A 25 ans, la top britannique Jourdan Dunn affiche déjà dix ans d’expérience dans l’univers de la mode. Un statut qui lui permet de ne participer qu’aux shootings qui l’intéressent vraiment. Elle a ainsi posé pour Liu Jo, avec sa collègue Karlie Kloss… qui est aussi la marraine de son fils. Et défend à sa manière le droit à la visibilité pour les minorités ethniques.

Les deux femmes se sont rencontrées il y a huit ans, dans les coulisses d’un défilé de Prada. Entre Jourdan Dunn et Karlie Kloss, le courant est immédiatement passé.  » Ce n’est que plus tard que nous nous sommes rendu compte que nous avons la même date d’anniversaire ; cela nous a rapprochées encore plus « , précise Jourdan lorsque nous entamons notre interview téléphonique.

Partagez-vous certains traits de caractère avec Karlie ?

Nous sommes assez autoritaires et nous arrivons toujours en retard (rires). Des caractéristiques typiques des Lions. Karlie ne me contredira pas.

Vous êtes dans le secteur depuis déjà dix ans. Quels sont les bons – et les moins bons – côtés du métier ?

Le maquillage, les vêtements et la scène : je trouve fantastique de me mettre à chaque fois dans la peau d’un autre personnage, un peu comme une actrice. Mais il est vrai que le mannequinat a aussi ses inconvénients. On doit assumer un statut de super-héros, sans l’avoir voulu. Du coup, tout ce que l’on fait est amplifié. On n’a plus le droit à l’erreur. Le moindre petit bouton est repéré, la moindre déclaration analysée.

Vous êtes un modèle pour de nombreuses jeunes filles. Qu’est-ce que ça vous fait ?

C’est angoissant. Je préfère ne pas trop y penser.

Vous dénoncez régulièrement le racisme dans le secteur. La situation n’a donc pas beaucoup évolué ces dernières années ?

Il y a eu pas mal de progrès, c’est vrai, mais on pourrait encore faire beaucoup mieux. Combien de femmes de couleur voit-on dans les campagnes de pub ou en couverture des magazines ? Je trouve étonnant qu’un agent me dise :  » Tu es la seule fille black de ce défilé. C’est génial, non ?  » Je ne vois pas ce qu’il y a de génial à ce qu’un créateur n’utilise qu’un mannequin  » ethnique  » dans son show. Comme si un seul type de filles aimait ce genre de mode. Je n’ai pas le pouvoir de changer la situation, cela doit se passer en coulisses. La seule chose que je peux faire, c’est d’en parler.

Comment la maternité vous a-t-elle changée ?

J’ai eu mon fils à 19 ans. C’est jeune. A cet âge-là, je travaillais dur et je gagnais énormément d’argent que je dépensais aussitôt. Aujourd’hui, je gère ma carrière beaucoup plus prudemment, car je veux offrir de bonnes conditions de vie à Riley.

Vous êtes très active sur les réseaux sociaux. C’est important, de nos jours, pour un mannequin ?

C’est génial. Je peux communiquer directement avec mes fans, leur faire comprendre qui je suis vraiment, les valeurs auxquelles je crois. Bon, il y a beaucoup de bavardages sur Twitter, mais on peut aussi l’utiliser comme un outil. Par exemple, pour parler de la drépanocytose, la maladie sanguine héréditaire dont mon fils souffre. Beaucoup de gens ignoraient jusqu’à son existence.

PAR ELLEN DE WOLF

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