Il n’est pas un coin de Londres qui n’évoque l’un ou l’autre tube. Balade dans trois quartiers parmi les plus rock’n’roll de la capitale britannique : Denmark Street et ses mythiques guitares, Camden, où vous aurez peut-être la chance d’apercevoir Amy Winehouse, et Brick Lane, the place to be pour voir à l’ouvre les stars de demain. Suivez le guide !

1. CD ET GUITARES À SOHO

À vos iPods : Werewolves of London, Warren Zevon ; A Rainy Night in Soho, The Pogues ; Lola, The Kinks ; Your Song, Elton John ; Wonderwall, Oasis

 » I met her in a club down in old Soho « … Connu principalement pour sa scène gay, ses sex-shops et son champagne  » au goût de cherry coke  » (du moins si on en croît les Kinks), Soho est aussi l’un des hauts lieux musicaux de la capitale britannique. Débutez votre parcours par Berwick Street, la rue des disquaires par excellence, qui figure sur la cover du second album d’Oasis, (What’s the Story) Morning Glory ?. Si, déclin des ventes aidant, nombre de boutiques ont disparu depuis les années 90, gageons que les fans de CD et de vinyles trouveront malgré tout leur bonheur… Explorez par exemple, juste derrière le coin, les bacs de Soul Jazz Records et du Black Market Record Store (spécialisé en musique dance) ou, sur Berwick même, ceux du Music & Video Exchange ou de Sister Ray Records, spécialisé en rock indie et de qualité.

L’artère parallèle, Wardour Street, – fredonnez The Jam, A-Bomb in Wardour Street – accueillit autrefois, au n° 90, le légendaire Marquee Club où les Rolling Stones donnèrent leur tout premier concert. Sa scène a vu passer pratiquement tous les grands noms, de Led Zeppelin à Joy Division… Mais aujourd’hui, c’est bien en vain que vous chercheriez l’entrée : l’adresse a été annexée par le bar cubain Floridita. À distance de marche, sur Savile Row, se trouve le siège de la maison de disques Apple où les Beatles se produisirent pour la toute dernière fois, lors de leur fameux rooftop concert. Pour rester dans l’ambiance, faites un petit détour par Sherry’s, une mine d’or pour les vêtements et accessoires mode. Vous y dénicherez même la fameuse veste Sgt Pepper… et le propriétaire se fera un plaisir de vous parler de toutes les célébrités qui sont passées par sa boutique depuis les seventies.

Ensuite, direction Denmark Street pour une nouvelle page d’histoire de la musique…, voire même tout un chapitre ! Rue musicale de Londres par excellence depuis l’époque victorienne, où elle était le fief des vendeurs de partitions, la  » Tin Pan Alley  » britannique connut son heure de gloire dans les années 60 : tout musicien digne de ce nom écumait ce quartier riche en éditeurs de musique et salles de répétition. C’est ici qu’Elton John écrivit Your Song, que Bob Marley acheta sa première guitare et que Jimi Hendrix réalisa ses premières démos, dans une cave. David Bowie y vécut un temps – dans un camping-car parqué juste derrière le coin -, tout comme les Sex Pistols, qui avaient pris leurs quartiers au-dessus de l’actuel café Giaconda. Le n°4 arbore quant à lui encore l’enseigne originale du Regent Sounds Studio, où les Rolling Stones enregistrèrent leur premier album.

De nos jours, Denmark Street est toutefois surtout réputée pour ses guitares : pratiquement toutes les boutiques proposent un vaste assortiment d’instruments vintage. Anecdote amusante : on raconte que, ayant fracassé la totalité de sa propre collection et sans un sou en poche, Pete Townshend (The Who) voulut un jour emprunter une guitare dans l’un des commerces du quartier. Devant le niet des propriétaires, qui connaissaient sa réputation, il décida tout simplement de filer avec un instrument… qui finit, évidemment, en mille morceaux.

2. CAMDEN TOWN ET SES CONCERTS

À vos iPods : Come Back to Camden, Morrissey ; Rehab, Amy Winehouse ; My Girl, Madness ; For Tomorrow, Blur

Direction Camden Town, où, à en croire Morrissey, les chauffeurs de taxi ne se taisent jamais. Cela devait certainement être vrai dans les années 90… mais en 2011, nos taximen n’ont pas que ça à faire, avec la nuée de touristes qui a pris possession de Camden High Street. Évitez The Stables et son interminable rangée d’échoppes pseudo-rock’n’roll : s’il reste ultratouristique, l’endroit a franchement perdu de son lustre d’antan !

Comme nous le disait le barman du lugubre pub The Good Mixer,  » It’s all gone now « . Il faudra donc faire travailler votre imagination pour vous représenter, ici même, la première rencontre entre Oasis et Blur – le début d’une longue rivalité qui culminera dans la fameuse Battle of Britpop – ou, à quelques rues d’ici, la naissance du ska/pop (dans les années 80, Madness avait pratiquement élu résidence au Dublin Castle). C’est également dans ce quartier qu’Amy Winehouse a, des années durant, fui les cures de désintoxication dans des bars comme le Halwey Arms ou le Monarch ; jusqu’il y a un an ou deux, repérer la chanteuse était d’ailleurs presque devenu une attraction touristique à Camden.

Heureusement, le quartier a aussi su conserver quelques beaux atouts en termes de salles de concert. The Roundhouse, sur Chalk Farm Road, peut non seulement se prévaloir d’un passé particulièrement glorieux – Pink Floyd y a livré son premier concert lors de l’ouverture, en 1966, et Led Zeppelin y a fait ses premiers pas sur la scène londonienne – mais continue, aujourd’hui encore, à attirer pas mal de beau monde. Gorillaz y a par exemple donné l’an dernier l’un de ses rares concerts en salle. Un coup d’£il sur le programme est déjà un must ! À découvrir également : Koko, excellent petit club sur Camden High Street, et The Barfly (plusieurs groupes à l’affiche tous les soirs). Pensez à noter les noms, pour mémoire, car ici on a le nez pour débusquer les futures stars : Blur, Oasis, Coldplay et Muse y sont montés sur scène bien avant d’accéder à la notoriété.

3. SHOREDITCH : UN VIVIER MUSICAL

À vos iPods : Don’t Go Back to Dalston, Razorlight ; Can’t Stand Me Now, The Libertines ; LDN, Lily Allen ; The Prayer, Bloc Party

L’un des principaux pôles d’attraction musicaux du moment est indéniablement la BRIT School, qui contribue, avec des anciens comme Amy Winehouse, Adele, Kate Nash, Jessie J et Jamie Woon, à modeler l’histoire de la pop contemporaine… Sauf que, vu sa localisation – à Croydon, loin au-delà des limites géographiques de votre Oyster Pass – l’endroit n’est pas forcément de ceux que l’on visite. Ne soyez pas déçus : en réalité, les milieux musicaux se concentrent surtout sur Shoreditch, dans l’East End, à peu près entre l’appartement de Pete Doherty à Whitechapel et le Dalston de Razorlight. Shoreditch High Street, Old Street et Brick Lane semblent d’ailleurs tellement pavées de beau monde qu’il faut se retenir pour ne pas se retourner tous les trois pas en croyant reconnaître la tignasse flamboyante de La Roux ou Jamie de The XX en tee-shirt noir échancré.

Descendez à Liverpool Station et traversez la rue pour vous diriger vers Brick Lane. Au passage, jetez un coup d’£il sur le marché branché de Spitalfields, admirez la voiture rose de l’artiste urbain Banksy, et faites la file au barbecue du Café 1001 – excellents, les hamburgers ! – où Bloc Party a tourné le clip de The Prayer. Juste en face, vous trouverez Rough Trade, probablement le meilleur disquaire de Londres, installé dans une ancienne brasserie Stella Artois. N’oubliez pas de retourner vos jambes de pantalon et de vous offrir une coiffure asymétrique, étiquette hipster locale oblige, puis suivez Brick Lane en direction du nord. Saviez-vous que nos compatriotes de The Subs ont un temps élu domicile dans les environs, tout comme Lenny Crabbe, le chanteur de Freaky Age ? Logique, me direz-vous : tous les jeunes artistes qui veulent se faire une place au soleil essaient de se la faire ici, dans l’un des nombreux clubs qui présentent chaque semaine une nouvelle étoile montante ! 93 Feet East est l’un des plus connus ; The Libertines et The Kooks y sont montés sur scène à leurs débuts, et La Roux y fait encore quelquefois une apparition le temps d’un DJ-set.

Pour profiter encore un peu de cette Mecque musicale moderne, faites un petit détour par Ten Bells (Commercial Street), où vous aurez peut-être la chance d’apercevoir l’ex-Libertines Carl Barat pendant qu’il sirote son café, et par The Macbeth, où son ancien complice Pete Doherty est venu animer le dernier réveillon. Et terminez votre promenade par Broadway Market, où la crème des musiciens de rue londoniens se produisent chaque samedi en échange d’une modeste obole.

Merci à Eurostar, qui assure la liaison Bruxelles-Londres jusqu’à 9 fois par jour. À partir de 88 euros l’aller-retour.

www.eurostar.com. Tél. : 070 79 79 89 (0,30 eur/min).

Nous avons logé à l’hôtel Best Western Shaftesbury Paddington Court ( www.paddingtoncourt.com).

PAR GEERT ZAGERS – PHOTOS : CHARLIE DE KEERSMAECKER

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