Son nouvel opéra est une merveille d’architecture et elle aligne les plus beaux fleurons du patrimoine culturel et artistique du pays. Mais Oslo offre également une qualité de vie exceptionnelle. Un véritable paradis vert enchâssé dans un fjord où bat véritablement le cour d’une Norvège cosmopolite, détendue, jeune et souriante.

 » Avec plus de 5 000 concerts organisés chaque année, Oslo bouge incroyablement. Bien plus que Stockholm et Copenhague réunis. Incontestablement notre scène culturelle compte parmi les plus dynamiques qui soient.  » Cheveux longs et barbe de plusieurs jours, Fredrik, programmateur de Blå, un lieu culturel alternatif très prisé, contribue largement à la nouvelle dynamique de la ville. Finie l’image surannée d’une cité scandinave à la traîne en matière de création, Oslo joue désormais dans la cour des grands qu’il s’agisse de musique, d’architecture ou de design. Un fait qui n’a pas échappé au petit cénacle des trendsetters internationaux qui a placé la capitale norvégienne dans le circuit actuel des city-trips à faire absolument.

Il suffit de regarder autour de Fredrik pour prendre le pouls de ce nouvel essor. Avec ses murs tagués façon city hype et une jolie rivière qui coule à quelques mètres, Blå réussit un improbable mélange entre streetculture et douceur de vivre. Cet ancien entrepôt pour l’or et les diamants, à la fois galerie d’art, restaurant et haut lieu musical, évoque Berlin et les fameux squats de Tacheles. Sur la terrasse, étudiants fauchés et jeunes artistes refont le monde sur fond de rock progressif et de brochettes thaïes grillées sur un barbecue d’appoint.  » Pour ce qui est de la cool attitude et du bonheur de vivre, Oslo n’a rien à envier à Madrid ou à Rome,  » nous souffle encore Fredrik.

Un vent de nouveautés

On peine à imaginer qu’il y a quarante ans seulement, Oslo était l’une des villes les plus pauvres d’Europe. La découverte du premier gisement de pétrole, dans les années 1960, a modifié totalement la donne comme d’un coup de baguette magique. Fort de sa monnaie et des revenus de l’or noir, la Norvège ignore aujourd’hui la crise financière. Pour compléter ce tableau idyllique, il faut ajouter un environnement unique au c£ur du tissu urbain : 7 parcs, 8 rivières dans lesquelles on peut observer des saumons remonter le courant, 140 espèces d’oiseaux, des pistes de ski à proximité et un fjord magnifique qui sert d’écrin à la villeà Sans oublier, une densité de population peu élevée – seulement 570 000 habitants -, un système de santé performant et des transports en commun aussi efficaces que design. On ne sera pas étonné dès lors d’apprendre qu’Oslo vient de faire son entrée à la 17e place du classement des  » Most Liveable Cities  » (Villes les plus agréables à vivre) établi par le magazine britannique fashion Monocle.

Pour apprécier tout à la fois ce renouveau et cette qualité de vie, il faut se rendre à Grünerløkka. Coincé entre le parc Sofieberg et la rivière Akerelva, c’est le repaire des  » DIY people « . En vogue dans le monde anglo-saxon, cette expression désigne la tribu des  » Do it yourself « , ces mordus de débrouille rejetant aussi bien la consommation à outrance que la société industrielle de masse. Leur mode de vie : quadriller les ruelles du quartier à vélo et se retrouver entre eux le soir sur la place Olav Ryes, véritable épicentre d’une vie bohème. L’ambiance y bat son plein sur les terrasses, surtout en juin lorsque le jour ne s’interrompt que de 22 h 30 à 3 heures du matin.

Grünerløkka résiste à l’uniformisation jusque dans ses bars. Un exemple ? Le Aku Aku, une adresse dédiée à la culture maorie où une énorme barque océanienne prêtée par le musée Kon-Tiki constitue le décor exotique et principal de ce lieu fréquenté par la jeunesse DIY qui vient y goûter des cocktails tropicaux. Idem pour le Café Manefisken, une adresse logée sous un pont où l’on déguste des smoaretter, des tapas nordiques, le long de l’eau. Poissons fumés, concombre au vinaigre ou charcuterie se picorent sans façon, le plus souvent en même temps qu’une partie d’échecs.

Le fin du fin pour les DIY ? Habiter du côté de Damstredet, un ensemble de ruelles aux maisons colorées dont les lignes s’apparentent aux fameux rorbus, les traditionnelles cabanes de pêcheurs entourées de petits jardins.

Un avenir radieux

En phase avec ces préoccupations environnementales, cela fait quelques années déjà qu’Oslo a décidé de repenser les limites de la ville. Intitulé  » Fjord City « , ce projet colossal prendra fin en 2020. L’idée ? Réconcilier la ville avec le front de mer autrefois exclusivement axé sur le développement industriel. Pour ce faire, il a été fait appel à des signatures architecturales prestigieuses comme les Britanniques David Chipperfield ou David Adjaye. Une partie importante des travaux, dont un audacieux tunnel sous-marin, un opéra, pieds dans l’eau sera achevée dès l’année prochaine.

Un premier bouleversement urbanistique a pris forme avec l’inauguration, le 12 avril 2008, du nouvel opéra, une construction qui a fait la une de tous les magazines d’architecture et qui a été auréolée du prix Mies van der Rohe 2009. Le bureau norvégien Snøhetta en est l’auteur. Basés à New York et à Oslo, ses architectes contribuent mondialement au rayonnement de leur patrie. On leur doit, entre autres, la bibliothèque d’Alexandrie, le très beau Musée Petter Dass à Alstahaug et enfin le National September 11 Memorial and Museum en cours de réalisation à New York. Outre la symbiose avec l’environnement, le bâtiment a été plébiscité pour la pureté de ses aménagements intérieurs. Ceux-ci se laissent deviner depuis l’extérieur et privilégient le chêne, matériau emblématique d’une signature architecturale nordique. Snøhetta a fait appel à l’artiste Olafur Eliasson pour créer des murs perforés évoquant des cristaux de glace. Si la forme séduit, la fonction n’est pas oubliée pour autant. La scène principale jouit d’une acoustique impressionnante doublée d’un éclairage à base de diodes électroluminescentes reproduisant la lumière du jour avec une fidélité troublante.

Extérieurement, ce nouveau temple dédié à la musique et à la danse impressionne avec ses 36 000 dalles de marbre de Carrare et de granit, sa structure centrale en verre bleuté de 16 mètres de hauteur et ses 500 millions d’euros d’investissement. Les pieds dans l’eau du fjord d’Oslo, il évoque un iceberg émergeant de la mer. Une analogie qui prend tout son sens quand on sait que par temps ensoleillé, la blancheur de l’édifice et sa réverbération commandent de porter lunettes solaires et écran total pour éviter de se brûler la peau. Les lignes extérieures ont été conçues de façon à ce que chacun puisse s’approprier le lieu. Et il n’est pas rare tout au long de la journée de voir se promener ou jogger les habitants de la ville sur le toit incliné et les terrasses qui en font le tourà

Autre lieu emblématique de la mutation de la ville, l’Aker Brygge a aussi modifié le visage du front de mer. Ce complexe immobilier mêlant bureaux, résidences, bars, restaurants dernier cri (mention pour la néo-brasserie Bølgen & Moi), boutiques et promenade est en prise directe avec la mer. Ce périmètre urbain chic verra d’ici peu sa skyline peaufinée par la signature de Renzo Piano qui y redessine les contours de l’ancienne zone portuaire. Parallèlement à ce projet, le grand architecte italien achève un nouveau musée d’art contemporain à la demande de la ville. Pas de doute, Oslo est loin d’avoir terminé sa mue et promet encore de très belles découvertes futures.

Oslo en pratique, page 26.

Par Michel Verlinden Photos : Renaud Callebaut

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