Trois mois avant sa naissance, son grand-père se suicidait. Elle lui rend un hommage émouvant en signant aujourd’hui un essai, Hemingway. La vie et ailleurs. Pour Mariel, ce géant américain reste avant tout un grand-père tendre, fantasque et adoré.

Votre livre préféré ?

Paris est une fête, d’Ernest Hemingway. Je l’ai lu à l’âge de 10 ans, lors d’un voyage à Paris, que mon père avait souhaité me faire découvrir ! Nous allions nous asseoir aux terrasses de café où mon grand-père cherchait son inspiration. C’est dans cette ville qu’il est devenu écrivain ! À bicyclette, papa et moi avons parcouru les rues, comme il l’avait fait avec mon grand-père.

Un plat d’enfance ?

Mes parents ont vécu à Paris et tous deux étaient des vrais cordons bleus. Mais ce que j’aimais le plus, c’était le pain au levain que ma mère préparait tous les dimanches pour le petit déjeuner.

Un tableau ?

Le Fermier de Joan Miró. J’ai vu cette toile toute petite : mon grand-père, très ami de l’artiste, la lui avait achetée dans les années 20. À l’époque, tous deux travaillaient nuit et jour… Et n’avaient pas un sou. Mon grand-père, amoureux du tableau qu’il avait vu Miró peindre pendant neuf mois, et qu’il voulait à tout prix, a passé un an à rassembler l’argent nécessaire à son achat.

Un paysage ?

Les prairies, les montagnes d’Amérique du Nord. J’ai grandi dans une ferme de l’Idaho et je vis près de Malibu, en pleine nature. J’ai toujours monté à cheval. Et, depuis des années, je pratique l’escalade : j’aime le contact de mon corps avec la falaise. Le sens du défi, la concentration, le silence.

Un disque ?

Blue de Joni Mitchell. C’est le plus personnel, le plus intimiste de ses albums. Ses chansons sur les joies et les misères de l’amour sont une descente dans les tréfonds de l’âme.

Un grigri ?

Avant, j’en avais plein : des bracelets tibétains, des talismans… Je me suis beaucoup cherchée au cours de mon existence… J’ai eu un parcours tourmenté, agité, surtout pendant mon enfance. À 30 ans, je suis partie vivre en Inde puis au Tibet. J’ai tenté de suivre le bouddhisme, l’hindouisme et de nombreuses formes de méditation. J’ai enfin compris que les réponses étaient en moi. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de m’accrocher à un grigri ou à une religion.

Une rencontre que vous espérez ?

Elle est impossible : mon grand-père, Ernest Hemingway. Il s’est suicidé trois mois avant ma naissance. J’aurais aimé qu’il soit là pour moi, qu’il me guide. Autrement, j’ai failli rencontrer Fidel Castro, à Cuba : il avait demandé à me voir et, finalement, il a eu un contretemps. C’est un personnage fascinant, mais il ne faut pas oublier que c’est un dictateur.

Un arbre ?

Je vis entourée de chênes et de séquoias géants : ils ont une puissance incroyable, ils respirent, donnent de l’énergie. Je pratique le yoga sous ces arbres. Le contact avec la nature et cette discipline – sur laquelle j’ai écrit un livre, À chacun son équilibre. Comment le yoga a changé ma vie – m’ont aidée à être en accord avec moi-même.

Hemingway. La vie et ailleurs, par Mariel Hemingway, Michel Lafon, 206 pages.

PAOLA GENONE

 » J’AURAIS AIMÉ QU’IL SOIT LÀ POUR MOI, QU’IL ME GUIDE. « 

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