Au nord-est de l’Australie, un atoll réinvente le paradis. Petit bijou posé sur un écrin de corail, Heron Island étend son royaume sur les plus beaux fonds marins du monde. Plongeon divin pour un voyage hors norme.

Dans la douceur d’un été qui n’en finit pas, l’île apparaît au loin sur l’immensité du Pacifique. Cet atoll de verdure, entouré de sable blanc comme l’ivoire, se détache sur un lagon aux couleurs envoûtantes allant du vert jade en passant par le bleu saphir, le turquoise, l’aigue-marine ou encore le vert émeraude… Heron Island offre aux amoureux d’absolu une escale hors du temps. On y explore le monde du silence tel un voyage initiatique imposant son rythme lent où toute agitation semble vaine. Mille et une sensations vous traversent : l’eau partout, chaude et inondée de lumière, un ciel saturé d’azur, le bruissement léger du feuillage des arbres tropicaux, le doux ressac du Pacifique avec au loin, sur le front du récif, les vagues de l’océan qui se brisent en dentelle d’écumes.

Situé à l’extrémité sud de la Grande Barrière de corail, Heron Island est un minuscule îlot de 800 mètres de longueur sur 300 de largeur qui émerge à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le récif qui l’entoure est une véritable oasis marine : 900 des 1 500 espèces de poissons et 72 % des variétés de coraux recensés sur la Grande Barrière peuvent y être observés. Aucune nécessité de fréquenter le grand bleu avec du matériel sophistiqué : un masque et un tuba suffisent pour pénétrer dans le soleil liquide d’un lagon de cristal.

Les Grecs de l’Antiquité croyaient que les coraux étaient constitués de graines de plantes marines pétrifiées par Méduse, l’une des Gorgones, dont le regard était mortel et transformait en pierre tous ceux qui osaient le regarder. La réalité est tout autre : les coraux qui tapissent le fond du lagon sont des organismes primitifs possédant un squelette calcaire dont la croissance et la multiplication sont à l’origine de la plus grande concentration de récifs coralliens du monde. D’une superficie égale à celle de l’Italie et de la Suisse réunies, la Grande Barrière s’étire sur près de 2500 km, depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée au nord jusqu’au tropique du Capricorne au sud. Cette huitième merveille du monde, qui peut se voir de la Lune, comprend 2 500 récifs ainsi que 71 îles coralliennes. Seules une douzaine d’entre elles accueillent les touristes et les plongeurs. Heron Island, qui appartient au cercle fermé des plus beaux sites de la Grande Barrière, est l’un des rares atolls à offrir à ses visiteurs des plages de sable fin ainsi qu’un unique hôtel où tout le confort permet de profiter pleinement des beautés naturelles.

L’exploration sous-marine des  » bommies  » (rochers submergés en langue des Aborigènes), nous fait découvrir une faune extraordinaire au sein d’une forêt minérale aux couleurs stupéfiantes. Dans un silence absolu, il suffit de se laisser doucement entraîner par le courant et de jouir de la sensation d’être poisson parmi les poissons en contemplant des communautés vivantes constituées de milliers de créatures étranges. Des plates-formes aux rebords crénelés se superposent et forment de fragiles cascades de calcaire, tandis que des coraux aux longues ramifications colonisent les eaux plus tranquilles en d’épaisses forêts minérales. Ici, tout est couleur, forme et mouvement, fondus en un unique scénario, irréel et insolite. Pour les moins téméraires, les secrets sous-marins se révèlent à bord d’un bateau à fond transparent permettant ainsi d’observer les récifs en bénéficiant par ailleurs des explications d’un guide nature.

Sur la terre ferme

Véritable repère pour happy few, dotée d’un unique hôtel de standing, l’île n’est accessible qu’à ses hôtes. Le nombre de visiteurs étant strictement limité, l’endroit n’est jamais surpeuplé malgré sa petite taille. L’hôtel, baptisé Heron Island Resort, a su s’intégrer avec bonheur et discrétion au cadre majestueux de l’île et de son lagon. Un mélange d’authenticité écologique et de confort respectueux de l’environnement. La plupart des bungalows en bois, disséminés sous les arbres tropicaux, s’ouvrent sur la plage et la Barrière de Corail. Au réveil, conquis par un tel paysage, on s’imagine contempler le premier matin du monde.

En fin de journée, après la fatigue des plongées sous-marines, l’Aqua Soul Spa permet de profiter d’une à deux heures de détente et de massages pratiqués au jet d’eau de mer ou par des mains expertes.

Sur cette île, qui a l’océan pour garde-manger, un des meilleurs moments est sans nul doute le repas du soir digne d’un grand chef. Au menu, poissons des mers australes tels que le barramundi, le fish cod et la truite corallienne. Quant aux fruits de mer, ils sont servis à foison. Pour les carnivores impénitents, de succulents steaks d’autruche font office de plat de résistance. Le tout est comme il se doit accompagné de vins australiens, rouges ou blancs, particulièrement gouleyants.

Exploration et balades

Participer à une randonnée à marée basse sur les récifs émergés pour découvrir une partie de la vie de la Grande Barrière est une expérience unique. Ces balades, plébiscitées par les enfants, nécessitent de solides chaussures antidérapantes mais aussi une attention soutenue pour éviter de piétiner le corail vivant.

De décembre à février, les tortues vertes et  » loggerhead  » viennent pondre leurs £ufs sur Heron. Il leur faut des heures pour ramper péniblement sur la plage et y pondre jusqu’à 200 £ufs gros comme des balles de tennis. Menacés par les prédateurs, de janvier à avril, les bébés tortues, s’extrayant de leurs nids, enfouis dans le sable, tenteront de gagner la mer au péril de leur vie.

Des baleines à bosse, mastodontes de 20 à 30 tonnes, passent en juin au large de Heron Island lors de leur migration vers le nord. Elles repasseront en octobre avec leurs  » petits  » de 1 300 kg pour rejoindre les eaux plus froides de l’Antarctique. Espèce décimée, la population des baleines à bosse est aujourd’hui estimée à 4 000 individus alors qu’on en dénombrait 25 000 au début du xxe siècle.

D’octobre à février, une impressionnante colonie d’oiseaux tropicaux (plus de 100 000) viennent nicher. En haute saison, il n’est pas rare de dénombrer sur certains arbres plus d’une trentaine de nids. Emblématique de l’île à qui il a donné son nom, le héron blanc explore à marrée basse et d’un pas vif les massifs de coraux pour y dénicher les petits crustacés et les poissons dont il se régale…

Vie minérale, végétale ou animale, tous les amoureux de nature pourront ici assouvir leur passion sur cette infime mais si magnifique portion de cette Barrière de Corail faisant partie des merveilles du monde…

Texte: Stéphane Disière

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