L’abominable homme des neiges existe : il martyrise les pingouins et règne désormais sur le Net comme le nouveau roi de l’humour potache.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Mais que fait Brigitte Bardot ? Bon, d’accord, le carnage est virtuel, mais l’esprit du jeu est franchement déplacé. Tellement drôle aussi… Apparu sur le Net il y a quelques semaines à peine, le  » Yéti qui frappe les pingouins  » est en effet devenu le nouveau phénomène sympathique de la cyberculture ludique. Pour les déconnectés de la grande toile mondiale, le principe de cette animation Flash est d’une simplicité déconcertante : un Yéti blanc aux airs de gros nounours charmant, une armée de pingouins plutôt sadomasos et une batte de base-ball glacée pour démarrer les festivités. Seul un clic de souris s’avère nécessaire pour incarner le monstre immaculé et envoyer les oiseaux marins le plus loin possible. Plus enfantin, tu meurs. Evidemment, le jeu est doté d’un graphisme savoureux, de bruitages exquis et s’avère en prime très facile à télécharger sur le Net. Résultat : en un mois, ce petit divertissement animé s’est répandu comme une traînée de poudre dans les boîtes à messages électroniques avec les conséquences désastreuses que l’on imagine sur la productivité au bureau ! Pis, de nouvelles versions apparaissent au fil des semaines, telles les variantes n°2 et n°3 (à savoir l’extraordinaire  » cachalot-catapulte  » et le lancer du pingouin en hauteur), laissant supposer que la folie Yéti ne fait que commencer. D’ailleurs, sur le site officiel du grand poilu hilare ( www.yetisports.org), la stratégie marketing pointe déjà le bout du nez : fonds d’écran, e-cards, version téléchargeable pour téléphone mobile et même une première chanson aux airs débilisants… Bref, l’exploitation commerciale se met doucement en place et l’on pourrait donc s’attendre à ce que ce cyberhéros devienne à terme un personnage de dessin animé ou de jeux vidéo beaucoup plus sophistiqués. Etonnant ? Pas vraiment. A vrai dire, le succès actuel du Yéti repose sur deux secrets de polichinelle : son accessibilité d’une part et, d’autre part, son caractère délibérément potache bien ancré dans l’air du temps. A une époque où les icônes télévisuelles se nomment Jackass et Michaël Youn, les délires crétins et étiquetés  » Même pas mal !  » ont plutôt le vent en poupe. Certes, l’humour bobo-pipi-caca a toujours existé, mais il semble s’ériger aujourd’hui en une véritable culture jeune truffée de défis foireux, de cascades osées et autres réjouissances scatologiques. Indice révélateur : les fameuses images  » Crados  » sont de retour aux Etats-Unis ! Souvenez-vous : au début des années 1980, une série de cartes mythiques triomphaient dans les cours d’école. Héros malgré eux : Mathieu le Degueu, Renée Morvoné ou encore Pascal Troudeballe. Délicieusement répugnants, les  » Crados  » s’étaient peu à peu essoufflés avant de disparaître totalement en 1988. Grâce au revival d’un crétinisme salutaire, ils font désormais leur grand come-back au pays de l’Oncle Sam et pourraient donc bien resurgir prochainement sur le Vieux Continent. Le Yéti serial-killer y fera-t-il une apparition sanguinolente ? Mystère et boules de neige…

Frédéric Brébant

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