La nouvelle tendance dans les stations de ski : la glisse au clair de lune. Biathlon nocturne, balades en raquettes, damage des pistes… Des expériences uniques testées en Savoie et Haute-Savoie par Le Vif Weekend.

Fini l’époque où l’on déchaussait les spatules à 16 h 30 pour prendre un repas revigorant et indispensable au tonus du sportif. À l’heure où les rythmes professionnels sont de plus en plus intenses, le grand public demande davantage de propositions pour ses loisirs. Chargées d’évacuer des semaines de boulot sous pression, les vacances concentrent aujourd’hui  » des attentes énormes qui découlent de mois entiers passés loin du grand air et sans écouter son propre corps. Dans ces conditions, il faut que l’offre excède de loin tout ce que l’on peut accomplir en une semaine « , commente Florence Blochet de l’office du tourisme des Contamines-Montjoie en Haute-Savoie.

Les stations de ski ont bien reçu le message. Une demande d’autant mieux perçue qu’un autre public s’est mis en tête de faire bouger les cimes : les Yers – soit les membres de la Génération Y, entre 25 et 35 ans – qui veulent sortir des traditions. Ils sont souvent derrière les nouvelles glisses, ces disciplines qui ont bouleversé pour toujours le stem de papa, et ont été les premiers à émettre l’idée que les pistes pouvaient très bien être parcourues la nuit. Résultat ? Tout le monde profite aujourd’hui des activités qui se pratiquent au moment où le soleil se couche. Pour ceux qui rechigneraient à de telles expériences, on peut objecter qu’elles ouvrent l’esprit et le corps à un autre visage de la montagne. Sous les étoiles, les sports d’hiver semblent mystérieux, inédits, le corps étant comme en apesanteur. Les sensations ouatées ajoutent d’ailleurs au plaisir : c’est moins l’£il qui dicte sa loi que les autres sens. L’oreille tendue offre une perception différente de l’environnement. Sans oublier que cet apprentissage permet d’éviter les taux élevés de fréquentations durant le jour. Du coup, l’approche se veut plus intimiste et renforce la convivialité. Et, signe qui ne trompe pas, les jusqu’au-boutistes des sports nocturnes ont vite fait de se reconnaître grâce à leurs vêtements techniques, leur silhouette affûtée et les bonnets bien enfoncés sur le crâne… Le Vif Weekend a tenté de multiples aventures en soirée dans trois stations françaises qui n’ont pas raté leur rendez-vous avec la lune.

LES CONTAMINES-MONTJOIE EN HAUTE-SAVOIE

Avec son slogan  » Le Mont-Blanc autrement « , cette station a capitalisé sur le ski panoramique, avec vue imprenable sur le célèbre sommet. Au croisement de la Savoie et de la Haute-Savoie, elle s’affiche résolument familiale. Côté chiffres, le domaine alpin, qui s’étend entre 1164 m et 2 500 m d’altitude, déroule 120 km de pistes enneigées grâce à des conditions météo proches des villages en haute altitude. La configuration des lieux permet en outre de skier en suivant le soleil tout au long de la journée grâce à deux versants opposés. Il faut également mentionner la D 1 000, une piste située à l’arrivée du télésiège de la Bûche, dont le tracé dévale d’une traite sur 1 000 m de dénivelé.

Les Contamines déploie de nombreuses activités nocturnes dont les plus plébiscitées sont les balades en raquettes. Pour l’avoir testé, on ressent un grand moment de calme régénérateur, progressant à la manière d’un astronaute sur une planète inconnue. Accompagné par Joël Roux, un spécialiste de cette discipline, on a pu toucher du doigt la fameuse  » paix des cimes « . Éclairé par la lune, on guette les moindres traces, le moindre hululement comme un trappeur du grand Nord. Il n’en faut pas plus pour avoir l’impression de tourner les pages d’un roman de Jack London dans lequel la neige indique avec certitude à l’homme ce qui est essentiel et ce qui est futile. Cette odyssée est la voie royale pour une communion avec la nature.

Si les raquettes constituent une excellente entrée en matière pour découvrir la montagne la nuit, la cascade de glace est à programmer vers le milieu d’un séjour, une fois que le corps est habitué à l’effort physique et à l’altitude. C’est au bout du village des Contamines, à Notre-Dame-de-la-Gorge, que se trouve le très beau site qui accueille cette activité plutôt tonique. Pour y accéder, il faut traverser un pont sous lequel coule une rivière dont le bruit ajoute au cachet du lieu. Escalader une cascade de glace – ici d’une hauteur d’une trentaine de mètres – nécessite un certain savoir-faire. Raison pour laquelle, même si le site est en libre accès, on participe obligatoirement à une séance de découverte en compagnie d’un guide de haute montagne. Outre les conseils avisés, l’homme fournit le matériel nécessaire à une ascension en toute sécurité : harnais, cordes, casque et piolet. L’ascension se pratique en tandem. Pendant que l’un attaque la paroi – il s’agit d’une paroi rocheuse régulièrement arrosée – l’autre est chargé de l’assurer. La progression a beau être lente et laborieuse, on peut atteindre le sommet avec de la volonté… ce qui procure finalement beaucoup de satisfaction.

Au programme des couche-tard également : le ski de randonnée, le biathlon (une combinaison de ski de fond et de tir à l’arc qui exige beaucoup de maîtrise), une sortie au crépuscule pour aller à la rencontre des rapaces, une descente en luge de 3 km après un repas traditionnel dans une auberge d’altitude, une promenade en chiens de traîneaux, suivis d’un dîner trappeur, sous une tente Prospecteur, chauffée par un poêle à bois et éclairée à la bougie, ainsi que, plus classique, du ski alpin dans la zone des Loyers en plein c£ur du village.

www.lescontamines.com

LES SAISIES EN SAVOIE

Réputée pour avoir accueilli, en 1992, les épreuves nordiques des JO d’Albertville, cette station sans ostentation a la réputation d’un endroit  » où il fait bon vivre et skier « . Blottie au c£ur d’un paysage hospitalier à 1 650 m d’altitude, elle possède un espace skiable de 185 km. Cette perle blanche bien enneigée (depuis 1982, Météo France y a mesuré une moyenne de chutes de neige supérieure aux autres massifs environnants) partage 185 km de pistes avec 5 autres villages : Hauteluce, Crest-Voland Cohennoz, Notre-Dame-de-Bellecombe, Flumet et Praz-sur-Arly.

Conforme à sa réputation de destination qui  » bouge « , Les Saisies offre parmi les activités les plus originales la possibilité de piloter une dameuse. Assis confortablement dans le siège de l’un de ces puissants engins de plus de 10 tonnes, on mesure tout le labeur qui se cache derrière les pistes impeccables que les skieurs découvrent chaque matin… sans même s’en étonner. Dans l’ombre, au sens propre comme au figuré puisque le travail s’effectue une fois les pistes fermées, des pilotes chevronnés maîtrisent les 300 chevaux de leurs  » jouets  » préférés. Après explication des différents mécanismes, consignes et règles du métier, on peut s’installer au volant d’un de ces monstres et se familiariser avec les pentes plus ou moins raides dans un espace sécurisé. Mieux, à condition de montrer un minimum d’aptitudes, Sandy Baptendier, l’un des instructeurs, se prend au jeu et détaille les commandes nécessaires à pousser la poudreuse comme un  » shaper « , du nom de ces pros qui façonnent les bosses et les reliefs des pistes les plus sportives. Parmi les autres loisirs proposés : les sorties en raquettes à l’usage des enfants. Ceux-ci, équipés de toques de fourrure, de lampes frontales et de pelles à neige, embarquent pour une aventure façon trappeur au cours de laquelle ils côtoient le milieu montagnard hivernal. Au programme : découverte des traces d’animaux, lecture des constellations du ciel, initiation à l’orientation, construction d’un igloo, chocolat chaud et même obtention d’un diplôme  » Marie et David Crockett  » !

Dans la foulée, on mentionnera encore la possibilité de piloter une motoneige, s’essayer au Mountain Twister (une luge montée sur rails qui enchaîne vrilles de 360 à 540 degrés, vagues et sauts) ou tout simplement parfaire son ski alpin sur la piste des Périots, à la fois éclairée et sonorisée.

www.lessaisies.com

LE VAL D’ARLY EN SAVOIE

Entre les massifs du Beaufortain, des Aravis et des Bauges, la dénomination Val d’Arly regroupe quatre stations : Crest-Voland Cohennoz, Flumet, La Giettaz et Notre-Dame-de-Bellecombe. Le tout sur deux domaines de ski comprenant 185 km de pistes de l’Espace Diamant et 100 km des Portes du Mont-Blanc. Loin des sentiers battus, le Val d’Arly remet au goût du jour le paret, la luge empruntée autrefois par les petits écoliers. Ce moyen de locomotion en bois et assez basique vient de la vallée de Manigod dans les Aravis. Plutôt facile à manipuler, il procure de belles sensations grâce aux audacieux virages qu’il permet de réaliser. L’autre animation à ne pas rater ici est le snowscoot. Chaque année, Notre-Dame-de- Bellecombe accueille les championnats de France de cette discipline. Grâce à cela, on peut s’essayer avec de vrais pros comme Nathalie Revol, Mickael Buttard et Jean-Noël Rigot qui n’ont pas leur pareil pour révéler tous les arcanes de cette drôle de machine composée d’un cadre, de deux patins semblables à des snowboards, d’une fourche et d’un guidon. La conduite s’effectue debout, ce qui se révèle assez excitant pour réaliser des figures acrobatiques.

En plus de ces deux occupations, le Val d’Arly organise du ski nocturne sur la piste éclairée du Reguet (tous les jeudis soir de 20 à 22 heures), du patinage, du biathlon, un parcours Escald’venture comprenant une multitude d’ateliers spécial montagne dont des ponts de singe et des passages en tyrolienne à effectuer en famille ainsi que des balades en raquettes. De quoi combler tout le monde.

www.valdarly-montblanc.com

PAR MICHEL VERLINDEN

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content