Parce que pour parler vin sans plomber l’ambiance il faut un peu de sang d’acteur, Le Vif Weekend a sondé les caves de trois comédiens fans du jus de la treille.

Stéphane De Groodt le vin émotion

Au départ, il n’était  » pas du tout branché vin « . Une cuite carabinée à 10 ans, ça calme. Et quand on tâte un temps de la course automobile,  » l’alcool n’est pas ton ami « . Au départ, donc, béotien de compétition, le comédien belge insulte Bacchus en servant des vins de picrates à ses (malheureux) amis. Puis, révélation, il tombe sur un reportage :  » Un restaurateur italien discutait avec son fils autour d’une mozzarella qui avait l’air à tomber et d’un vin rouge apparemment sublime. Je me suis dit que je passais à côté de quelque chose « . Devenu amateur  » exercé  » à défaut d’être  » éclairé  » Stéphane De Groodt espère (re)vivre ce moment magique à chaque achat. Sa pratique du vin est émotionnelle,  » le détricotage technique n’est pas mon truc « , et ludique,  » j’adore le cérémonial, choisir la bouteille, la déboucher, comme on ouvre un paquet cadeau et découvrir la surprise « . Chez lui on trouve une centaine de flacons car il ne peut pas  » laisser les bouteilles (le) narguer 10 à 15 ans « . D’autant que sa cave souffre d’écarts de températures fâcheux. Il nous a donc donné rendez-vous à la Winery.  » Je déteste les endroits apprêtés qui gâchent une partie du plaisir. Ici je déboutonne le col de ma chemise et me laisse cueillir.  » CAVE D’IDENTITÉ

Couleur : blanc.

Région : bordeaux blanc,

appellation graves particulièrement.

Accord idéal : le vin blanc

avec du fromage.

Producteur : Jean-Louis Chave, pour son Saint-Joseph de 2003,

 » en souvenir d’un moment sublime avec mon épouse au Chalet de la Forêt à Uccle. « 

Caviste : Winery, 18, place

Brugmann, à 1050 Bruxelles. www.wineryonline.be

Bouteille de garde : Côte-Rôtie,  » La Mouline « , 2002, E. Guigal.

SON ACTU

A l’affiche du long-métrage

Indélébile de Grégoire Vigneron avec Benoît Magimel et François Xavier Demaison cet automne, Stéphane De Groodt vient de terminer le tournage de 35 kilos d’espoir, adaptation pour France 3 du roman éponyme d’Anna Gavalda.

Michel Kacenelenbogen le vin sans gêne

Il aime  » la multiplicité des ambiances  » que peut donner le vin, les  » moments de partage  » qu’il promet. Par contre, le bouillant directeur du théâtre Le Public déteste l’élitisme fat qui exclut les philistins. Cela dit, Michel Kacenelenbogen, nourrit beaucoup de  » respect  » pour les  » rares spécialistes  » du secteur. Cet autodidacte assumé pense le vin comme il pense tout produit culturel, un produit à vivre sans gêne. A lire, déguster, voir, regarder, sentir, à son niveau, sans se sentir con. Contre le déterminisme des étiquettes aussi :  » Certains boivent ce qu’ils voient et non ce qu’ils goûtent. Aucune étiquette ne me fait craquer. Je ne craque jamais pour les marques. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de choses sublimes qui ont une marque : j’ai bu des pomerols avec mon vieil ami Alain Leempoel dont j’ai l’impression, là encore, d’avoir le souvenir.  » Dans sa cave, un frigo coincé entre l’appareil à raclettes et la planche à repasser, se relaient des vins de plaisir, qu’il aime se faire conseiller par Eric Boschman. Qui a longtemps signé la carte des vins du restaurant du Public. Une carte qui sera, cette saison, pour la première fois, concoctée par Kacenelenbogen himself et quelques associés (barman, acteursà)

CAVE D’IDENTITÉ

Couleur : rouge.  » Aussi parce que j’ai été élevé par un marxiste-

léniniste « .

Région : bordeaux rouge.

Accord idéal : un pomerol

avec du Alain Leempoel.

Producteur : le champagne rosé d’Hervé Bertrand servi au Théâtre

Le Public.

Caviste :  » Je me fournis partout, conseillé par Eric Boschman.  »

Bouteille de garde : Château La

Chapelle-Lescours, Saint-Emilion Grand Cru, 1987.  » Acheté à

la naissance de ma première fille,

il me reste deux bouteilles. « 

SON ACTU

Trois nouveaux spectacles seront

à l’affiche du théâtre Le Public

cette saison : Mr Bates, de Valérie

Lemaître, L’Initiatrice (Squat)

de Pietro Pizzuti et Ubu à l’Elysée

(ou Le mariage d’Ubu) de Claude

Semal. www.theatrelepublic.be

Alain Leempoel le vin curieux

Ses parents  » ont toujours bu leur verre de vin « . Dans la culture familiale, donc. Petit à petit, l’ancien directeur de l’Adac affirme son caractère d' » épicurien gourmand « . Par-dessus tout, Alain Leempoel reçoit au début des années 1990, un véritable trésor, qui va favoriser irrémédiablement sa passion pour les vins prestigieux : son père rachète une cave privée et la partage entre ses trois fils. Que de grands crus de Bourgogne et du Bordelais. Dans des années mythiques comme 1982. Conscient de la valeur du petit cadeau, Leempoel installe un climatiseur dans une ancienne cave à charbon, appelle un ami connaisseur à la rescousse et inaugure un livre de cave  » avec année d’entrée et année à boire « . Aujourd’hui, il adore  » descendre, chercher l’accord parfait, (à), imaginer le mariage des saveurs, faire mon petit cinéma, c’est très personnel « . Curieux de tout (il a eu sa période Nouveau Monde dès 1992, plutôt précoce), il faut l’entendre vanter les  » progrès extraordinaires, les saveurs nouvelles  » du vin corse, son dada. Qu’il considère comme une échappatoire à la standardisation et aux vins passe-partout. CAVE D’IDENTITÉ

Couleur : rouge.

Région : Corse.

Accord idéal :  » Le délicieux magret de canard aux figues de ma femme avec un meursault rouge.  »

Producteur : le comte de Poix

du domaine Peraldi en Corse.

Caviste :  » Je butine. Je n’ai pas

de fournisseur officiel. « 

Bouteille de garde : Château

d’Angludet, 1975, margaux.

Une praline.

SON ACTU

Alain Leempoel reprendra Scènes de la Vie conjugale de Ingmar Bergman à l’Espace Marignan, à Charleroi,

début octobre prochain. On le

retrouvera ensuite pour plusieurs dates en Belgique en janvier 2010 dans la pièce Art de Yasmina Reza.

Par Baudouin Galler / PHOTOS : JULIEN POHL

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