Made in Trumpland

© FRÉDÉRIC RAEVENS
Delphine Kindermans
Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

C’est un comble, pour celui qui avait bâti sa campagne sur un soutien massif du monde des affaires. Voilà que, craignant les répercussions négatives du discours raciste du 45e POTUS, des marques de mode américaines en viennent à mettre en veilleuse des racines dont elles étaient jusqu’alors fières au point de les valoriser dans leur nom – notamment American Trench, ainsi que vous le lirez dans notre enquête sur les dessous de l’habillement  » local « . Une prise de position totalement à contre-courant de ce qui se passe de ce côté-ci de l’Atlantique, où le  » made in  » représente une réelle valeur ajoutée, mais pas isolée pour autant. Et révélatrice d’un désaveu sans équivoque de la part de grands patrons déçus. On se souvient que, suite à la réticence de Donald Trump à dénoncer les suprémacistes à l’origine du récent drame de Charlottesville, plusieurs big boss avaient déjà claqué la porte du conseil présidentiel des chefs d’entreprise. Kevin Plank, à la tête d’Under Armour, firme qui distribue des vêtements, chaussures et accessoires de sport, était de ceux-là.

Des gestes forts qui ont encore sapé les fondations du système instauré par le milliardaire, à qui il n’a fallu que quelques mois pour se mettre à dos la presse, la justice et même des cadors de son propre parti.  » Cette présidence est en train de se réduire comme peau de chagrin « , osait l’analyste conservateur George Will dans Le Soir du 16 août dernier, soulignant qu’un chef d’Etat  » se juge à sa capacité à persuader, à établir sa réputation professionnelle et son prestige populaire « . Or, on est bien loin ici de la figure charismatique…

Aussi, et dans un registre nettement plus léger, si certains créateurs se sont inspirés des USA pour dessiner leurs collections de l’automne-hiver 2017, ce n’est en aucun cas du look de celui qui les dirige. Ni de ceux qui ont voté pour lui. La chemise à carreaux vue chez Versace ou Givenchy ? Sûrement pas empruntée au chasseur trumpophile, mais plutôt au jeune rebelle, tendance punk, qui n’hésitera pas à y ajouter perfecto en cuir, jeans skinny, voire chaînes métalliques ou épingles à nourrice. Le blouson Teddy ? Décliné dans les couleurs d’une des universités montées au créneau contre le décret anti-immigration, of course. Quant à la célèbre casquette de base-ball, qui reprend également du service, on évitera de la choisir rouge et barrée d’un  » Make America Great Again « , faut-il le préciser.

DELPHINE KINDERMANS

Des marques de mode américaines mettent en veilleuse des racines dont elles étaient si fières.

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