Un shooting fashion exclusif avec la chanteuse de Cour de Pirate, une idée insensée ? Coup de chance, Béatrice Martin est fan de mode. Entre deux concerts et avions, elle a pris la pose de bon cour.

Trois petits coups sur la porte. Il est à peine 8 heures du matin quand Béatrice Martin nous fait entrer dans sa chambre d’hôtel à Bruxelles. Les paupières encore gonflées de sommeil, un infime reste de make-up sous chaque £il. Et l’appel du lit moelleux, plus que tentantà Dans ses oreilles, résonnent les applaudissements des 7 000 personnes venues assister la veille à son concert en plein air.  » Un peu trop d’amour « , avoue la chanteuse de C£ur de Pirate, encore sonnée.

Sa ritournelle  » mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort  » est imprimée dans toutes les mémoires, depuis que son album Comme des enfants est sorti en Europe francophone, au printemps dernier. Une voix cristalline, des textes adolescents sur l’amour, ses coups durs, ces mecs qui vous tordent le c£ur. Pour l’heure, la blonde canadienne confie son visage aux mains frétillantes du maquilleur Miaou. Pas trop de tracas à masquer : ceux-ci passent sans laisser de traces, quand on a 20 ans à peine. Les paupières virent au pourpre.  » C’est beau ! Ça fait ressortir les yeux. Je n’ose jamaisà  »

Make-up terminé, en route vers la verrière Hermès, boulevard de Waterloo. La voiture coupe via le quartier du Châtelain, à Ixelles.  » Toutes ces portes hautes, ça me fait penser à la maison, à Québec.  » Pas de nostalgie qui tienne. Il est 9 h 12, et il ne reste déjà plus que trois bonnes heures pour boucler ce shooting mode. Photographe, styliste, assistants et équipe maquillage s’affairent déjà. Matériel et vêtements prennent place dans ce lieu net et épuré, éclairé uniquement par la lumière naturelle.

L’appréhension de Béa est perceptible, toute intimidée qu’elle est par ce nouveau défi. La voilà qui approche des portants. Mains jointes, en signe de prière, collées sur son nez.  » J’ai le droit de toucher ?  » Coups d’£il prolongés sur les pièces glamour ou pointues, signées par les plus grands : Prada, Hermès, Kenzo, Miu Miuà Battements de c£ur. L’objectif du shooting est clairement affiché. Casser l’image rock qu’affectionne la chanteuse. Celle-ci va devoir troquer ses richelieus plates pour une paire de Louboutin plates-formes, elle qui est une véritable adepte de Zadig & Voltaire, de friperies ou de The Kooples (merci Julien Doré, qui lui a refilé l’adresse. Depuis, elle a même posé pour la marque française, avec son amoureux, un musicien rencontré aux Nuits du Bota).

 » Ma tante travaille pour un grand magazine de mode québécois, confie Béatrice, pendant qu’elle se change, masquée par le portant. Quand j’étais jeune, je rêvais d’y bosser. Même s’il y a eu des périodes où je me foutais un peu plus de mon look.  » Envie de grunge, de rock. De piercings et tatoos. D’une tête mi-blonde, mi-noire. Les parents, plutôt bourgeois, grincent des dents. Mais n’interdisent pas.  » Je ne m’intéresse vraiment aux défilés de grandes marques que depuis deux ans.  » Alors qu’elle enregistre ses démos, elle craque (merci maman, papa !) pour des escarpins Miu Miu roses à paillettes ( » Je ne trouve jamais la bonne occasion pour les mettre ! « ) et pour un manteau Marc by Marc Jacobs ( » Un investissement de première classe ! Il va durer au moins trente ans « ). Le prochain achat pour lequel elle économise ? Une pièce Balmain. Ou Yves Saint Laurent.  » J’aime la direction que ces maisons ont prise. Pourquoi pas un tailleur. Ils sont king ! Tout l’argent que je ne consacre pas à mes besoins vitaux, je le dépense en linge.  » Le Québec et ses expressions truculentes ne sont jamais bien loinà

Sur une escabelle, la styliste s’essaie à la confection de grosses bulles de savon. La chanteuse joue avec elles. S’accroupit, les montre du doigt, les accueille dans ses bras grands ouverts, avec lesquels la chanteuse gesticule. Prend la pose, déjà habituée à l’exercice.  » N’hésite pas à désaxer ton corps, comme si tu te dégonflais « , lui conseille le photographe.  » Ça va, le short Prada ?  » demande la Canadienne, un brin sceptique.  » Ça ne fait pas trop couche-culotte ? « 

Les looks s’enchaînent. Le bout de femme se laisse guider. Tout en sachant clairement ce qu’elle veut ou pas.  » Orange moutarde, je n’aime pas du tout  » ou  » La coupe de cette robe bleu électrique est beaucoup trop sage pour moi « . Au contraire de la robe à paillettes Paul Smith, pour laquelle la belle s’enflamme. Coup de c£ur.

Légers signes de fatigue. Mais la miss tient le coup. Derniers clics. Béa remballe tout. Se glisse dans son jeans slim délavé et sa chemise à carreaux bordeaux sans manches. Vite. L’avion pour Toronto et son prochain concert n’attendent pas. Avant plusieurs autres albums. A coup sûr.

Bientôt disque d’or en Belgique, C£ur de Pirate sera en concert le 14 octobre au Botanique à Bruxelles, le 17 novembre prochain à Namur, le 16 mars 2010 à l’Ancienne Belgique à Bruxelles et le 18 mars suivant à Mons.

PAR CATHERINE PLEECK

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