Barbara Witkowska Journaliste

Leur histoire, leur longévité et leur succès en font des produits  » phénomènes « . Portraits de quelques best-sellers beauté toutes catégories.

Comme la mode, l’univers de la beauté connaît ses classiques. Ces produits, dont certains existent depuis plusieurs décennies, n’ont pas pris une ride et ont donné ses lettres de noblesse à la cosmétologie. Nutrix de Lancôme, par exemple. Lancé en 1936, un an à peine après la création de la marque, il s’agit, à l’origine, d’une crème de nuit nutritive. Au fil des ans, les consommatrices (et les consommateurs) lui trouveront bien d’autres vertus. Elle s’avère, en effet, excellente, pour soigner les lèvres gercées et les mains crevassées, apaiser les feux du rasoir, calmer les piqûres de moustiques et adoucir les fesses des bébés. Le saviez-vous? Elle cicatrise aussi les plaies des chevaux et calme les gerçures sur les pis des vaches. Etonnant ? Pas vraiment, lorsque l’on sait que Nutrix est issu des travaux du chimiste Pierre Velon et du Dr Medynski, professeur à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, près de Paris. Ce dernier a réussi en effet à stabiliser le sérum de cheval, connu pour ses vertus régénératrices, permettant dès lors son introduction dans une crème de soin. Nutrix est aussi l’une des premières émulsions contenant des ingrédients actifs d’origine biologique, dont la lanoline, la cire d’abeille et les protéines de soja. Sa texture est très cosmétique et le toucher dépourvu de gras.

 » Prenez soin de votre peau, c’est la seule que vous ayez « . Cette devise d’Estée Lauder a inspiré, en 1957, Re-Nutriv Creme. Mise au point, à l’origine, pour la peau délicate de Madame Lauder, elle intègre des composants les plus rares et les plus précieux. Au début, les formules étaient si secrètes que la crème n’était pas fabriquée dans la même usine que les autres produits Lauder. Au fil des années, Re-Nutriv a été déclinée en une ligne complète de produits (démaquillants, toniques, soin contour de l’oeil, soin pour le cou) pour peaux sèches, délicates et déshydratées. Destinées, au départ, aux instituts de beauté, les formules se sont transformées, dans les années 1970, en  » soins à domicile « . Devenues de grands classiques, elles n’en sont pas moins, afin de le rester, constamment revues et améliorées pour offrir les dernières découvertes de la cosmétologie.

En 1967 à New York, Carole Phillips, journaliste à  » Vogue « , rencontre un grand dermatologue américain qui prescrit à ses clients célèbres du cinéma et du show-business une hygiène de base quotidienne en trois temps : nettoyer avec un savon, exfolier avec une lotion et hydrater avec une émulsion. En préconisant, en prime, les avantages de la protection solaire, le spécialiste affirmait que chaque peau, même la plus saine, pouvait toujours s’améliorer. La rencontre de la journaliste et du médecin fera date car elle se concrétise par la création, l’année suivante, de la marque Clinique, toujours animée par Carole Phillips. Des  » sept produits de la créations  » (deux savons, trois lotions, une émulsion, un scrubb) l’émulsion s’est détachée pour devenir un best-seller. Non parfumée et soumise à des tests d’allergie, une grande première à l’époque, elle est le leader incontesté de la marque sur le plan mondial.

En 1986, après avoir découvert et prouvé que le durcissement des membranes des cellules est responsable du vieillissement, les laboratoires Christian Dior créent les liposomes, ces fameuses microsphères capables de véhiculer les actifs les plus fragiles, les plus précieux là où la peau en a besoin. Ces véhicules de principes actifs anti-vieillissement agiront comme un régulateur biologique de la fluidité des membranes. Les sérums de la gamme Capture luttent contre le ralentissement des fonctionnements cellulaires et relancent les activités internes de l’épiderme.

Côté corps

Née en 1987, l’Eau Dynamisante de Clarins, première eau de soin, obtient un succès immédiat et, rançon de ce succès, suscite très rapidement de très nombreuses imitations. Au départ: une idée toute simple, dans l’esprit de la nouvelle beauté qui se veut allier confort, bien-être et séduction. Il s’agit d’un mélange inédit de plantes, les unes odoriférantes pour le plaisir, les autres non parfumées mais actives au niveau de la peau. Cette composition transforme le geste quotidien de se parfumer en véritable geste de soin. Des tests prouvent une augmentation de la fermeté de la peau de plus de 25 % après vingt jours d’utilisation. Les dermatologues, de leur côté, ont constaté une amélioration sur la rugosité et la sécheresse de la peau.

Conçue par un chimiste norvégien en 1972, d’abord lancée aux Etats-Unis, la crème pour les mains Neutrogena débarque en Europe quelques années plus tard. Elle est soutenue par une campagne de publicité astucieuse qui clame:  » Si vous avez de belles mains, n’utilisez pas Neutrogena « . Il ne faut pas plus pour la positionner d’emblée parmi les produits à l’efficacité indiscutable. Auréolée de son prestige de  » crème des pêcheurs de l’Arctique « , c’est la crème des mains abîmées, desséchées par le froid ou agressées par les travaux ménagers. Le  » plus  » appréciable : une formule fortement concentrée, à base de glycérine, qui la rend très économique à l’usage.

Côté fards

Depuis 1935, date de sa création, la poudre de Caron reste un  » must  » absolu ! Onctueuse, impalpable, légère, c’est l’une des poudres préférées des maquilleurs professionnels. Délicatement parfumée à la rose de Bulgarie (souvenir d’une époque où les femmes ne choisissaient pas leur poudre en fonction de sa couleur mais de son odeur), elle veloute et affine le grain de peau grâce à une formulation exclusive qui associe talc de Luzenac (cette petite communauté de l’Ariège fournit un talc renommé dans le monde entier) et autres éléments minéraux purs.

Le couturier Christian Dior était aussi un homme d’affaires avisé qui rêvait  » d’habiller une femme  » Christian Dior  » de la tête aux pieds « . En 1954, sept ans après le triomphe du  » new-look « , il lance son premier rouge à lèvres : deux présentations – un étui argent et or pour le sac; un bloc de cristal taillé pour la coiffeuse -, mais une seule teinte, un orangé (décliné en huit nuances). Un succès qui ne s’est pas démenti en un demi-siècle. Aujourd’hui, la gamme comprend une centaine de coloris.

En 1984, Guerlain emprisonne terre et soleil dans une poudre compacte dont le nom va faire le tour du monde : Terracotta. On s’arrache cette poudre pressée d’un joli roux brun. Sa texture est légère, il suffit d’y passer le pinceau pour se faire un joli teint d’été, sans excès. Sa composition à base de talc, de kaolin et de pigments minéraux s’enrichit, pour la douceur et l’adhérence, de poudre de nylon en microsphérules. Vendue en millions d’unités chaque année, Terracotta est complétée régulièrement par des déclinaisons  » glamour « : gels, crèmes ou encore gloss pour les lèvres.

Barbara Witkowska

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