La ville la plus multiculturelle de l’Australie pratique un art de vivre mâtiné de traditions britanniques, asiatiques et américaines. Elle ouvre aussi les portes du plus verdoyant des États australiens : le Victoria.

Les équipes d’aviron fendent les flots de la Yarra, véritable frontière entre le nord et le sud de la métropole. Les esquifs tracent de longs sillages sans perturber les employés travaillant dans les immeubles de bureaux alignés au bord de la rivière qui, de son embouchure, se faufile à travers les gratte-ciel du centre-ville. Le long des berges, les cyclistes aussi s’en donnent à c£ur joie.

Bâtie au bord de l’océan Austral, Melbourne, capitale du Victoria, au sud-est de l’Australie, compte quatre millions d’habitants : un paradoxe pour un État qui a gardé une vocation agricole. Ici, dé-contraction et vivacité rappellent l’American way of life tout en affichant un cachet indéniablement britannique : à Melbourne, on boit du thé et on joue au cricket, bien que la religion nationale reste le footy (football australien). La cité australienne compte aussi de nombreuses écoles privées et universités prestigieuses. Début décembre, les étudiants fêtent la fin de l’année scolaire en envahissant rues, cafés, plages et boîtes de nuit.

Sportive et culturelle, Melbourne est également très hospitalière, comme en témoigne le musée de l’Immigration installé sur une des rives de la Yarra, dans l’ancien bâtiment des douanes. On y apprend que dans les années 50, outre des Britanniques, l’Australie a accueilli beaucoup d’Asiatiques et d’Européens, dont surtout des Grecs et des Italiens. Pas moins de 140 nationalités composent ainsi une des villes les plus multiculturelles du monde, brassant métiers, origines, cuisines et traditions.

Citytrip de charme

Au c£ur de la ville, Collins Street, artère chic où foisonnent boutiques de designers, galeries commerciales et belles maisons victoriennes, ravira les bobos.  » Melbourne est un compromis entre New York et Londres « , affirme Diona Sweetman, directrice et guide de l’agence Hidden Secrets. Cette spécialiste des  » lanes, places and arcades  » a répertorié les meilleures adresses, les ruelles graffitées ou encore les passages insolites. On retiendra les Royal Arcades avec les statues des géants mythiques Gog et Magog, Block Arcades avec sa splendide verrière et son sol en mosaïques ou encore des passages construits lors de la ruée vers l’or, dans les années 1880.

À visiter également : Flinders Street Station, la gare ferroviaire en brique jaune surmontée de coupoles en bronze et tournant le dos à la Yarra. Érigée en 1907, dans un style édouardien, sa rangée d’horloges sert de lieu de rendez-vous aux Melbournais. Face à la gare, FedSquare, agora du Nouveau Monde, a été construite sur une énorme dalle recouvrant les voies ferrées. Une explosion de verre, d’acier, d’aluminium avec ses bâtiments modernes comme l’Australian Center for the Moving Image (Centre australien pour l’image animée), qui propose des expositions sur l’histoire du cinéma.

Pour se reposer, on choisira plutôt l’unique casino de l’État de Victoria et le plus grand d’Australie : le Crown Entertainment Complex et son luxueux hôtel au bord de la Yarra. Les amateurs de sensations fortes, au contraire, prendront de l’altitude à l’Eureka Tower (300 m de hauteur). Au 88e étage de la tour, le Skydeck (The Edge), une cabine en verre de 5 cm d’épaisseur sort de la façade sur 3 mètres. Le verre dépoli devient peu à peu transparent, donnant l’impression de marcher dans le vide. Frayeur garantie !

Belle nature australienne

Après tous les plaisirs urbains, les merveilles de la nature ! La Great Ocean Road, que l’on emprunte non loin de Melbourne, relie entre elles de charmantes villes côtières. Longue de 300 km, tracée par les soldats de retour de la Première Guerre mondiale, elle est l’une des plus belles routes de la planète, offrant des panoramas époustouflants à chaque nouveau tournant. Première halte à Phillip Island.  » Doucement, il ne faut pas les réveiller « , murmure notre guide Ken. Les koalas, deux pouces par  » main  » et des griffes impressionnantes pour mieux s’accrocher aux troncs d’eucalyptus, passent leur temps à dormir et à se goinfrer de feuilles. Blottis dans les fourches des branches supérieures, ils ouvrent parfois des yeux étonnés et froncent leur gros nez noir devant les visiteurs. Le Conservatoire des koalas veille au bien-être d’une centaine de ces marsupiaux à fourrure. Ken, comme tous les Australiens, connaît un nombre impressionnant d’histoires d’animaux. Selon lui, son pays n’abrite aucune créature dangereuse, hormis les crocodiles (une espèce protégée), les requins, les serpents et les araignées à dos rouge !

Pour ce qui est des manchots bleus de 40 cm de hauteur, qui regagnent leurs nids au coucher du soleil, Ken a sans aucun doute raison. Inoffensifs et tout mignons, ils sont l’attraction phare du lieu. Installés sur une plate-forme d’observation, les touristes, jumelles à la main, attendent en silence la parade de ces petits animaux qui émergent des vagues après une journée d’exercices marins et de pêche à la sardineà

125 km séparent Phillip Island de la péninsule de Mornington. Grâce à son climat particulier, celle-ci consacre une partie de ses sols à la culture de la vigne. Au Peninsula Hot Springs, Charles Davidson utilise les eaux chaudes produites dans le sous-sol pour son spa en plein air, niché parmi les rochers, les plantes et les arbres. Le Victoria sait, il est vrai, cultiver sa douceur de vivre, avec des stations balnéaires proches de sa capitale et animées par des joueurs de lawn bowls, un jeu hérité des colons britanniques et qui se rapproche de la pétanque.

La pittoresque Great Ocean Road continue de serpenter le long d’une côte où se succèdent péninsules rocheuses et précipices escarpés. On s’arrêtera dans la station balnéaire de Lorne où, sur la plage, des sauveteurs en maillot orange mettent en confiance les nageurs et effraient les requins. Paysages de falaises, flots déchaînés, la côte est réputée pour son surf età ses naufrages causés par des courants très dangereux. Ici, reposent pas moins de 700 épaves, un record mondial.

À Port Campbell, témoins de la puissante érosion marine, de longues aiguilles rocheuses se dressent au milieu des flots. À midi, Steven décolle de l’héliport pour un vol de 30 minutes au-dessus des 8 aiguilles de 65 mètres de hauteur rongées par les flots. À l’origine, elles étaient 12, mais 4 de ces sculptures de calcaire se sont effondrées, tout comme le London Bridge qui s’écroula sans préavis dans les flots, un jour de janvier 1990. Deux visiteurs furent soudain isolés sur un rocher dans l’océan et durent attendre le lendemain matin pour être évacués. Émotions fortes des antipodes, bonheurs saisissants d’un pays étonnant et toujours à découvrir.

Par Michèle Lasseur / Photos : Sylvain Grandadam

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