Marseille bouge, Marseille change. Elle renoue avec la grande bleue et met tous ses talents en commun pour que la modernité investisse tous ses lieux. Dans cette ville mosaïque, artistes, architectes et designers rivalisent de créativité… Cap sur la cité phocéenne qui vous invite à savourer une nouvelle douceur de vivre.

Impassible la Bonne Mère. Rien ne l’ébranle, surtout pas les sirènes qui annoncent la grande mue de sa ville. Cela fait des années que politiques et médias prédisent des chamboulements mais qu’on ne sent que frémissements. Marseille reste à jamais ce qu’elle est. Un paradoxe. Une ville que l’on aime ou que l’on déteste ! Les édiles parlent d’un grand melting-pot de cultures, d’un brassage des populations où jeunes, vieux, Français de souche et nouveaux migrants vivraient en harmonie. Ce n’est pas faux. On découvre effectivement une mosaïque de cent onze villages aux communautés bien distinctes et qui cohabitent sans forcément partager leur quotidien. Cela n’empêche pas Marseille d’avancer. Elle a mis le temps mais cette fois, c’est parti !

Quel lien en effet entre l’Estaque, village adoré des peintres, et le pittoresque Vallon des Auffes où se côtoient pêcheurs et célébrités ? Entre le Panier, vieux quartier plein de rondeurs dont s’entichent bobos et nonos et la Plaine, scandée de marchés et de restos ? Entre le Prado aux boulevards aérés flanqués d’immeubles chics et le petit port de la Madrague, aux venelles escarpées ? Des lieux pleins de charme aux identités fortes, des villages authentiques et orgueilleux et un dénominateur commun :  » le passeport iodé marseillais ! « , nous affirme rigolard Jean, en train de remailler ses filets. Voilà, c’est dit. Cette ville est comme un Etat dans l’Etat. Ici, on se sent avant tout Marseillais. On n’hésite pas à critiquer sa ville mais pour rien au monde on ne voudrait la quitter. C’est un amour quasi viscéral qui lie les Marseillais à leur cité. C’est déroutant et diablement séduisant. Cela dit, se faire une place sous le soleil de Marseille demande un peu de patience. Car sous leurs airs chaleureux, ces Méridionaux n’accordent pas leur confiance au premier venu. Nous avons rencontré de nouveaux résidents qui ne cessent pourtant de vanter les charmes de la vie marseillaise. C’est le cas d’Elise Oudin-Gille, peintre de talent, débarquée de Californie :  » On adore vivre ici. C’est beaucoup plus facile pour un jeune couple avec trois enfants de se loger et d’avoir une belle qualité de vie . » Pour Benoît, graphiste, la proximité de la mer et la douceur de vivre de Marseille ne souffrent aucune comparaison et selon lui, cette ville a de quoi séduire tout jeune créatif.

En matière d’art, Marseille s’anime et abrite de nombreux talents qui n’ont pas froid aux yeux. Des preuves ? La magnifique galerie d’art contemporain et du centre de design par Jacqueline Regis, une touche-à-tout passionnée de théâtre et une grande figure marseillaise qui a tissé, avec son associé Antoine Lazerges, des passerelles avec les Beaux-Arts pour monter des opérations multiculturelles. Une belle idée et tant pis pour ceux qui grinceront des dents…

Des embruns de design dans l’air

Comme l’a si bien raconté l’historien Fernand Braudel, la cité phocéenne est née de la Méditerranée. Vingt-six siècles d’histoire ballottés par ses flots aigue-marine. Sa vocation maritime n’est pourtant pas toujours flagrante. Encore moins son urbanisme. Hormis la fantastique  » maison du Fada  » comme les Marseillais appellent la Cité Radieuse de Le Corbusier, une ville verticale autonome, fonctionnelle et solidaire, Marseille se déploie sans planification d’aucune sorte. Un exemple assez frappant est l’incrustation de la bibliothèque municipale aux lignes ultracontemporaines dans un quartier aux immeubles décrépis. Adrien Sainsilber (La Cité de la Villette et la Géode à Paris) a ainsi transformé le mythique music-hall de l’Alcazar où débutèrent Fernandel et Yves Montand, en un building de verre et d’acier zébré d’escaliers et de passerelles aériennes. Une vraie réussite.

Depuis peu, un souffle de renouveau se mêle aux hululements du mistral, symbolisé par le projet Euroméditerranée dont l’enjeu est de permettre à Marseille de retrouver son horizon marin. Une réalisation : les Docks de la Joliette, magnifique ensemble de bâtiments industriels du xixe siècle réhabilités avec maestria par Eric Castaldi en un complexe de bureaux, restaurants, bars et boutiques. Un autre chantier démarre, celui des Terrasses du Port par François Kern, un ensemble translucide comprenant une gare maritime moderne et des aires de beach-volley.

 » Les architectes doivent absolument jouer avec la lumière de Marseille, si incisive « , estime l’un d’entre eux. A savoir, bâtir en peau de verre. Eh bien justement, on attend le projet de l’architecte Zaha Hadid, retenu par l’armateur CMA-CGA pour leur nouveau siège social, deux tours jumelles de 110 m de hauteur tout en courbes de verre, tournées vers la mer. Autre ambition en marche, celle d’entremêler fortifications et design. Une audace que devra relever Rudy Ricciotti. A lui d’orchestrer la construction du Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) dans le cadre magnifique du Fort Saint-Jean,  » un site puissant, à forte identité architecturale, auquel il faudra apporter sa complétude « , a déclaré celui qui a inauguré en septembre dernier le Centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence, building en verre bleu bâti pour le ballet Preljocaj.

On adore ces embruns de design qui rafraîchissent Marseille, comme la Friche la Belle de Mai. Ces anciennes manufactures de tabac ont été métamorphosées par Corinne Vezzoni en centre culturel, présidé par le cinéaste Robert Guédiguian. Cette  » friche  » où résident des artistes comme Claire Denis ou les studios de scénographie urbaine Dunes arbore de superbes teintes chaudes que l’architecte reprend d’ailleurs pour sa dernière £uvre phocéenne, les Archives, un édifice rouge garance. Il créera un saisissant contraste coloré avec l’imposant  » bateau bleu  » tramé de poutres en treillis bleu de mer, en fait l’Hôtel du Département conçu par le Britannique William Alsop.

Une ébullition tous azimuts

La rue Paradis, de tout temps le c£ur de Marseille, son artère commerciale pleine d’énergie, assiste peu à peu à la migration de nombreuses enseignes vers d’autres rues plus branchées. A savoir Saintes, Grignan ou Breteuil où l’on trouve des marques de prestige comme Cartier ou Frojo et de superbes showrooms de design.

Mais les nantis vivent toujours au milieu des collines qui surplombent la corniche Kennedy, au Roucas Blanc notamment. Ils se baignent dans les clubs sélects de la Pelle ou du Cercle des Nageurs aux piscines d’eau de mer… Ainsi se dévoile cette ville complexe qui, à l’image de ses habitants, ne s’offre pas spontanément. Malgré sa candidature malheureuse pour la Coupe de l’America, Marseille veut maintenir le cap désormais fixe, celui de la mer. Et franchement, au vu de son ébullition tous azimuts, elle est en passe de gagner le pari qu’elle s’est lancé : être la plus belle vitrine du savoir-faire méridional.

Guide pratique en page 40.

Marseille en pratique

n Renseignements.

* Maison de la France, 21, avenue de la Toison d’Or, à 1050 Bruxelles. Tél. : 0902 88025. Internet : www.franceguide.com

* Office du tourisme, 4, La Canebière, à 13001 Marseille. Tél. : +33 4 91 13 89 00. Internet : www.marseille-tourisme.com

* Comité départemental du Tourisme des Bouches-du-Rhône Le Montesquieu, 13, rue Roux-de-Brignoles, à 13006 Marseille. Tél. : +33 4 91 13 84 13. Internet : www.visitprovence.com

n Shopping.

Marsiho (1)

Lionel (Lewandoski), Zoé (Maniga) et Michel (Pignan) sont des fous de design qui parcourent le monde en quête de créateurs audacieux, esthètes et insolites.

59, rue Grignan, à 13006 Marseille. Tél. : +33 4 91 33 69 93 et 12, rue de Breteuil, à 13001 Marseille. Tél. : +33 4 91 33 03 11.

Rive Neuve (2)

La boutique de Nadia Barral évoque du sol au plafond l’urban chic en accord avec le prêt-à-porter proposé : Celine, Paco Rabanne, Alberta Ferreti et Paul Smith, pour hommes et femmes. Le petit plus ? Les produits de beauté Annick Goutal.

30, cours d’Estienne-d’Orves, à 13001 Marseille. Tél. : +33 4 96 11 01 01.

Place aux Huiles

Dans le Panier, une échoppe aux airs rustiques avec rayonnages boisés et poutres patinées. On déniche ici les meilleures huiles d’olive parfumées (au basilic, au gingembre, à l’aneth, au thym…) mises en bouteille après dégustation.

2, place Daviel, à 13002 Marseille. Tél. : +33 4 91 90 05 55.

Intra-Muros

Un classique marseillais du mobilier contemporain : chaises à fleurs  » Mademoiselle  » de Philippe Starck (Kartell), table pourpre en lithium  » Desalto-Liko  » d’Arik Levy, vaisselle  » Love  » de Sambonet, rééditions de sièges Eames, canapés Zanotta…

167, rue Paradis, à 13006 Marseille. Tél. : +33 4 91 53 52 52.

La Maison Marseillaise

Une superette transformée par Dominique en boutique d’objets déco ou du quotidien. Ce genre de lieu où l’on déniche le truc dont on n’avait pas vraiment besoin mais qui fera tellement cool chez soi…

38, rue Francis-Davso, à 13001 Marseille. Tél. : +33 4 91 55 54 43.

n Se loger.

New Hôtel Vieux-Port (3)

Christophe Daguin a redécoré les 42 chambres de cet hôtel en créant à chaque étage des thématiques exotiques (lithos, tissus, mobilier) pour emmener les hôtes à l’époque de l’apogée du port de Marseille, du temps des colonies (Pondichéry, Veracruz…).

3bis, rue Reine-Elisabeth, à 13001 Marseille. Tél. : +33 4 91 99 23 23. Internet : www.new-hotel.com

Hôtel Le Corbusier (4)

Cité Radieuse

Plus qu’un hôtel, c’est un mythe, un rêve du bâtisseur visionnaire, érigé entre 1947 et 1952 au c£ur de Marseille. 98 % de sa clientèle est composée d’étudiants en archi du monde entier et de grands noms de l’architecture. Cabines (50 euros), studios (80 euros) et grandes chambres (90 euros) avec leurs parquets de chêne et leurs boiseries portent la griffe du maître.

280, boulevard Michelet, à 13008 Marseille. Tél. : +33 4 91 16 78 00. E-mail : contact@hotellecorbusier.com

Mercure Prado (5)

Situé sur l’une des plus célèbres avenues de la ville, à quelques foulées du stade Vélodrome, cet hôtel de la chaîne Mercure a touché au but en réhabillant son lobby et son bar, l’Atout c£ur, de tenues hypercontemporaines (lampes et fauteuils Starck, Ligne Roset, Edra…) Moderne, élégant et central.

11, avenue de Mazargues, à 13008 Marseille. Tél. : +33 4 96 20 37 37.

Sofitel Palm Beach (6)

Coup de chapeau à Claire Fatosme et Christian Lefèvre pour cette escale 100 % design ! Les matériaux naturels (pierre blanche, ipé du Brésil, corde, verre sablé, osier, sisal, granit brut…) et la fluidité de l’édifice unissent ce 4-étoiles à la grande bleue dont la lumière s’engouffre par les larges baies vitrées. Détente dans le sublime salon-bibliothèque aux canapés Ligne Roset et fauteuils  » Alessandra de Javier Mariscal (Moroso) « . Enfin, un espace fitness et une piscine absolument somptueuse donnent envie de savourer ce havre de beauté.

200, corniche Kennedy, à 13008 Marseille. Tél. : +33 4 91 16 19 00. Internet : www.sofitel.com

n Se restaurer.

Peron (7)

Ici, tout s’harmonise avec la mer, qui clapote en contrebas d’une belle terrasse en teck. On a l’impression de voguer sur une goélette puis on plonge avec délice dans la délicatesse du carpaccio d’espadon aux agrumes.

56, corniche Kennedy, à 13007 Marseille. Tél. : +33 4 91 52 15 22.

Chez Aldo (8)

Qu’elle est belle la salle blanche et spacieuse avec la vue exceptionnelle sur la rade et la Bonne Mère, réchauffée par les peintures vives d’Amélie Roustan ! C’est une des meilleures adresses pour poissons et crustacés de la ville avec, en prime, un accueil ensoleillé !

Port de la Madrague, 28, rue Audemar-Tibido, à 13008 Marseille. Tél. : +33 4 91 73 31 55.

Patio des Docks (9)

L’ex-Web Bar a conservé sa déco aux volumes impressionnants répartis sur deux niveaux. En bas, une vaste serre futuriste (orchidées géantes en plastique, murs masqués de tentures imprimées de photos), sur la galerie perchée, des expos photos et des défilés rigolos. Formule buffet chaud-froid.

114, rue de la République, à 13002 Marseille. Tél. : +33 4 91 91 94 74.

Le Café des Épices (10)

Il est aixois (un handicap à Marseille !), dispose d’une cuisine exiguë et d’à peine quinze tables. Et pourtant, il a reçu le prix Fooding 2005, ce qui pourrait l’endormir sur ses lauriers. Aucun risque ! Arnaud de Carton de Grammont reste un passionné, un aventurier du goût. Ses plats se façonnent selon son humeur et les produits qu’il déniche au marché. Bar aux agrumes, risotto de palourdes… Un artiste sur la piste aux étoiles. Notre coup de c£ur.

4, rue du Lacydon, à 13002 Marseille. Tél. : +33 4 91 91 22 69.

n Visites incontournables.

La Cité Radieuse de Le Corbusier (11)

A voir impérativement ! C’est un des plus beaux exemples architecturaux de la doctrine moderne appliquée aux grands ensembles, courante dans les années 1920-1970 et qui avait pour principe : alternance entre vie commune et isolement individuel, unité autonome (voire autarcique), solidaire et à l’échelle humaine.

280, boulevard Michelet, à 13008 Marseille.

Musée d’Art contemporain (MAC) (12)

Un édifice ocre-orangé noyé sous les arbres. Des £uvres de la fin des sixties (néo-réalisme) à nos jours et des expos temporaires parallèles.

69, avenue d’Haïfa, à 13008 Marseille. Tél. : +33 1 91 25 01 07.

Musée de la Mode

Plus de 3 000 costumes, chaussures et accessoires des années 1920 à nos jours dans un édifice de marbre sombre, de verre et d’acier signé Jean-Michel Wilmotte. Près de l’accueil, un Café de la Mode de la chaîne Lina’s.

11, La Canebière, Espace Mode Méditerranée, à 13001 Marseille. Tél. : +33 4 96 17 06 00.

Sandrine Gayet

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