Comme tout marchand d’art qui se respecte, le Bruxellois Bernard Cats est avant tout un collectionneur dans l’âme. Dans son tout nouvel appartement, il s’est entouré des ouvres qu’il affectionne. Pour créer tout un univers de sérénité.

« Le Pied  » de Tom Wesselmann était déjà accroché dans mon appartement précédent. C’est du pop art américain, un acrylique sur toile de 1968, une £uvre peinte deux ans après la grande bouche au rouge à lèvres qui se trouve dans la salle à manger.  » Pas de secret ! Tom Wesselmann est l’un des artistes favoris du galeriste bruxellois Bernard Cats qui a grand ouvert à Weekend les portes de sa toute nouvelle adresse.

Au-dessus du feu ouvert, on remarque une toile de Lucio Fontana : blanche, elle arbore quatre fentes.  » C’est un exemplaire très rare, commente Bernard Cats, d’une qualité exceptionnelle. Il date de 1960. A cet endroit j’avais initialement disposé une £uvre de José Albers d’une puissance similaire. Mes choix sont déterminés par un long travail d’épure, plongeant au c£ur de la carrière de chaque artiste. Tous ont une période plus intense qui marque profondément leur £uvre et c’est cela qui m’intéresse, cette force qui se dégage et qui ne laisse aucun doute.  »

Le mot force revient souvent dans les propos de ce galeriste atypique, sélectif en diable, qui a décidé de travailler chez lui, entouré de ses toiles préférées et de quelques statues africaines dignes des plus grands musées d’arts primitifs de la planète, comme cet Igbo du Nigeria aux deux poings fermés.  » Elles sont datées du xixe siècle, s’enthousiasme Bernard Cats. On en trouve rarement de plus anciennes, sauf chez les Dogons. J’aime les combiner avec des toiles contemporaines. Prenez cette antilope du Mali posée sur une dresse de Florence Knoll. Au-dessus d’elle, vous avez une peinture de Frank Stella. Elle est réalisée en relief ; ses composantes sont des instruments d’architecte mais on peut y voir un oiseau.  » Une autre toile de Frank Stella, un travail sur les carrés, est, elle, accrochée dans le salon. Evoquant cet opus avec passion, Bernard Cats parle de pureté, de perfection et de l’exactitude du propos.

Son univers de méditation artistique mesure environ 300 m2 et est signé par l’architecte Marc Corbiau.  » C’est un véritable maître de l’espace et de la lumière, souligne Bernard Cats. Il vous offre des volumes et des perspectives d’une grande qualité. Pour les perspectives, il joue sur un rapport entre l’intérieur et l’extérieur, grâce à des terrasses qui font presque le tour de l’immeuble.  »

Pour ce projet, comme pour tant d’autres, Marc Corbiau, collectionneur d’art lui-même, a conçu un maximum de surfaces vitrées et des murs hauts de 3,60 m.  » Il m’a aussi offert une prise de lumière verticale, en créant une pièce à l’étage, elle aussi éclairée par une vitre, poursuit Bernard Cats. C’est l’escalier qui monte vers le niveau supérieur qui crée au centre de l’espace quatre murs, et donc des possibilités d’accrocher des £uvres.  » Une telle atmosphère que l’on peut qualifier de muséale appelle la sérénité des couleurs. On ne s’étonnera donc pas que toutes les cloisons soient peintes dans un blanc à la finition quasi soyeuse, qui place chaque £uvre dans la  » neutralité  » qui lui convient.

Le mobilier est tout aussi discret. La grande table bureau comme les canapés aux lignes strictes – renforcées par la teinte foncée des tissus de recouvrement – sont signés de l’architecte d’intérieur Anne Derasse. C’est également elle qui a dessiné la très belle armoire suspendue de la salle de bains et surtout les tables basses multifonctionnelles du salon, donnant à certaines la fonction de support rotatif pour les sculptures d’art africain. Le seul élément décoratif ethnique est un long tapis d’origine turque dont les motifs abstraits répondent très justement aux tableaux.

Dans la salle à manger, la table blanche et les chaises de Saarinen (éditées par Knoll) et les deux dresses de Florence Knoll renforcent le parti pris de mesure et de dépouillement, omniprésents dans cet intérieur. La cuisine, elle, révèle l’amoureux des bonnes choses qu’est le maître des lieux. On y mange juché sur de hauts tabourets confortables autour d’un bar central en pierre naturelle qui intègre une cuisinière Viking.

Bernard Cats se réjouit aussi chaque jour de vivre sous la cime de grands arbres. Il affectionne tout particulièrement le cèdre qui enlumine sa vue au fil des quatre saisons qu’il peut voir défiler au travers des fenêtres des deux étages de sa nouvelle résidence.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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