité à cette grande fête de l’élégance ultraraffinée.

Paris a vécu au rythme des collections haute couture, du 2 au 5 juillet. Trois jours marqués par des anniversaires de prestige, comme Dior qui fêtait ses 60 ans à Versailles et Christian Lacroix qui célébrait les 20 ans de la maison de couture. Quand les créateurs puisent leur inspiration dans l’art ou la mythologie, c’est l’occasion de réviser nos classiques…

1. L’histoire de l’art revue par Dior.

La fête a lieu au château de Versailles. Le défilé dans l’Orangerie. Sur l’invitation figure la mention  » Elégance extrême « . Contrainte du dress code. Devant les grilles du domaine, on s’amuse à repérer comment chacun a interprété cette exigence vestimentaire. Certaines ont osé la robe longue malgré la pluie, d’autres ont préféré rester fidèles à un look décontracté chic. Les hommes, eux, ont pour la plupart opté pour le smoking. L’ensemble manque toutefois un peu de ce raffinement tant attendu. L’élégance extrême, faudra-t-il plutôt la rechercher dans ces robes-tableaux inspirées des peintres Goya ou Velazquez ? Sur fond de musique flamenco, on se plaît à reconnaître le coup de pinceau des différents artistes pastichés : les dessins de Cocteau reproduits sur une robe longue, les Nymphéas de Monet venus se déposer sur un bustier ou encore les visages d’ange de Rubens admirablement ressuscités par le travail du maquillage… le tout porté par un casting prestigieux, de Karen Mulder à Naomi Campbell en passant par MariaCarla Boscono ou encore Coco Rocha. Tous les beaux visages de la mode sont là, toutes générations confondues. Dans un grand mouvement baroque, les tableaux et les robes se bousculent : L’Arlequin de Picasso incarné par la top Mariya Markina, ou encore cette femme émancipée en pantalon en forme de cône inspirée du peintre Toulouse-Lautrec et incarnée par la pétillante Irina Lazareanu. On apprécie aussi la Danseuse de Degas ou encore les touches de couleurs impressionnistes tout droit sorties d’un tableau de Seurat. Stella Tennant en effigie d’El Greco est convaincante ainsi qu’Alison Nix en digne ambassadrice de Zurbaran. Bref, c’est à une véritable leçon d’histoire de l’art que nous convie la maison Dior pour fêter en grande pompe son 60e anniversaire. John Galliano, le directeur artistique de la maison, vient saluer le public en costume de torero pour clôturer ce défilé peut-être un peu trop ambitieux. La fête se poursuit dans les jardins de l’Orangerie par le bal des artistes. Des tentes à l’ambiance orientale ont été installées pour accueillir les visiteurs de prestige auxquels sont proposés des spectacles de flamenco. Une paella géante leur est servie. Parmi eux, on reconnaît Sofia Coppola, la réalisatrice du film  » Marie-Antoinette  » et son compagnon, le chanteur Thomas Mars, ainsi que des journalistes stars du petit écran. Mais dans ces jardins à la française, il fait froid et les rythmes andalous ne parviennent pas vraiment à réchauffer la foule de VIP.

2.  » La fête à Saint-Cloud  » signée Chanel.

Le lendemain matin, on quitte la porte de Versailles pour rejoindre cette fois le parc de Saint-Cloud. Le défilé, prévu en plein air aura lieu… sous la pluie. La collection baptisée  » high profile  » met en relief des silhouettes recouvertes de strass ou de plumes. Protégées par de fines cagoules en dentelle dans l’esprit très années 1930, les baigneuses à l’allure moderne déambulent entre les gouttes. Les leggings en cuir, qui viennent prolonger l’escarpin et qui se portent désormais sous le tailleur en tweed, sont devenus la nouvelle marque de fabrique Chanel, même en haute couture. On apprécie la dégaine que confèrent les bottes de motarde et les mitaines en cuir, on s’émerveille tout autant devant une robe en satin bleu profond sertie de brillants… Comme toujours, Karl Lagerfeld parvient avec brio à lancer ses princesses rock sans jamais perdre une once de luxe et de magie. Fierté toute nationale, le mannequin belge Hanne Gaby, qui fait ses premiers pas en haute couture, est ravissante dans une robe étincelante rose poudrée rebrodée de pierres précieuses.

Pour admirer cette collection pleine de modernité, on aperçoit au premier rang Vanessa Paradis camouflée derrière de grandes lunettes noires et Bernadette Chirac toujours fidèle à la maison française. Sans oublier les actrices françaises Elodie Bouchez ou encore Anna Mouglalis. Dans ces jardins de Saint-Cloud immortalisés par le peintre Fragonard dans sa scène  » La Fête à Saint-Cloud « , la haute couture rejoint l’art pictural.

3. Les princes et maharadjahs de Jean Paul Gaultier.

C’est par une invitation écrite à l’encre et calligraphiée que nous sommes conviés au show de Jean Paul Gaultier. A chacun de ses défilés, le créateur nous envoûte en nous plongeant dans l’atmosphère d’un conte dont lui seul a le secret. Cette fois, il nous transporte dans l’univers des princes et maharadjah. Le tableau s’ouvre sur une femme en tailleur-pantalon et aux cheveux courts installée sur un grand fauteuil en velours pourpre, une sorte de prince androgyne. Suit le prince de Galles en veste croisée et blouse de soie imprimée en prince-de-galles, le prince de Jodhpur vêtu d’une blouse à col officier, le prince de Bavière habillé d’une veste de marquis en cuir matelassé châtaigne doublée de velours de soie olive et d’une jupe droite, l’altesse impériale en fourreau long à épaulettes intégrées aux longues franges, le prince d’Afrique arborant une redingote entièrement pailletée zèbre et une ceinture drapée en mousseline de soie panthère ainsi qu’un pantalon en fourrure tachetée. Par un habile travail du cheveu, les coiffures reproduisent des couronnes en tresses. Ces costumes d’officier de l’Empire austro-hongrois détournés sont simplement époustouflants. Viennent ensuite le prince de Dalmatie, le prince des Highlands, le prince de la couture vêtu d’une combinaison en gaze et pour finir, le marié, sublime prince indien au masculin. Pour assister à cette belle fable, un autre beau conteur d’histoires a été convié, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar. Assise à côté de lui, on note la présence de l’actrice française Catherine Deneuve, fidèle au créateur, élégante dans une robe à l’imprimé léopard.

4. Les amazones de Riccardo Tisci chez Givenchy.

Dans le Couvent des cordeliers, rue de l’Ecole de Médecine dans le VIe arrondissement de Paris, Riccardo Tisci lance des amazones des temps modernes. Un brin futuristes, ces femmes ont l’élégance branchée. Les tons flirtent avec le rose poudré, les corps sont réchauffés par du mouton tibétain ou encore protégés par des plumes d’autruche. Les cheveux sont joliment remontés en chignon et laissent apparaître une frange gaufrée. Les vêtements sont portables comme ces bottes cuissardes lacées sur le genou ou ce blouson zippé brodé d’écailles, orné d’un col en mouton blanc. On note avec intérêt les imprimés léopard chapeautés de bombes de jockey, telles ces vestes en laine de soie imprimée d’un dégradé léopard ou encore cette robe courte au drapé asymétrique en satin duchesse. Dans ce lieu intimiste, on se laisse séduire par ces corsets qui viennent ceinturer un grand manteau de fourrure, par cette robe longue asymétrique brodée de bandes de lamelles métalliques posées en relief et ornées de cristaux, portée avec une veste de smoking. Les accessoires prennent aussi toute leur place, telle cette pochette brandie comme un trophée, ce serpent en strass qui vient habiller une robe longue. Gorgones, Méduse, Sphinx, Aphrodite, Athéna, Diane… les différents passages empruntent leurs noms à l’Antiquité. Quand la haute couture rejoint la mythologie grecque et latine, c’est l’occasion de réviser nos classiques…

5. Le maître de lumière, Christian Lacroix.

Il nous éblouit pour ses vingt ans. Christian Lacroix présente dans le Palais de Tokyo des femmes aux yeux charbonneux et aux coiffures très rock’n’roll qui viennent contraster avec une couture éblouissante inspirée de cette fameuse lumière du Sud. Des plumes d’autruche, du violet, du moutarde… Christian Lacroix suit les tendances de la saison tout en les sublimant. On s’émerveille devant ces robes à crinoline en lainage violet ou encore ces robes tulipe en lainage moutarde. La collection met en avant des manches ballon recouvertes de plumes d’autruche. Sur une veste pourpoint en crêpe noir, les coutures sont soulignées de jais et le dos orné de passementerie. Une jupe plissée soleil en taffetas noir est enluminée de jais. On se laisse enivrer par cette collection à la fois moderne et très sophistiquée. Avec Christian Lacroix, la couture est picturale et poétique.

6. Les couleurs acidulées d’Armani Privé.

C’est une version plus rock’n’ roll de sa haute couture que nous a proposé cette fois le maestro italien. En invitant au défilé des stars françaises du grand écran comme Emma de Caunes ou encore Virginie Ledoyen, il a imaginé une haute couture taillée pour elles, moderne, chic et sensuelle. Des petites jupes corolles associées à des vestes étriquées, des blousons en croco portés sur une jupe et accessoirisés d’un bob également en croco. Les blousons blancs, eux, sont taillés dans du serpent. Vert anis, orange ou encore fuchsia, les teintes sont acidulées. Les robes-manteaux orange se parent de plumes. On arbore des pochettes rose fuchsia, des vestes boléros en satin orange. Les coiffures aussi se font plus rock’n’roll en intégrant des mèches de couleur. Enfin, les robes bustiers se déclinent en orange et les bobs pour se protéger de la pluie s’ornent de cristaux Swarovski. L’élégance signée Armani.

7. Les quatre saisons de Martin Margiela.

Depuis quatre saisons déjà, Martin Margiela nous convie dans son espace de la rue Saint-Maur dans le XIe arrondissement de Paris pour nous présenter sa ligne artisanale qui s’inscrit désormais sous le label haute couture. Ces pièces uniques qui nécessitent des heures de confection puisent leur matériel dans les magasins vintage, les marchés aux puces… Le principe ? Chaque vêtement est disponible pendant un mois seulement dans les boutiques de la marque. Dans une pièce noire où les mannequins, très sommairement éclairés, sont cachés derrière des encadrements de porte, on se laisse surprendre par la  » Jewel Dress « , cette robe entièrement réalisée à base de bagues, de gourmettes et de chaînes qui sera disponible au mois d’août prochain. Ou encore par ces cuissardes nées du fruit de l’assemblage de plusieurs paires de chaussures, livrées en boutique en septembre. Le hit de la collection ? Ce manteau réalisé à partir de guirlandes de Noël qui a attiré l’attention des acheteurs américains. Prix : 4 500 euros. Voilà le genre de pièce très branchée à arborer juste avant les fêtes.

8. La poésie de la mode de Cathy Pill.

Pour la deuxième saison consécutive, Cathy Pill fait partie de la génération de jeunes créateurs qui présentent leur collection pendant la haute couture. Cette fois, c’est dans une galerie d’art de la place des Vosges que la jeune Belge a organisé son show. La créatrice confirme son talent pour les robes drapées et les imprimés sérigraphiés. On reconnaît le style Pill, ces robes légères aux imprimés minutieux et délicats. On se laisse aussi surprendre par son travail des couleurs monochromes, par ces robes taillées dans du tissu rouge ou bleu profond et dont le système de n£uds astucieux séduit par sa féminité et son minimalisme. Fidèle à elle-même, Cathy Pill sait aussi s’adapter aux tendances, sans jamais y laisser son âme. On savoure sa poésie de la mode très personnelle.

Agnès Trémoulet

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