Quand la petite-fille d’un collectionneur d’art se pique de rénover une élégante villa des années 1950 avec l’aide d’une jeune architecte aux idées brillantes, le résultat est tout simplement lumineux. Démonstration.

Dans un quartier calme de la ceinture verte de Bruxelles, une élégante villa à la façade immaculée attire immédiatement le regard. De larges baies vitrées cerclées de châssis gris souris ponctuent ses beaux volumes et lui donnent un cachet très contemporain. Rénovée de fond en comble, elle a cependant conservé tout le charme de son architecture années 1950. La propriétaire, actrice de théâtre et jeune maman, installée à Paris, souhaitait, à moyen terme, quitter la vie frénétique de la Ville lumière pour retrouver la sérénité de la capitale belge. Au départ, elle pensait se contenter de rafraîchir les lieux. Mais, en discutant avec la jeune architecte Raphaëlle Cuvelier, qui décèle immédiatement le potentiel du bâtiment, elle décide de le rénover en profondeur puisqu’elle viendra s’y établir d’ici à quelques années. En attendant, la villa sera louée. Pour séduire les candidats locataires, plusieurs pièces ont été meublées par l’Espace Bizarre, un magasin de décoration situé dans le quartier branché de la rue Antoine Dansaert, à Bruxelles. En exclusivité, Weekend Le Vif/L’Express vous ouvre les portes de cette très belle demeure.

 » Ce projet m’a beaucoup enthousiasmée, affirme d’emblée la jeune architecte. Dès le départ, la propriétaire et moi étions sur la même longueur d’onde. Tout était assez vétuste et pas du tout à notre goût. Il a donc fallu refaire entièrement la toiture, les sols, la plomberie et l’électricité. Pour que la maison soit baignée de lumière, nous avons créé de vastes baies vitrées encadrées de châssis en aluminium afin de réduire au minimum l’épaisseur des montants et des traverses. Pour mettre la rotonde en valeur et donner plus de cohérence à l’ensemble, les terrasses et les escaliers extérieurs ont été redessinés et agrandis. Enfin, la maîtresse des lieux possédant une impressionnante collection de tableaux de grande valeur, il a fallu protéger la maison contre les vols. Les vitres sont renforcées et, en collaboration avec un fabricant spécialisé, nous avons réussi à intégrer des contacteurs anti-effraction directement dans les châssis. Efficace et élégant ! Au sol, nous avons opté pour du chêne massif huilé et des carrelages en grès cérame gris, plus résistant que la pierre bleue, qui se prolongent à l’extérieur pour renforcer l’impression d’espace.  »

Au rez-de-chaussée, la rotonde, située à l’extrémité du living, donne sur la terrasse, décorée d’une table et de deux fauteuils  » Albert  » dessinés par Ron Arad pour Moroso, et le jardin. Ses grandes fenêtres allant du sol au plafond rythment l’espace et constituent une formidable source de lumière du jour. L’endroit idéal pour mettre en valeur le fauteuil et les poufs  » Fjord  » dessinés par la designer d’origine espagnole Patricia Urquiola pour Moroso. A l’opposé, un grand miroir fumé prolonge une cheminée d’intérieur épurée à l’extrême. Une astuce qui double le volume de la pièce.  » A l’origine, il y avait un âtre en briques et en pierre de France flanqué de deux banquettes recouvertes de tissu en velours rouge, précise l’architecte. L’idée de la banquette était séduisante… Je l’ai réinterprétée de manière beaucoup plus contemporaine à l’aide de la pierre naturelle « . Devant le profond divan en tissu gris  » Lowland  » de Moroso, les décorateurs ont placé des tables basses  » Springfield  » de couleurs contrastées également éditées par Moroso. Sur la droite, deux portes coulissantes donnent accès à la salle à manger. Les chambranles ont été refait à l’ancienne pour conserver l’âme de la maison. Sobrement meublée, la pièce ne contient que la table en bois wengé  » Tokyo  » et les chaises  » Ida  » de Casa Milano ainsi qu’une grande toile dans les tons d’aubergine du peintre Pierre Thoma.

Dans la cuisine, les meubles Boffi datant des années 1980 ont été conservés et restaurés tout comme les plaques de cuisson en alu brossé et les plans de travail en Inox. Les extracteurs de vapeurs de cuisson, le frigo américain finition Inox, équipé d’un distributeur d’eau fraîche et de glaçons, et la colonne porte-bouteilles confèrent à la pièce un petit côté industriel très trendy. Une porte coulissante en verre clair permet d’isoler la cuisine de l’office lors d’une réception, par exemple. Le coin à manger, lui, accueille une table  » Helsinki  » de Desalto et des chaises Danerka se déclinant en jaune, vert, bleu et rouge pour des repas vitaminés…

Au premier niveau, le bureau a été aménagé avec une étagère  » Rolly 4×4  » en exécution wengé de Tema, une chaise  » Sil  » blanche de Lente et une table  » Liko  » rouge de Desalto. Très reposante et élégante, la cham-bre principale se décline dans la palette des beiges et des matériaux naturels. Le tout nouveau lit  » Boon  » édité par la marque Whitebed affiche un look résolument seventies. Très sculpturales, les lampes en fibres tressées  » Bolla  » de Gervasoni diffusent une lumière douce et apaisante. Située juste à côté, la vaste salle de bains a été entièrement repensée.  » L’ancien propriétaire y avait installé un jacuzzi et un sauna finlandais qui mangeaient tout l’espace, se souvient l’architecte. La seule chose que j’ai conservée, c’est le double lavabo en faïence qui date de l’époque de la construction de la maison. Il a un cachet unique. J’ai simplement remplacé la robinetterie d’origine par des accessoires de la collection Groheart.  » Dans le hall de nuit, qui mène à la chambre des enfants et à leur salle de douche privée, un plafond voûté recèle des centaines de petites lampes qui évoquent les étoiles. Une petite note poétique bien utile pour se déplacer la nuit sans être ébloui…

Le grenier qui servait à entreposer des objets inutiles a bénéficié d’une solide cure de jouvence.  » La propriétaire et moi avons pensé à le transformer en loft permettant d’y loger une jeune fille au pair ou un enfant voulant gagner un peu d’indépendance « , explique Raphaëlle Cuvelier. Ce mini- appartement, d’une superficie de 90 m2, est constitué d’un plateau principal agrémenté d’amusants poufs  » Beanbag  » de Leblon et de colonnes de lumières d’inspiration années 1980 Artificial. En empruntant un escalier bordé d’un garde-corps en Inox, on accède à une mezzanine baignée de la lumière généreusement prodiguée par des Velux.

Voici un bel exemple de rénovation qui conserve au lieu toute son âme et son authenticité sans faire l’impasse sur la modernité et l’inventivité.

Texte : Serge Lvoff Photos: Laurent Brandajs

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