L’ARTISTE

Pae White (portrait) est née en 1963 à Pasadena (Californie). Elle vit et travaille à Los Angeles. Habituée des grandes foires d’art contemporain (Miami, Münsterà), elle s’illustre par une approche décomplexée des arts plastiques, loin de tout dogmatisme. A l’orée des champs du design, de l’architecture, de la sculpture, des arts graphiques et appliqués, l’Américaine développe une philosophie de l’art qui peut faire songer aux mouvements Art nouveau historiques du début du xxe siècle comme le Wiener Werkstätte (Ateliers Viennois) en Autriche ou Artel, en Tchécoslovaquie : en recréant un lien puissant entre art dit majeur et art populaire, elle rêve de mettre son £uvre à la portée de tous et de combler le gap entre l’art et la vie. A la fois sensuel et cérébral, abstrait et ornemental, onirique et vissé au réel, son travail active vigoureusement l’imaginaire du spectateur, invité à créer ses propres clés de lecture et à participer pleinement au processus créatif. Pae White est sélectionnée pour la Biennale de Venise en 2009.

L’EXPO

Pae White s’empare de trois salles de la galerie Xavier Hufkens à l’image d’un metteur en scène de théâtre. Chacune s’apparente à un acte du récit, l’histoire d’un vieil érable sycomore mourant. Que l’on découvre d’abord à la faveur d’une animation réalisée à l’aide d’un scanner HD. Paradoxe, un doux sentiment d’éternité se dégage de cette vidéo couleur feu, formellement proche d’une capture de la Voie lactée. Une sensation décuplée par la lenteur du mouvement de l’image, contemplative. Deuxième acte, plus matiériste : l’artiste a recréé les feuilles de l’arbre dans différentes matières (chrome, toile brûlée et toile imprimée). Couchées sur le sol de la galerie, elles forment un parterre poétique et touchant. Métaphores funestes ou pied de nez de l’artiste, réinventant un monde parallèle pérenne ? Ambigu. Dans la troisième salle, Pae White a conçu une serre singulière abritant des plantes aux feuilles taillées notamment dans le Financial Times, le fameux quotidien économique américain couleur saumon. Reflet du réel, le journal se fait, pour le coup, l’allié du pasticheà Plus globalement, il faut souligner la parfaite intégration de ce triptyque en 3D chez Xavier Hufkens. L’£uvre néo-paysagiste de Pae White semble en effet trouver un écho tangible par-delà la grande baie de la galerie qui s’ouvre sur un jardin. La saison est en effet aux chênes décharnés.

Pae White : Point, Counterpoint, Cloud, à la galerie Xavier Hufkens, 6-8, rue Saint-Georges, à 1050 Bruxelles.

Tél. : 02 639 67 30. Internet : www.xavierhufkens.com.

Jusqu’au 21 février prochain.

Chaque mois, Weekend Le Vif/L’Express vous propose un décryptage d’exposition. Parce que l’art contemporain est souvent taxé d’hermétisme, nous vous donnons les clés de lecture pour passer les portes des galeries et apprécier le meilleur de l’art vivant.

Baudouin Galler

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