Les hôtels rivalisent de créativité pour offrir le petit plus qui fera la différence par rapport à la concurrence. Aujourd’hui, la carte de l’insolite s’ajoute à l’excellence du service pour attirer une nouvelle clientèle. Le Vif Weekend a testé cinq établissements bousculant les codes du genre.

À Bruxelles, comme à la maison Le lieu

À deux pas du rond-point Schuman s’est ouvert, le 1er septembre dernier, le 40e hôtel de la chaîne Aloft, intégrée au groupe Starwood Hotels & Resorts (Le Méridien®, Sheraton®, Sheraton, W, St Regis).

Le principe

Cette chaîne d’hôtels a pour objectif de  » révolutionner le service hôtelier traditionnel afin de satisfaire une nouvelle génération de voyageurs « . Un seul mot d’ordre : créer un lieu convivial et ludique, où l’on est son propre maître pour manger, se connecter à Internet ou rencontrer de nouveaux amis. C’est moderne, coloré, vivant et anticonformiste. Autre particularité : la disposition des lieux est identique pour tous les hôtels de la chaîne afin que le client se sente un peu comme chez lui n’importe où dans le monde.

J’ai testé

Aloha ! Ici, pas de bonjour ou de bonsoir mais un vibrant Aloha lancé par un personnel cosmopolite, jeune et serviable. Derrière la réception ne comportant qu’un comptoir rond et sommaire, place à l’espace rencontre avec un bar convivial (le w xyz) aux fauteuils profonds, bordés de tables supportant jeux de société, magazines et journaux. Un endroit sympa où l’on a d’emblée envie de s’installer pour voir passer les clients, lire son livre ou ses mails comme y invitent des prises disposées un peu partout, le Wi-Fi gratuit et deux ordis à disposition. Cocktails divers et internationaux participent à la détente. On se sent bien dans ce lieu convivial où l’on n’est pas à chaque instant dérangé par des serveurs trop empressés. Le repas ? Pas de restaurant étoilé mais un coin restauration ( re : fuel) à prix démocratiques. Du take away à déguster dans l’espace commun à ou dans sa chambre. Dans la nôtre, on apprécie le bel espace clair, moderne et débarrassé du superflu. Dans la grande salle de bains à la douche dite walk-in (grande douche de plain-pied), un minimum d’objets de toilette, pour faire écho à l’idée que le voyageur ne fait que passer et n’emporte plus ses propres produitsà Enfin, point positif qui n’est pas toujours respecté dans les hôtels : l’éclairage se révèle largement suffisant pour travailler ou lire dans son lit. Tout est fonctionnel, pratique, ludique comme la solution  » plug-and-play  » compatible avec la plupart des accessoires électroniques permettant le branchement sur un écran télé de 42 pouces.

Le plus

L’humour dans la dénomination des lieux : re-charge pour la salle de fitness ou Tactic pour les salles de réunions. À noter aussi : pas de chichis, l’efficacité bon enfant du personnel, et la décoration pétillante, très années 60. Un concept do-it-yourself où l’on ne se sent toutefois pas abandonné.

Aloft Brussels Schuman, place Jean Rey, à 1040 Bruxelles.alofthotels.com

À Paris, son avenir en un clic Le lieu

Ouvert depuis cinq ans, cet hôtel vient d’acquérir sa 5e étoile en janvier dernier. Une récompense méritée pour ce délicieux petit palace discret, à l’entrée peu flashy, l’accueil courtois et la déco mixant ancien et moderne, façon sixties. Charmant et cosy.

Le principe

Deux mardis par mois, les soirées Astro-Cosmo permettent, même aux non-clients, de se faire prédire l’avenir gratuitement par une voyante à pour peu que vous ayez réservé une table au restaurant de l’hôtel de Sers ou que vous y consommiez une boisson : un Virgin Detox (jus de citron vert, pulpe d’açaï bio, menthe fraîche, sucre de canne avec soda) ou un Mojito Detox (sa version alcoolisée).

J’ai testé

On se surprend à se demander si l’on est bien prêt à se faire prédire son avenir par une voyante que l’on ne connaît absolument pas. Prenant un air dégagé, on s’aperçoit que l’on est deux à attendre. En sirotant son Virgin Detox, on remplit sa fiche : nom, date de naissance et une question concernant son avenir. Devant, une dame raconte sa vie sentimentale à la voyante qui pianote furieusement sur un ordinateur. On écoute distraitement. La voyante semble à tout le moins à l’écoute et fine psychologue. À notre tour. La consultation prend une grosse demi-heure. Oui, elle possède un bon feeling pour adoucir peines et tracas. Commençant par nous prédire un avenir radieux, elle finira par se contredire à la fin. Le tout si finement que l’on prend sa carte pour une consultation privée (où l’on n’ira pasà).

Le plus

Le repas du chef Christophe Hay : il a fait ses classes aux États-Unis et utilise des produits issus de l’agriculture biologique. Des saveurs inhabituelles pour une belle soirée où il nous a été promis, en prélude, un avenir magnifique. Toujours bon pour le moral.

Hôtel de Sers, 41, avenue Pierre 1er de Serbie, à 75008 Paris. www.hoteldesers.com

À Nice, la carte rétro-glam Le lieu

Classé monument historique français, le Negresco, ouvert en 1913, est l’une des références de la Côte d’Azur.

Le principe

Son classement historique est-il un frein pour attirer une clientèle plus jeune, à la recherche des derniers perfectionnements technologiques ? L’hôtel tente en tout cas d’y remédier et effectue des changements en douceur.

J’ai testé

Première impression favorable dans le hall. Terminées les peintures et tentures sombres et tristes, la rotonde et la magnifique verrière Eiffel ont retrouvé leur éclat et s’habillent désormais de couleurs claires et gaies. Le cinquième étage, accessible uniquement avec sa carte magnétique dès l’ascenseur a, en revanche, été entièrement repensé. Un bar y accueille jusqu’à 8 heures du soir les privilégiés avec, selon le moment de la journée, en-cas, zakouski, petits-fours et amuse-gueules. Déception : durant notre séjour, le bar reste désespérément videà et les bouteilles de soft drinks et de vin blanc soigneusement enfermées dans des frigos verrouillés. La chambre, elle, est de belle dimension mais est malheureusement dépourvue d’un petit bureau. On note le système d’éclairage ultramoderne, où les commutateurs se sont transformés en mollettes digitales. Si vous ne possédez pas le mode d’emploi, vous passerez d’heureux moments à jouer à l’éclairagiste.

Enfin, petite désillusion : la décoration est restée très franco-française, un brin passéiste. Un conseil : choisissez plutôt une chambre à un autre étage. Rien de plus frustrant en effet que de se sentir isolé à ce fameux niveau domotisé où on a eu la surprise de se retrouver devant les portes coupe-feu fermées.

Le plus

Les volumes XXL, la grande salle de bains moderne, le restaurant étoilé Chantecler, où le chef Jean-Denis Rieubland est au piano.

Hôtel Negresco, 37, promenade des Anglais, à 06000 Nice. Tél. : +33 4 93 16 64 00. www.negresco-nice.com

À Paris, vive le star system Le lieu

Construit en 1889, cet hôtel particulier a été reconverti en établissement hôtelier en 1930. Rénové en 1995, il a gardé malgré tout son cachet d’antan : tapisseries et étoffes précieuses, cristaux et porcelaines, meubles de style. Il comprend aujourd’hui 57 chambres et vient de décrocher sa 5e étoile. On apprécie le charme d’un lieu qui a encore une âme et dispose d’un personnel aux petits soins. Le tout idéalement situé dans une rue jouxtant les Champs-Élysées.

Le principe

L’hôtel, qui voit passer des stars de toutes nationalités (anonymat oblige, nous n’en saurons pas plus) voue un grand respect à Marlene Dietrich qui vécut ici de 1937 à 1940. Sa suite de 80 m2 comprenant un grand salon et une chambre est soigneusement conservée et est ouverte au public.

J’ai testé

Dernièrement rafraîchie, la suite a changé de couleur, passant du lilas, le ton préféré de l’actrice, à des tonalités crème, plus douces à la vue. La salle de bains et l’éclairage ont été également entièrement rénovés. Le salon et la chambre possèdent de hautes fenêtres donnant sur une rue calme et ensoleillée. Point d’esbroufe dans ce lieu : la décoration classique se compose de rideaux damassés, de peintures à l’huile, d’un bureau Louis XV et d’un immense piano (accordé) ayant appartenu à Dietrich et sur lequel sont posées quelques photos. Le silence impressionnant permet de plonger avec délices dans l’atmosphère nostalgique. À noter que dans cet hôtel logea également l’artiste russe Boris Pastoukhoff qui, pour payer sa note d’hôtel, a peint près de 90 toiles qui décorent encore aujourd’hui les murs de toutes les chambresà

Le plus

Le restaurant – La table du Lancaster – placé sous la direction de Michel Troisgros. Le petit jardin zen et cosy, propice à un lunch agréable ou un goûter au café glacé Marlene Dietrich (en été).

Hôtel le Lancaster, 7, rue de Berri, à 75008 Paris. www.hotel-Lancaster.fr

Par Chantal Piret

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