Il faut parfois s’être un peu désintéressé d’un travail, parce que l’on n’y comprend rien et que l’on s’autorise à se l’avouer, pour se passionner ensuite pour celui-ci, » pour les mêmes raisons « . Si bien qu’alors seulement, devenu commissaire d’exposition et initiateur du cycle Poésie balistique à La Verrière, il vous est loisible de l’exposer, comme » une évidence, immédiate « .
Cette confession entre quatre yeux, on la doit à Guillaume Désanges à propos de l’oeuvre singulière de Jean-Luc Moulène. L’artiste, né à Reims, en 1955, vit et travaille à Paris et propose en ces murs bruxellois une production spécifique, c’est la règle, si pas l’unique, pour autant qu’elle soit poétique, voire initiatique. Il y a agencé des peintures » organiques » où se marient goudron et huile, d' » étranges » figures réalisées par décomposition naturelle de champignons sur papier, des photographies et des sculptures, le tout mis en perspective par des miroirs mobiles et réuni sous un titre générique En angle mort – il est ici question de sous-chromes numérotés, de spores, de ciels et d’une » part d’ineffable « , d’une » part d’incompressible, d’incompréhensible voire d’inutile » qui est » sans doute la part d’infini de (sa) pratique… »
En amont, on lira que Jean-Luc Moulène s’est très vite » doté d’une capacité à identifier les formes d’incompréhension « , que » l’art n’est pas fait pour être compris « , qu’il se demande si » justement ces formes de non-comprendre ne sont pas comme un négatif du monde « . En aval, on se souviendra que ce qui l’intéresse, » c’est la vie, l’amour et la mort « , toute chose indéniablement soumise aux forces de la gravitation.
En angle mort, Jean-Luc Moulène, dans le cadre du cycle d’expositions Poésie balistique à La Verrière, 50, boulevard de Waterloo, à 1000 Bruxelles. Entrée Libre, visite commentée chaque samedi à 15 heures. www.fondationdentreprisehermes.org Jusqu’au 31 mars prochain.
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