Le calendrier des présentations masculines est ainsi fait que, Messieurs, nous pourrions déjà vous parler de ce que vous allez porter… l’hiver prochain. Acheteurs et journalistes assistent en effet aux défilés un an à l’avance. Ne nous pressons pas, et ne gâchons pas les joyeusetés estivales avant que les cigales n’aient commencé leur numéro mais gardez bien en tête qu’au vu de la garde-robe extrêmement sombre qui nous est annoncée pour la rentrée de septembre, il va falloir profiter à 100 % de la parenthèse enchantée qui nous mènera jusque-là. Ce printemps-été, les créateurs ont en effet globalement décidé de tourner le dos au marasme économique qui plombe l’ambiance depuis quatre ans déjà. Le banquier pâle et exténué par ses résultats pitoyables est prié de remiser son costume trois-pièces au vestiaire contre une tenue taillée pour siroter un spritz au soleil avec, par exemple, un chapeau en raphia et des espadrilles très Picasso années 30, comme proposées par Salvatore Ferragamo.

Quitte à faire l’autruche, allons-y gaiement. Le tout est de maîtriser la recette d’un faux laisser-aller, plus alluré que dégingandé, tel qu’on le retrouve dans le vestiaire particulièrement rajeuni du sémillant tailleur Ermenegildo Zegna, chez Hermès (sublime show avec La Belle Vie de Sacha Distel en bande-son), chez Kenzo ( photo) et même chez les Dolce & Gabbana qui depuis quelques saisons font mentir leur réputation bling grâce à une approche anti-logo, beaucoup plus proche de la Sicile des pêcheurs que de l’Italie des Bunga Bunga.

Pour se reconnecter avec l’homme insouciant et facétieux qui sommeille en vous, vous aurez également l’embarras du choix parmi l’avalanche d’imprimés tous plus fun les uns que les autres, au premier rang desquels ceux sortis de l’imaginaire allumé de Miuccia Prada, qui revisite le papier peint d’une chambre de bambino avec humour – car oui on peut être drôle et élégant à la fois, la moue fashion n’est pas une fatalité. Cela dit, l’exercice est à manier avec tact et parcimonie afin de ne pas quitter le domaine du chic. Le risque de ressembler à une tenture de palace ou à une nappe de bistrot provençal est réel. Les moins olé olé se tourneront pour leur part vers les quelques stylistes qui pour dénouer leurs chakras pollués ont choisi la voie de la contemplation et du minimalisme à la faveur d’un style monacal, particulièrement équilibré chez Dior Homme. Quelle que soit votre voie, qu’elle soit celle des grands seigneurs. Le dossier tendances qui suit (pages 20 à 36) devrait vous y aider précieusement. Bon amusement.

BAUDOUIN GALLER

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