Ginseng de Sibérie, huile de cactus, algues des mers australes… Les plantes qui résistent le mieux aux climats désertiques, polaires et aux chocs thermiques sont aussi celles qui font les crèmes hydratantes, protectrices et anti-âge ultraperformantes. Une tendance forte du moment.

« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort.  » Cette phrase de Nietzsche s’applique à merveille aux cosmétiques  » de l’extrême « . Une génération de soins du visage et du corps formulés à base de plantes qui ont la capacité de survivre dans les environnements les plus hostiles.  » Un végétal qui se développe et prolifère sur les pentes arides d’un volcan, en plein milieu du désert ou au fin fond de la Sibérie recèle forcément un secret de vitalité ou de longévité qui peut intéresser la cosmétologie « , souligne Lionel de Benetti, directeur des laboratoires Clarins, une marque pionnière en matière d’ethno-cosmétique depuis cinquante ans.

C’est ainsi qu’on a vu fleurir… les premières crèmes solaires à l’edelweiss chez Weleda dans les années 90, une plante originaire d’Asie avant d’être suisse et qui, à très haute altitude, résiste au bombardement des ultraviolets en synthétisant de puissantes molécules qui lui servent de protection. Puis il y eut les premières crèmes superhydratantes à base de rose de Jéricho chez Nuxe (Nuxuriance) au début des années 2000. Cette curieuse plante toute sèche que l’on ramasse en randonnant dans les déserts méditerranéens peut rester en dormance pendant des années, puis se  » repulper  » en quelques heures avec un simple petit verre d’eau. Aujourd’hui les exemples en cosmétologie se multiplient. Une mine pour l’épiderme des femmes (et des hommes…) exposé à la pollution, à la clim, au soleil et aux effets du temps qui passe. Une manne pour les laboratoires de cosmétiques qui trouvent dans ces actifs le moyen de formuler des produits de soin plus performants que jamais, l’exotisme en plus !

Comment déniche-t-on ces petites merveilles ? La plupart du temps en observant les habitudes des populations locales. C’est le cas de la sabline présente dans la gamme Capital Lumière de Clarins. À l’origine, une petite fleur qui s’épanouit sur les pentes arides de l’Etna et dans des zones désertiques du Maroc où les femmes l’utilisent depuis toujours pour atténuer les taches pigmentaires du visage. À l’examen, il se révèle que les feuilles et les fleurs de ce végétal contiennent effectivement des actifs qui stoppent le processus des taches brunes de la peau. Même chose pour l’huile de figue de Barbarie de Lift’Argan, utilisée traditionnellement par les femmes berbères du Sud marocain pour cicatriser et protéger leur visage des vents brûlants du désert.

Le figuier de Barbarie fait partie de la famille des cactus que l’on dit  » succulents  » tant est grande sa capacité à mettre en réserve l’eau qui lui tombe (rarement) du ciel : jusqu’à 800 litres en stock ! Pas étonnant qu’il ait des feuilles tendues comme un tambour, et que leurs actifs puissent à leur tour hydrater et lifter notre peau ! L’huile extraite de ses fruits (10 000 figues pour 1 litre d’huile) est une véritable source de jouvence. Daniel Kurbiel, quant à lui, fondateur de la marque Polaar, et descendant d’une famille d’explorateurs, a été séduit par le ginseng de Sibérie. Utilisé comme fortifiant par les Inuits, il est capable de croître à des températures de – 75 degrés et sous des vents de 300 kilomètres/heure. Séchées, broyées pendant le court été sibérien de six semaines, ces racines gorgées de vitamines protectrices et tonifiantes protègent et réparent à merveille nos délicats contours de l’£il !

Autre moyen de découvrir de nouvelles plantes bonnes pour la peau ? Plonger son nez dans les pharmacopées locales qui listent les herbes médicinales depuis des siècles. C’est ainsi que les laboratoires Herborist ont trouvé la Rhodiola sacra, une des plantes prescrites à la cour impériale de Chine comme fortifiant et qui croît à 5 000 mètres d’altitude sur l’Himalaya en plein soleil. Signe particulier ? Elle pousse de deux centimètres à peine par an et vit cent ans : un véritable antirides naturel parfaitement compatible avec la peau.

La longévité des végétaux ne manque d’ailleurs pas de passionner les chercheurs, tel Frédéric Bonté chez Guerlain. Il étudie la durée de vie des orchidées sauvages depuis plusieurs années, en partenariat avec les équipes de recherche fondamentale de l’Orchidarium de Strasbourg. Plus de cent vingt ans, avec une floraison de sept à huit mois pour certaines espèces comme la Vanda teres , qui vit pourtant simplement accrochée aux branches des arbres, toutes racines dehors, entre 10 degrés la nuit et 45 degrés le jour ! Résultat ? Les chercheurs ont été les premiers à identifier et à décrire dans des revues scientifiques des molécules, inconnues jusque-là, qui expliquent en partie cette phénoménale longévité. Incorporées dans la ligne Orchidée impériale, elles aident ainsi l’épiderme à conserver les caractéristiques d’hydratation, de fermeté et d’élasticité d’une peau plus jeune !

Insatiables, les explorateurs de la beauté ne se contentent pas de prospecter du côté des plantes terrestres. Très chaudes ou très froides, les mers abritent aussi des plantes de l’extrême qui font le bonheur de la cosmétologie. C’est dans l’océan Arctique notamment que Daniel Jouvance récolte ses macrocystis entrant dans la composition de la gamme antirides Lift Radiance. De grosses algues verticales qui prolifèrent dans les eaux glaciales. D’une vigueur incroyable, elles atteignent 100 mètres de longueur, sont lisses et cuirassées comme des armures romaines pour s’isoler du froid, et poussent tellement vite (3 centimètres par jour) que les pêcheurs les récoltent en pleine mer tous les jours. Une promesse vivante d’une jeunesse sans cesse renouvelée. La nature, source de beauté ? L’idée n’est pas neuve, bien sûr. Ce qui l’est, en revanche, c’est qu’elle s’accommode de tout ou presque et donne le meilleur d’elle-même dans l’adversité. Une leçon de cosméto-philosophie qui fait notre affaire !

PAR YASMINE MEURISSE

LES MEILLEURES CRÈMES HYDRATANTES POUSSENT DANS LE DÉSERT…

LE FROID TONIFIE, C’EST PROUVÉ, DISENT LES EXPLORATEURS DE LA BEAUTÉ.

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