Poétiques ou audacieuses, les lampes dessinées par le designer allemand Ingo Maurer irradient la joie de vivre. Pour le plus grand plaisir des yeux, ne manquez pas de visiter l’exposition  » Light – Reaching for the Moon – Ingo Maurer  » à Grand-Hornu Images.

Du 19 septembre au 19 dé- cembre prochain, l’ASBL Grand-Hornu Images, en collaboration avec le Vitra Museum de Weil am Rhein en Allemagne, mettra en lumière les £uvres d’Ingo Maurer. Au programme, une superbe exposition rétro- spective, mise en espace par le scénographe Dieter Thiel, retraçant plus de 30 années de création. Et pour un artiste aussi productif qu’Ingo Maurer, cela représente plus de 120 lampes et systèmes d’éclairage sans oublier une kyrielle d’installations et d’éclairages publics et privés. L’exposition  » Light û Reaching for the Moon û Ingo Maurer  » présentera également des prototypes rares, des luminaires en série et des pièces uniques, des maquettes, des photographies et des films didactiques. En outre, des installations spécialement créées par le designer ponctueront l’exposition d’accents très personnels. Malgré cette multitude d’objets, la surprise sera toujours au rendez-vous. La redondance n’a, en effet, pas de place dans le travail du génial créateur allemand. Qu’il s’agisse de son premier opus en forme d’ampoule tout simplement baptisé  » Bulb « , de ses sublimes lampes en papier plié  » MaMo Nouchies  » inspirées des £uvres d’Isamu Noguchi ou de  » BiBiBiBi « , une création lumineuse très rigolote juchée sur des pattes d’oiseau en plastique, Ingo Maurer va toujours au bout de ses rêves pour illuminer notre quotidien.

Le facteur déclenchant de la carrière de ce brillant autodidacte ? Un coup de foudre, pendant sa tendre enfance, pour la lumière extraordinaire du soleil se couchant dans les eaux violettes du lac de Constance.  » Je me souviens bien de ces moments hors du commun. Je m’asseyais face au lac, je délirais et j’adorais cela, s’amuse Ingo Maurer. Par la suite j’ai commencé à m’intéresser à la lumière mais ce n’était pas une intention délibérée. J’étais typographe de formation. La première lampe que j’ai créée était le  » Light Bulb « . A l’époque j’avais très peu d’argent et certaines pièces de mon logement étaient éclairées par une simple ampoule. La lumière qu’elle émet semble naturelle à la majorité des gens. En revanche, moi, je trouve que c’est un véritable miracle que nous puissions y voir clair grâce à cette petite sphère de verre. J’ai donc voulu rendre hommage à la fantastique découverte de Thomas Edison en dessinant une lampe en forme d’ampoule. C’était une combinaison entre poésie et industrie.  »

Cette première lampe rencontre un succès sans précédent et permet au créateur d’exploser sur la scène internationale du design. Ses fantaisies lumineuses deviennent la coqueluche des aficionados de l’originalité et sa réussite ne s’est jamais démentie au fil du temps. Beaucoup de ses luminaires extraordinaires ont pu voir le jour uniquement parce que, fait exceptionnel dans l’univers du design contemporain, Ingo Maurer ne se contente pas de développer des projets. Le designer les réalise en effet lui-même dans sa petite manufacture installée à Munich. En outre, grâce à son propre service de développement, Ingo Maurer arrive presque toujours à concevoir des luminaires très avant-gardistes tels que le système d’éclairage YaYaHo, basé sur la technique du bas voltage. Présenté en 1984 et composé de deux câbles conducteurs tendus à travers la pièce sur lesquels on fixe des lampes halogènes où on le souhaite, YaYaHo offre une flexibilité d’éclairage sans précédent. Vingt ans après sa création, ce système d’éclairage défie les modes et remporte toujours le même engouement.  » Si une lampe se démode, c’est que c’est une mauvaise lampe, précise le designer. Si elle est bien conçue et pleine de qualités, elle résistera à l’épreuve du temps. Mais je reconnais que dans la production actuelle, peu d’objets risquent de durer. Nombre de produits sont, en effet, de plus en plus superficiels. Les designers contemporains proposent des formes extravagantes qui ne se justifient pas toujours. En revanche, la multitude de nouvelles créations stimule la créativité et il faut sans cesse se dépasser. Grâce à cela, l’intérêt du public pour la lumière grandit également et c’est tant mieux.  »

Mais Ingo Maurer n’a pas de souci à se faire : de la créativité, il en a à revendre. Actuellement, il se passionne pour la technologie du LED (diodes électroluminiscentes). Ces minuscules points lumineux, extrêmement robustes et efficaces, bénéficient d’une très longue durée de vie. Une fois de plus, Ingo Maurer fut, en 1997, avec la lampe  » Bellissima Bruta « , parmi les premiers à reconnaître le potentiel de ce nouveau moyen d’éclairage  » Je crois que cette technologie va continuer à se développer, affirme Ingo Maurer. Le problème actuel, c’est que la lumière qui en émane est assez froide. Mais, tout récemment, on a mis au point une technique permettant d’obtenir une lumière plus chaude et plus agréable Malheureusement, la technologie du LED est encore beaucoup trop chère. J’espère cependant que son prix diminuera rapidement pour qu’elle puisse remplacer les ampoules économiques que l’on voit partout et qui diffusent une lumière horrible.  »

Depuis les années 1980, Ingo Maurer a développé beaucoup de concepts d’éclairage pour des clients publics et privés. Pour l’éclairage de la station de métro de Westfriedhof à Munich, par exemple, il a dessiné d’immenses coupoles argentées dont les faces intérieures sont laquées de couleurs différentes. Ainsi, selon son humeur, on peut se placer sous le lampadaire diffusant un éclairage rouge, jaune ou bleu… Tout dernièrement, à Paris, il a également signé les décorations lumineuses des cages d’escalator du tout nouvel espace maison des Galeries Lafayette Déco. Constellées de LED multicolores, leurs parois en verre transparent sont un véritable hymne à la joie de vivre.

Et, pour le moment, le créateur se passionne pour les hologrammes. Pas de doute, à défaut d’être toujours rose, notre quotidien sera on ne peut plus lumineux…

Serge Lvoff

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