Barbara Witkowska Journaliste

Synonyme de couleur et de séduction, le maquillage nouvelle génération apporte éclat et lumière. Comment ? En faisant appel à des pigments high-tech. Zoom sur les dernières nouveautés.

Les fabuleuses palettes de couleurs qui animent les fards, les rouges à lèvres, les vernis et les fonds de teint sont dues aux pigments. En cosmétique, on n’utilise plus de pigments naturels, ils ont tous une origine synthétique. Il faut mentionner, tout d’abord, les pigments minéraux. Ce sont des oxydes de fer, de titane, de chrome ou de manganèse, modifiés chimiquement. Ces pigments sont insolubles. On les utilise uniquement dans les produits pour le visage, tels les fonds de teint, par exemple. Les pigments organiques, en revanche, résultent d’une synthèse de chimie organique. Il s’agit de molécules colorantes, fixées sur une base aluminée. Leur pouvoir colorant est plus fort, grâce à une interaction entre la matière et la lumière. Ces pigments sont utilisés dans les rouges à lèvres et dans les vernis.

La tendance étant au maquillage de conte de fées, les chercheurs effectuent aujourd’hui de gros travaux sur les pigments nacrés. Ces derniers ne sont pas mats mais brillants. Ils réfléchissent la lumière, apportent éclat et brillance. Les premiers pigments nacrés, apparus il y a environ trente-cinq ans, étaient composés de particules de mica (d’origine minérale, elles ont toutes la même forme, plate et carrée, mais irrégulière), enrobées de dioxyde de titane, pigment couvrant et très mat. Le mica étant très transparent, il réfléchit la lumière qui traverse le dioxyde de titane et apporte cet effet de brillance et d’éclat. A partir de cette innovation importante, une véritable évolution et déclinaison des pigments nacrés a commencé. Et chaque marque essaie d’appliquer des procédés particuliers pour améliorer encore ce résultat d' »effets spéciaux ».

Chez Clarins, par exemple, les pigments des fards à paupières Trios Reflets ont été très fortement micronisés, permettant d’obtenir des pigments d’une taille de 2 à 5 microns alors que leur taille est généralement de 10 à 20 microns. Bénéfice ? Une adhérence parfaite et une tenue sans reproche. « Pour une intensité de la couleur tout en transparence, nous avons également joué sur la forte présence et la diversité des poudres transparentes telles que la silice ou le mica, explique Sophie Lambron, responsable du développement chez Clarins. Le mica a été enrobé de lauroyl lysine pour lui donner une plus grande transparence et une grande subtilité.  » La poudre compacte Rose de Noël Or Cuivré se distingue également par des pigments fortement micronisés pour mieux sublimer le maquillage et offrir une couleur tout en transparence. « Les nacres contenues sont de deux types, souligne Sophie Lambron. Les nacres « sparkles » sont de grande taille et ont, de ce fait, une forte intensité. Des nacres duochromes sont constituées de mica, enrobé de dioxyde de titane et d’oxyde de fer. L’épaisseur de l’enrobage donne de très beaux reflets « .

Chez Christian Dior, les pigments nacrés utilisés dans les rouges à lèvres Dior Addict sont des pigments « dernière génération ». « Le mica est enrobé d’une double couche de dioxyde de titane, coupée par une couche de silice, souligne Jean-François Tranchant, responsable du laboratoire physico-chimie. Ce procédé permet d’obtenir une couleur plus saturée, plus lumineuse, ayant plus de profondeur. »

Pour créer un univers de lumière, il y a aussi les pigments soft focus. Il s’agit de petites sphères de 10 à 20 microns de diamètre. Lorsque la lumière arrive, elle est diffusée autour du pigment et crée un halo très doux et non coloré. L’effet lissant est immédiat. Ce type de pigments est apprécié, notamment, dans les fonds de teint. Clarins « améliore » ces pigments pour multiplier les effets par trois. Le premier est donc correcteur et atténue optiquement les rides et les imperfections. Le deuxième est photochromique. La couleur ne blanchit pas à la lumière électrique et ne fonce pas en plein jour. Le troisième effet s’appelle « concealight » : la couleur ne vire pas quand la peau, sous l’effet de la chaleur ou de l’humidité, devient plus grasse ou transpire. Ce concept de « mise en lumière sur mesure » est constamment amélioré et renforcé dès qu’un nouveau pigment intéressant en termes de lumière apparaît. Ainsi, dans le nouveau Teint Fluide Hydratant, on a incorporé un pigment autoadaptatif. Son action, à la fois réfléchissante et diffusante, sculpte mieux la lumière du visage.

Passionnée par les pigments, Terry de Gunzburg, à la fois directeur artistique et PDG de sa luxueuse marque By Terry, a conçu Voile de Teint, un « nectar perfecteur » qui métamorphose la peau pour un effet bonne mine. « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution, commente Terry. La nouvelle génération de correcteurs optiques est encore plus pure, plus correctrice et plus impalpable. Elle donne la certitude d’une peau quasi parfaite avec l’illusion d’une peau nue. La prouesse de Voile de Teint consiste dans l’utilisation de trois nouveaux pigments, de formes et de dimensions différentes qui apportent une nouvelle lumière, évoquant celle d’un cristal dépoli. Tout d’abord, le Lumicoat réunit un pigment plat micro-feuilles et un pigment rond micro-perles. Au lieu de combler la ride, ce double pigment la contourne. Pour mieux la diffuser, par un effet optique, avec une luminosité mate, comme un cristal dépoli. Le troisième pigment inédit, le Freshtone, gère la fraîcheur et apporte un effet de « glaçage ». Il s’agit d’une bille correctrice de mica, sphérique et très régulière, permettant un rayonnement rosé. Le résultat réunit les avantages d’un produit couvrant, associés au bénéfice d’une crème totalement transparente. Le teint est lissé, frais et rayonnant, comme si un maquilleur avait « travaillé » un teint pendant trois heures. » Le Voile de Teint se décline en cinq teintes. Eclat de Teint (cinq teintes également), l’autre « nectar perfecteur » de Terry est un baume de lumière qui repose le teint et chasse les ombres, mais sans aucun effet couvrant.

Et comme on n’arrête pas le progrès, épinglons l’arrivée des Hélicones, un tout nouveau type de pigments, apparus dans les nouveaux vernis Diorific de Christian Dior, Or Moiré et Argent Moiré. « Il s’agit de pigments à effet holographique, explique Christian Mahé, responsable de la recherche développement produits aux laboratoires Christian Dior. Ce sont des cristaux liquides, incorporés dans un polymère. Suivant l’angle de vision, la couleur est métamorphosée. On appelle aussi cet effet Flip-Flop. »

Les prochaines générations de pigments seront plus métalliques et plus brillantes chez les uns, plus transparentes et impalpables chez les autres. Il y a dix ans, la femme souhaitait une couleur : le rouge, le bleu ou le vert. Aujourd’hui, elle est de plus en plus exigeante et demande, pour embellir son visage, des produits de plus en plus sophistiqués.

Carnet d’adresses en page 64.

Barbara Witkowska

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