Conçue par et pour les femmes, la collection Nike Women’s fait courir le chic, le charme et les compétences sportives dans la même équipe.

Le  » Swoosh « , le fameux logo de Nike, en frétille de plaisir; pour l’été 2001, la marque qui tire son nom de la déesse Nikè, symbole de la victoire, célèbre les antilopes du bitume et les panthères des bureaux qui tantôt livrent en ville une éternelle course contre la montre et tantôt neutralisent leur stress et reconstruisent leur bien-être sous les arcades feng shui des salles de sport. Partagée en quatre catégories regroupant chacune plusieurs disciplines sportives, ici générales et là très profilées (Tech Training, Total Conditioning, Running-Tennis et enfin Nike Brand qui se destine aux adeptes d’un style de vie chic et punchy), la première collection Nike Women’s répond pile-poil à la demande des  » urban divas  » du XXIe siècle (1). Un beau challenge en vérité, remporté haut la main avec cette ligne du tonnerre où – pour n’aborder que quelques exemples -, la veste de sport, sous laquelle se planque un gilet sans manches carrossé comme un corsage de Rita Hayworth, peut épouser une longue jupe noire en crêpe de Chine façon Saint Laurent ou un pantalon fluide genre smoking pour dames. Une ligne où le pantalon souple coulissé à la taille se dézippe en un tournemain et devient un corsaire à la Brigitte Bardot période 1958. Une ligne où les tee-shirts et combinaisons zippés échangent soudain la course à pied contre un sobre tailleur et un siège de bureau, et où les tops ou robes de tennis s’avèrent être si hype qu’on les porte indifféremment sur les courts et en discothèque. Jusqu’aux baskets colorissimo ( NDLR: né avec la chaussure de sport, Nike en a fait évidemment un de ses chevaux de bataille, en inventant, entre autres, le système Air Max censé donner des ailes aux pieds et, tout récemment, la Nike Shox à effet  » trampoline  » pour bondir encore mieux) qui singent avec brio les escarpins à talon dénudé et les sandales légères, très cotées cet été (2). Faut-il préciser que cette garde-robe pour belles bondissantes se décline dans une palette de tons terriblement tendance et un éventail de matières ajoutant des trésors de sensualité tactile à leurs valeurs techniques (mélanges malins de Nylon & Lycra, mesh, micro-microfibre ou encore les systèmes Dri-F.I.T., Clima-F.I.T. et Therma-F.I.T.) (3)?

En exclusivité pour Weekend Le Vif/L’Express, deux de ces designers sportivo-stylées, l’Irlando-Anglaise Sarah Howatson et l’Allemande Kristina Elisabeth Szasz, prouvent que la déesse Nikè symbolise, aussi, à merveille, la victoire du style.

Weekend Le Vif/L’Express: Quelles sont les caractéristiques de la collection Nike Women’s?

Sarah Howatson et Kristina Elisabeth Szasz: Un mélange réussi de  » fantasy  » et de  » function  » (fantaisie + utilité) qui souligne la  » glamourisation  » des vêtements et des accessoires de sport. Les détails fonctionnels deviennent esthétiques et vice versa. Ce sportswear-là, auquel aspiraient les femmes qui ne voulaient plus d’un clonage, souvent malheureux, des vêtements de sport masculins, ouvre de formidables perspectives. Nike reste un label sportif, ce qui ne l’empêche pas d’évoluer en même temps que son public féminin. Désormais, les vêtements de sport du XXIe siècle vont pouvoir passer d’une activité physique à une occupation intellectuelle et même à un acte de foi mondain! Ils sont aussi polyvalents que la femme qui les porte.

Où avez-vous puisé vos idées pour réaliser cette collection?

S.H.: Je me suis inspirée de la danse et de la musique propres aux pays du sud, comme l’Amérique latine par exemple. Mais aussi d’une femme volontaire et sincère, capable de puiser en elle force et motivation afin d’aller de l’avant. A cela s’ajoutent des réinterprétations de mes rêves de petite fille; quand j’étais gamine, je m’imaginais que ma chambre était un studio de design ou un atelier de peintre ( rire).

K.E.S.: Moi, j’ai pris mes idées aussi bien dans les clips de MTV que dans les défilés de mode ou même les attitudes quotidiennes des gens dans la rue. J’ai aussi pensé à des femmes dotées d’un sacré tempérament comme Coco Chanel qui a révolutionné la mode féminine du XXe siècle. Ou encore la peintre Sonia Delaunay qui a superbement appliqué les couleurs pures et la rythmique de ses toiles à la mode, au textile et à l’art graphique.

Est-il aisé de créer des vêtements hyperféminins sur la base de tissus hautement techniques?

S.H. et K.E.S.: Non, pas vraiment parce que chaque matière se comporte de façon spécifique et qu’en plus, elle va évoluer différemment selon que vous l’utilisez pour une collection plutôt sport ou plutôt lifestyle. La ligne  » Running & Tennis « , par exemple, réclame des tissus à haute valeur technologique alors que la ligne  » Brand  » se base sur des textiles très mode et assez sophistiqués. En fait, on doit  » négocier  » en permanence avec ces nouvelles matières afin d’en retirer un vêtement qui soit fiable sur le plan de la performance et simultanément, de l’esthétique; interdit, par exemple, aux tissus techniques de  » sentir le synthétique « . Autant vous dire que les conseils avisés des responsables du département Research & Development de Nike sont les bienvenus! Sans oublier les nombreux essais des protypes que nous créons: là, nous prenons nos collègues comme cobayes – elles sont enchantées de se soumettre à ce genre de test -, afin de voir de quelle façon nos créations sportswear affrontent la vraie vie.

Ne redoutez-vous pas la concurrence des lignes sportswear engendrées par les grands labels de mode?

K.E.S. et S.H.: Non, parce que nous proposons des vêtements et des tissus qui apportent un plus, une valeur ajoutée à l’individu qui les porte. Dans la façon d’envisager nos créations, nous avons une espèce de raisonnement compétitif et positif qui nous éloigne de la concurrence. Et chaque vêtement ou accessoire n’a pas été conçu en six mois pour coller à la tendance saisonnière mais après des années de réflexion technico-stylistique. Donc, quelque part, Nike reste un trendsetter pour ces marques hype comme pour le prêt-à-porter de large diffusion; et en mode comme en athlétisme, avoir une longueur d’avance, ça rassure ( rires).

Nike Women’s est très séduisante: les messieurs pourraient-ils piocher dans votre vestiaire, à l’instar de la chemise blanche, du sweater ou du jeans que chacun(e) s’échange?

S.H. et K.E.S. ( en même temps): D’abord, nous n’avons jamais échangé notre garde-robe avec celle de l’homme de notre vie ( rires). Ensuite, Nike Women’s, même si les matières et les couleurs peuvent ou ont pu influencer le marché du sportswear masculin, est pensée et conçue pour les femmes féminines.  » It’s a female business « ! La mode unisexe a vécu.

Vous êtes chacune issue du domaine de la création vestimentaire pointue. Ce back-ground influence-t-il Nike Women’s?

K.E.S.: Absolument. J’ai fait mes classes chez les italiens Iceberg Homme et Pucci, ainsi que chez l’américain Ralph Lauren Polo Sport. Ces divers univers de mode m’ont permis d’envisager la ligne Nike Women’s avec un potentiel d’extravagance contrôlée et de féminité pétillante qui a ont tout de suite correspondu à la politique de performance et de haute technologie spécifique à Nike.

S.H.: Après avoir travaillé auprès de plusieurs labels ciblés situés à Londres et Hongkong ainsi que pour Champion Sports en Italie, j’avoue que le challenge de Nike Women’s me plaît énormément. Ici, il s’agit de trouver un modus-vivendi entre le sportswear et le raffinement du vêtement féminin haut de gamme. Nous sommes toutes les deux conscientes que Nike Women’s représente une véritable lame de fond, une révolution dans le domaine du vêtement de sport.

De plus, nos expériences respectives auprès de maisons de mode tournées soit vers le prêt-à-porter hype soit vers le casual wear chic nous ont apporté une remarquable flexibilité créative. Ce qui aide pas mal dans notre job actuel.

Fameuse mission en effet: Sarah, vous êtes en charge des catégories Total Training, Total Conditioning et Running. Vous, Kristina Elisabeth, orchestrez les catégories Brand et Tennis. Travaillez-vous de concert?

S.H. et K.E.S.: Non, étant donné que nos responsabilités sont aussi multiples que différentes. Vous savez, dans une entreprise aussi importante que Nike, il y a tellement de lignes à superviser que l’on doit impérativement se focaliser sur nos propres attributions; sinon, on risque d' » atomiser  » idées et dynamisme créatif. Mais jamais nous ne nous sentons limitées, bloquées ou frustrées dans nos tâches car les centres d’intérêt qu’elles suscitent sont immenses. Et les exigences qu’elles véhiculent (précéder les demandes du marché sportswear, retravailler des prototypes à l’infini, etc.) nous rendent plus fortes et plus clairvoyantes de saison en saison. Sachez cependant que cette façon de procéder ne nous empêche pas d’échanger nos points de vue, d’évoquer nos expériences respectives ou de comparer nos stratégies créatives et commerciales à l’aube de chaque nouvelle saison ( NDLR: nos deux interlocutrices planchent en ce moment sur la collection Nike Women’s de l’été 2002).

Avez-vous le sentiment d’être des créatrices néoféministes?

S.H. et K.E.S.: Plutôt féminines que néoféministes ( rires). Nous créons pour des femmes dont le mode de vie a fort évolué en peu de temps. Ces femmes-là, ces  » tansit girls « , sont sociables, flexibles, extraverties, pétries d’individualité et elles voyagent beaucoup. Elles cumulent les activités mais elles exigent d’avoir du temps pour elles-mêmes au sein d’une société de plus en plus frénétique, et elles se soucient tant de leur corps que de leur esprit. D’où la pratique d’un ou de sport(s) qui leur apporte un bien-être intérieur et extérieur. Et dans ce domaine-là comme dans tous les autres, elles veulent conserver ce qui fait leur force, leur charme et leur différence: leur féminité.  » It’s a lady business to look beautiful  » (être belle est une affaire de femmes).

On dirait que la femme Nike Women’s vous ressemble beaucoup…

K.E.S. et S.H.: Merci du compliment ( rires). C’est vrai qu’il y a une osmose entre notre métier et la cible pour laquelle nous réalisons ces vêtements. Nous sommes curieuses de tout, nous suivons volontiers notre instinct, nous avons voyagé et voyageons encore pas mal, nous sommes passionnées par l’innovation textile et les technologies en général. De plus, nous adorons les contacts humains, la diversité des cultures et l’humanisme en général; ils alimentent d’ailleurs généreusement nos sources d’inspiration. Et, of course, nous pratiquons plusieurs sports ( NDLR: Kristina Elisabeth craque pour le rollerblade, le fitness et le ski tandis que sa collègue Sarah, hormis le fitness, fonce à toute berzingue sur son mountainbike).

Avec Nike Women’s, pensez-vous établir une nouvelle attitude, très XXIe siècle, en matière de style vestimentaire?

K.E.S. et S.H.: Certainement pas: nous concevons des vêtements pour des femmes à forte personnalité, qui sont sorties des diktats, qu’ils soient  » modeux  » ou simplement sociaux. Aux oubliettes, les ourlets réglementaires du new-look de Christian Dior et le total look des eighties! A l’heure actuelle, chaque personne a le droit de construire son allure et son identité propre, en mélangeant du Nike Women’s avec ce qu’elle veut et ce qui lui sied le mieux suivant les moments de sa journée.

(1) Les  » urban divas  » sont aussi  » on-line  » depuis peu sur le site Nike-women.com.

(2) Le QG du design des vêtements Nike se trouve en Europe, à Hilversum (Pays-Bas). La création des chaussures, elle, demeure attachée à la maison mère américaine sise à Portland (Oregon) mais repose sur le dynamisme créatif d’une équipe de jeunes designers des deux sexes et de nationalités diverses.

(3) Brevetés par Nike, ces systèmes permettent de maintenir le corps à une température agréable, de lutter contre le refroidissement et de chasser la transpiration vers l’extérieur.

Propos recueillis par Marianne Hublet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content