Leur première collection avait retenu notre attention lors du Salon international du meuble de Milan en avril dernier. Six mois plus tard, rencontre avec le duo créatif qui anime Qapo, collectif belge spécialisé dans le travail du cuir et d’un matériau inédit : la Vubonite.

Le rendez-vous est donné chez Karen et Marco, dans le  » Groen Kwartier  » de Berchem, au coeur du projet résidentiel situé dans l’enceinte de l’ancien hôpital militaire d’Anvers ; une adresse bien connue des gastronomes puisqu’elle accueille également The Jane, l’établissement étoilé de Sergio Herman, couronné  » plus beau restaurant du monde  » en 2015. Enjouée malgré les courtes nuits que lui impose son bébé d’à peine 1 mois, Karen nous reçoit en compagnie de Frank Ligthart – à eux deux, ils composent les forces créatives de Qapo. Absent aujourd’hui, Marco s’occupe quant à lui  » plutôt des aspects techniques, dessin industriel, outillage et machineries « , nous assurent-ils en choeur. Plus pragmatique que ses deux comparses,  » il est également là quand il faut nous remettre sur le droit chemin, si on en dévie trop « , ajoute Karen. Leur société a beau être encore toute jeune, Karen et Frank ne sont pas précisément des nouveaux venus : la première a longtemps été active dans l’industrie de la mode et travaille le cuir depuis douze ans, tandis que les débuts du second dans le design remontent à une vingtaine d’années.  » Quand on a décidé de s’associer il y a deux ou trois ans, on a d’abord cherché à optimiser l’usage du cuir, on voulait tenter différentes expérimentations avant de se lancer sur le marché.  » Particulièrement sensibles aux enjeux environnementaux et à la récup’, ils mettent au point des sortes de petites fleurs, découpées d’après des chutes, qui s’assemblent grâce à un système de boutonnière, et leur permet de réaliser  » à peu près ce que l’on veut : tapis, coussins, ceintures et toutes sortes d’éléments décoratifs « .

En parallèle, Frank parvient à finaliser le développement d’un produit sur lequel il a passé près d’une décennie, une chaise d’extérieur, bientôt accompagnée par sa petite soeur. Nom de la fratrie : Thelma et Louise, évident hommage aux héroïnes frondeuses de Ridley Scott.  » Les premiers modèles étaient très épais, mais j’ai pu les affiner grâce à la Vubonite « , nous dit Frank. Absolument unique en son genre et inédit dans la conception de mobilier, ce matériau (lire par ailleurs) présente des propriétés renversantes : extrêmement solide et 100 % naturel, il peut adopter toutes les formes, résiste à une température de mille degrés, aux rayons ultraviolets et, usage outdoor oblige, ne craint pas l’eau – ni même les pluies acides.  » De plus, les prix restent dans une gamme tout à fait raisonnable, ça ne coûterait pas moins cher de les fabriquer en polyester. Sauf qu’ici, même soumise aux intempéries dans un jardin, elle devrait durer de 80 à 100 ans sans problème, c’est la chaise de toute une vie « , assure Frank. Cette position de pionniers du composite s’accompagne hélas d’un sérieux revers de la médaille : il n’existe actuellement aucune unité de production au monde capable de fabriquer Thelma et Louise à l’échelle industrielle, ce que l’équipe de Qapo ne peut évidemment faire seule.  » On a tout en main, il ne nous manque qu’un partenaire pour franchir la prochaine étape « , conclut Karen. Avis aux investisseurs !

PAR MATHIEU NGUYEN

 » CETTE CHAISE DEVRAIT DURER DE 80 À 100 ANS SANS PROBLÈME.  »

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