Benjamin pose son regard (textes et photos) sur celles qui l’entourent.

1. Ma mère, Chantal Opinel

 » Son aïeul est l’inventeur des fameux couteaux. C’est mon arrière-grand-père, Marius qui s’est installé à Villefranche-sur-Saône, et il est loin d’y avoir fait fortune. Ma mère a eu une enfance dure. Elle travaillait en usine à l’âge de 14 ans. Nos points communs ? Outre le fait que je fume désormais autant qu’elle, je crois surtout qu’elle est à la fois pudique et très émotive, et qu’elle m’a transmis une bonne dose de son anxiété face à la vie. Issue d’une famille de 13 frères et s£urs, elle a rencontré mon père, Jacques, à la chorale locale. La famille est si nombreuse, que l’on est obligé de louer une salle quand on se rassemble à Villefranche. Avec tous les cousins germains et leurs enfants, ce sont des tablées de 200 personnes !  »

2. Ma s£ur, Coralie Clément

 » C’est la  » fougère  » de la famille : un vrai talent pour l’inertie. J’ai quitté la maison quand j’avais 15 ans, et elle 10. Coralie est venue me voir à Paris alors qu’elle était vaguement en fac d’histoire à Lyon. J’avais un projet de disque d’après le livre de Modiano,  » Une jeunesse « , avec deux ou trois maquettes de chansons. Je lui ai demandé d’y poser sa voix pour me rendre service. En fait, j’ai trouvé ça si bien que je l’ai montré à ma maison de disques. Je lui ai fait deux albums sur mesure, mais je n’ai jamais osé aller la voir en concert : je suis encore trop  » grand frère « , j’ai envie de la protéger et j’ai encore plus le trac pour elle que pour moi. Pourtant, si elle est plutôt en retrait en famille, d’après ce que l’on m’a dit, sur scène, elle mène sacrément sa barque. Elle n’a pas peur du public, je crois même qu’elle se verrait bien faire du cinéma.  »

3. Ma femme, Chiara

 » On s’est rencontrés par hasard dans les bureaux d’un éditeur de musique, il y a quatre ans. Un an après, nous étions mariés. Il y a des résonances profondes entre nos deux personnalités. Artistiquement on a une vraie proximité, mais c’est vrai aussi pour le tempérament. Nous avons en commun un humour noir, genre assez trash, et surtout, on ne se prend pas au sérieux. Bien qu’on fuie les mondanités, certains ont été persuadés, lorsque nous avons fait un disque ensemble,  » Home « , que nous cherchions à  » profiter  » de notre couple. On s’est fait étriller.  » Libération  » notamment, a publié un papier rempli de fiel… et non signé ! Chiara a morflé. Elle n’est pas prête de se remettre à la musique et je le regrette, car elle a un vrai talent. Du coup, c’est moi qui vais me mettre au cinéma. Normalement je dois faire mes débuts d’acteur dans deux films. Evidemment, de ce côté-là j’ai à faire mes preuves. Je ne suis pas comme Chiara, que je trouve subjugante, dès qu’elle entre dans le champ de la caméra.  »

4. Ma belle-mère, Catherine Deneuve

 » Je l’ai rencontrée avant de connaître sa fille. Nous nous sommes croisés au bar du Lutetia, elle connaissait ma musique, et avait même signalé sur son site Internet qu’elle aimait mon premier album,  » Rose Kennedy « . Bien sûr quand sa fille m’a présenté  » officiellement  » à elle, je me suis posé la question de savoir si j’allais lui plaire. La même question que Chiara s’est posée avant de rencontrer mes parents. Bref, pour moi, Catherine est aujourd’hui la maman de Chiara, un point c’est tout. C’est une femme fidèle et généreuse. On me demande souvent si j’aimerais faire un album avec elle. On a évoqué la chose entre nous, mais, de toute façon, si le projet se concrétisait, l’idéal serait que d’autres auteurs qu’elle aime y participent, comme Bashung ou Dominique A. Et puis, surtout, il faudrait signer un chef-d’£uvre ou s’abstenir…  »

5. Ma fille, Anna Bambi Rose

Elle a 2 ans maintenant. Avoir un enfant ça change à peu près tout dans l’existence. Ça permet de relativiser ce qui est du domaine du travail, mais cela vous ramène aussi à votre propre enfance. On ouvre à nouveau des tiroirs anciens de sa mémoire. J’ai attendu d’avoir 30 ans pour être père, mais cela a donné un sens à ma vie. A tel point que je me demande même ce que j’ai fait avant. Le seul truc, c’est que je crains d’être un père pas assez autoritaire : à son âge déjà elle me manipule très bien. Quand je lui dit  » il est temps d’aller se coucher « , elle me répond  » il est beau mon papa « , et je fonds.

Propos recueillis par Guillaume Crouzet

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