Tout l’été, Le Vif Weekend fait une pause dans les cafés de nos provinces. Cette semaine, notre dernière halte nous mène à Lommel, dans un bistrot centenaire… promis à un bel avenir.

Centenaire, De Kroon n’a pourtant connu que trois exploitants. Depuis 1982, c’est Chris Liesens qui tient les rênes de l’estaminet.  » En réalité, je voulais ouvrir une baraque à frites. Mais ma grand-tante, qui possédait le café, m’a demandé de le reprendre. Cela fait trente ans que je suis là avec mon épouse Rita. Et quand on sait qu’un patron de café le reste en moyenne trois ans…  » En dehors de quelques aménagements çà et là, le bistrot n’a guère changé depuis le début des années 80. Ainsi, on a installé le chauffage et mis à nu le revêtement de sol d’origine :  » Lorsque nous avons cassé le carrelage pour en poser un nouveau, nous avons découvert avec surprise les carreaux noir et blanc et avons décidé de les garder tels quels. « 

Dans un coin est assis Chel Driesen. Germaniste à la retraite, il est aussi l’écrivain attitré de l’endroit. En 2008, il a publié un livre – en 350 exemplaires, rapidement épuisés – pour  » coucher sur papier un siècle de bistrot. Je crains que ce genre d’établissements ne disparaisse inéluctablement. Cela m’attristerait que les derniers cafés authentiques deviennent des bars impersonnels « . La première visite de Chel à De Kroon remonte au 10 septembre 1965 :  » Les jumeaux Julia et Jef Van Engeland étaient alors les boss. Je venais avec un collègue de l’école où j’enseignais. C’était notre deuxième maison. « 

Comme dans chaque café populaire, on peut régler sa montre sur celle des habitués et l’heure de leur rendez-vous hebdomadaire. Les joueurs de cartes, les cyclistes amateurs, les jeunes le vendredi soir… chaque groupe a sa tranche horaire.  » Vous avez de la chance, lance Chris soudainement. Le monsieur qui fait son entrée est une célébrité à Lommel.  » Adje Van Roy, un homme un peu trapu avec une barbe grise, s’installe près de la fenêtre. Il est régulièrement modèle pour différentes académies de dessin.  » Il y a deux semaines, une dame m’a abordé dans la rue pour me dire que je trônais en grand format dans son salon, confie-t-il. Je ne suis pas du genre patient, mais quand on me peint, je peux rester immobile pendant des heures.  » Ses apparitions ponctuelles dans quelques séries et émissions de la télé flamande ont certainement contribué à sa popularité.

Au café De Kroon, les générations se succèdent rapidement.  » C’est incroyable comme cela file, dit Chris. Aujourd’hui, les enfants de mes premiers clients fréquentent mon bistrot. Sans doute parce que nous proposons toujours les bières à 1,60 euro. Mais cela m’étonne de voir comment les jeunes se retrouvent ici et entretiennent leur amitié.  » Pour l’avenir, Chris n’a qu’un objectif : se concentrer sur la jeunesse. Son personnel en témoigne d’ailleurs largement.  » Je ne suis pas là tous les jours, mais j’insiste pour être présent le vendredi soir. Je veux garder le contact avec les jeunes. Ici, il ne faudra pas nous demander de baisser la musique parce qu’elle va trop fort. Tant que cela m’amuse, je continuerai à faire ce que je fais. « 

2, Molsekiezel, à 3920 Lommel. www.cafedekroon.be

PAR ELKE LAHOUSSE

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