Rencontre avec la révélation électro-pop belge de l’année,  » militant affectif  » à l’univers versatile et coloré, comme l’arc-en-ciel sous le signe duquel son album est placé.

Flash-back. En octobre dernier, un Bruxellois à peu près inconnu s’invite en première partie du concert le plus couru de l’automne, Christine and the Queens au Botanique, et parvient à séduire un public pourtant dévoué à la reine française. Son nom ? Nicola Testa.

D’aussi loin qu’il s’en rappelle, le jeune homme a vu son salut dans différentes formes d’expression artistique : théâtre, danse, musique, puis décor sonore ou encore réalisation. Mais s’il entame des études de théâtre, c’est la musique qui finit par  » prendre plus de place que le reste  » et le décide à lancer un projet solo, aux alentours de 2006. Il remporte divers tremplins et concours dont Pure demo, une initiative de Pure FM et de l’asbl Court-Circuit, et conçoit un premier EP,  » comme une étude, une palette où expérimenter différents styles et couleurs  » et étaler ses états d’âme,  » de façon peut-être un peu plate ou égoïste  » avant de transcender ses penchants autobiographiques pour les rendre plus universels :  » J’avais envie d’écrire sur le paradoxe de la fragilité, elle est presque interdite dans notre société où chacun se doit d’être fort. Or, notre plus grande force, c’est justement d’accepter cette fragilité. J’en ai fait l’un de mes leitmotivs.  » Au point de marteler  » We are vulnerable  » en ouverture de son premier album No More Rainbows. Un disque à l’ancienne,  » avec un début et une fin « , procédé presque désuet à l’heure où l’on picore les MP3 à la pièce, réalisé avec l’un des producteurs les plus en vue de la scène française actuelle, Antoine Gaillet.  » Une vraie rencontre, insiste Nicola. Il me poussait très loin, son travail a été libérateur, il s’est révélé un guide indispensable pour ne pas rester largué avec toutes mes idées.  »

Pendant plus d’un an, le duo enchaîne les sessions marathons, se fixe des objectifs précis mais ne s’interdit aucun détour pour y arriver, ce qui donne lieu à des  » accidents de studio  » que l’artiste affectionne malgré ses côtés control freak.  » Avec Antoine, parfois, on se disait « Wow, là on a atteint un résultat qui nous dépasse, un instant magique » « , se rappelle-t-il. En douze morceaux,  » de la couleur à la pénombre « , soit de Rainbow à No More Rainbows, l’album se révèle entre beats qui tapent et piano intimiste, nappes de synthé et refrains cathartiques. Envoûtant, dansant –  » je viens du monde de la nuit, du night-clubbing qui m’influence beaucoup  » – et assumant ses accents grandiloquents, hérités d’un glam rock qui l’a toujours fasciné. Quant aux thèmes abordés, l’omniprésence du concept éminemment symbolique de l’arc-en-ciel pousse souvent les auditeurs à y voir une défense de la cause gay.  » Je savais que ce serait interprété comme ça, admet-il, mais on peut aussi y voir autre chose, comme des questions de société ou de générations. Je me considère comme un militant affectif avant tout.  » Carrés ou cryptiques, ses textes romantiques –  » un romantisme plus baudelairien que « bouquet de fleurs », avec cette envie de transformer en beauté la laideur  » – revendiquent une certaine naïveté qui colle bien à sa pop synthétique.  » C’est voulu, assure-t-il. Même quand les paroles ont l’air couchées d’un trait ou que les termes sonnent un peu cliché, j’ai parfois galéré très longtemps pour trouver les mots justes. Parce que si je ne suis pas touché par ce que je fais, je n’espère pas que les autres le soient.  » Ce qui nous amène à son actu plutôt chargée, ses concerts de l’été :  » La scène, c’est mon plus grand plaisir, confesse-t-il. J’adore partager ma musique, sans filtre ni filet, et j’ai des musiciens extraordinaires. Nous sommes six, parfois moins, mais je pourrais tout faire en piano-voix. J’aime voir mes chansons comme des individualités et les laisser vivre différemment. En tous cas, je me réjouis de rencontrer tous ces gens, c’est la partie la plus excitante de l’aventure.  »

En concert le 19 juillet aux Francofolies (Spa), le 24 juillet à Louvain-la-Plage (Louvain-la-Neuve), le 16 août prochain au Brussels Summer Festival (Bruxelles), le 29 août au Bucolique Festival (Ferrières) et le 30 août à Scène sur Sambre (Thuin). www.nicolatesta.net

PAR MATHIEU NGUYEN

 » Si je ne suis pas touché par ce que je fais, je n’espère pas que les autres le soient.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content