Face à une fausse couche, grande injustice de l’existence, le père reste désemparé. Avec tendresse, mais également un certain humour, le jeune écrivain français plonge au cour de cette douleur indicible. Son antidote : aimer plus fort que la mort.

Pourquoi ce roman est-il dédié à votre grand-père ?

Parce qu’il a eu une vie fabuleuse. Sacré meilleur saxophoniste de France, il a joué avec Boris Vian et Charlie Parker. Ce dernier lui a proposé d’enregistrer un album, mais il était si défoncé que mon grand-père a flippé. Son histoire m’a encouragé à aller là où il n’avait pas osé s’aventurer.

Quand est née votre envie d’écriture ?

Ma mère a retrouvé une ébauche de texte de science-fiction, composé à 8 ans. Ado, je rédigeais des poèmes en croyant être un génie, or c’était mauvais. Un accident de surf, à 20 ans, a failli me laisser tétraplégique. C’est alors que l’écriture est devenue  » un accident  » qui s’est multiplié.

Le charme qui vous désarme ?

Le mystère.

L’amour, c’est…

La passion dépassée car il est aux antipodes de la possession. Il s’agit d’un abandon à l’autre et à soi. À 15 ans, le premier amour est si violent qu’on le subit, alors qu’à 30 ans, on en jouit.

Pourquoi raviver ce deuil ?

Le livre s’ouvre sur la fausse couche de ma femme. Pour surmonter l’horreur, il est vital de se souvenir de l’origine heureuse de notre histoire. Ainsi, on peut redevenir ceux du début, malgré le deuil. Loin du pathos, j’offre un peu de rire et de soleil.

Ce thème de la fausse couche est quasi absent de la littérature…

L’éclairage masculin est rare car c’est la femme qui porte l’enfant. Le deuil de celui à naître est particulier, parce que la construction de soi, en tant que père, est court-circuitée. Or cet  » orphelinat d’enfant  » est tu. L’écriture n’est pas l’exutoire de mes névroses, mais j’aime aller là où la parole est bâillonnée.

Votre leçon de vie ?

On ne peut pas gagner contre tout. Ça m’a rendu plus stoïque et plus hédoniste. La mort ne nous prendra pas nos moments de jouissance.

Qu’avez-vous ressenti en devenant enfin père ?

Ça y est, il est là ! Il se nomme Arsène, comme Lupin. La première année est horrible (rires), mais une fois qu’il rit aux éclats et qu’il dit papa, je craque. Moi qui pensais devenir adulte, je replonge en enfance.

Si vous étiez une femme…

J’aimerais vivre l’orgasme et la grossesse. C’est parce qu’ils ne peuvent pas donner la vie, que les hommes font la guerre.

Votre look actuel ?

Un costard noir, assorti à une cravate en laine de mon grand-père, mort l’année dernière. J’espère qu’elle me portera chance.

Dieu surfe au Pays basque, par Harold Cobert, Héloïse d’Ormesson, 160 pages.

KERENN ELKAÏM

LA MORT NE NOUS PRENDRA PAS NOS MOMENTS DE JOUISSANCE.

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