L’architecte et urbaniste français Jean-Michel Wilmotte a achevé cette année la rénovation du prestigieux Rijksmuseum d’Amsterdam, ville avec laquelle il vit une vraie histoire d’amour. Promenade à travers ses trois quartiers préférés…

LE JORDAAN L’ÂME DE LA VILLE

 » Impossible de déceler son charme subtil sans enfourcher un vélo pour parcourir ce quartier, qui cultive à la fois un esprit de village et un raffinement dans la modernité. Bâtie essentiellement au XVIIe siècle pour accueillir les populations ouvrières, les minorités religieuses persécutées en Europe (notamment les juifs et les huguenots), cette enclave, hier très populo, a viré bobo à l’aube des années 90. Le long des canaux, classés par l’Unesco, elle abonde en cafés, épiceries bio, boutiques de mode vintage et galeries d’art. Pour en saisir toute l’âme, il faut explorer les cours intérieures. Et, surtout, lever le nez afin d’admirer la diversité des pignons et des façades, qui ont conservé une potence munie d’un crochet pour monter les meubles par l’extérieur.  »

Toscanini

 » L’un des meilleurs restaurants italiens d’Amsterdam, chaleureux sans être prétentieux. Inspiré, le chef prépare d’irrésistibles spaghettis aux calamars et artichauts ou des linguines au ragoût de chevreuil à se damner ! Et, comme toute la ville y court, de Marcel Wanders à Rem Koolhaas, je vous conseille de ne pas débarquer sans avoir réservé.  »

Menu à 47,50 euros. 75, Lindengracht. Tél. : +31 20 623 28 13.

Hôtel Andaz

Dernier fait d’armes de Marcel Wanders, cet hôtel s’est installé dans l’ancienne bibliothèque municipale de la ville. Le designer y évoque avec esprit l’âge d’or des Pays-Bas et sa tradition maritime. Ainsi, dès l’entrée, on est séduit par la constellation de luminaires Moooi, les énormes lustres en forme de cloche et la moquette qui reprend les dessins des cartes maritimes. Les chambres revisitent aussi l’histoire de la ville, notamment à travers le papier peint ou les vasques peintes dans le fameux bleu de Delft.

Dès 270 euros la nuit. http://amsterdam.andaz.hyatt.com

L’ Hôtel Pulitzer

 » Cet hôtel de charme est constitué de plusieurs maisons des XVIIe et XVIIIe siècles élégamment meublées. J’adore y venir la troisième semaine d’août pour assister, au bord du canal, au Grachtenfestival, durant lequel se tiennent des dizaines de concerts de musique classique en plein air.  »

Dès 250 euros la nuit. www.pulitzeramsterdam.com

The Frozen Fountain

 » Ici, je viens humer l’air du temps et découvrir la crème du design néerlandais. Aménagée comme une maison, cette galerie présente une jolie sélection d’icônes et de jeunes talents. Les propriétaires n’hésitent pas à leur commander des pièces uniques, comme ces bougeoirs réalisés à partir de verres à pied de récupération ou ces plats XVIIIe avec des motifs crocodile en surimpression. Et l’humour y est omniprésent !  »

645, Prinsengracht. Tél. : +31 20 622 93 75.

Droog Design

Ce laboratoire de la création dédié à la fantaisie et à l’insolite s’est agrandi. A côté des oeuvres du collectif Droog, on trouve désormais une jolie sélection de vêtements (Céline, Costume National, Christophe Lemaire) et un hôtel avec une unique chambre-appartement, très prisée des hipsters.

Dès 300 euros la nuit. 7b, Staalstraat. www.droog.com

LE QUARTIER DES MUSÉES LA RENAISSANCE

 » Le charme de ce quartier calme et résidentiel tient à la proximité, dans un mouchoir de poche, des trois plus beaux musées de la ville : le Rijksmuseum, le musée Van Gogh et le Stedelijk. On passe de Rembrandt à Rietveld, juste en traversant une esplanade. En une journée, on parcourt quatre siècles d’histoire de l’art. Il n’y a pas de plus beau voyage ! Après cette immersion culturelle, on peut aller se balader dans le Vondelpark, l’un des poumons de la ville. Il paraît qu’à la belle saison, il accueille des concerts et des spectacles gratuits. Enfin, j’invite les fans de curiosités architecturales, comme moi, à jeter un oeil à la Roemer Visscherstraat (à la lisière du parc), où un original a construit à la fin du XIXe siècle sept maisons illustrant la diversité des styles en Europe.  »

Stedelijk Museum

 » Cette institution phare de l’art moderne a rouvert ses portes avec une extension que les Amstellodamois ont déjà baptisée la « Grande Baignoire » à cause de sa forme concave et de sa couleur blanche. Une grande réussite. J’avoue un faible pour les salles consacrées à Malevitch et à Mondrian. Et ne pas résister au département design, qui présente les icônes, de Rietveld à Ron Arad, en passant par Marcel Breuer ou Mies Van der Rohe.  »

10, Museumplein. Tél. : +31 20 573 29 11.

Van Gogh Museum

 » Sa réouverture, en mai dernier, a lancé une exposition exceptionnelle : Van Gogh at Work présente le travail de l’artiste lors des dix dernières années de sa vie, mais aussi des lettres, des dessins, son carnet d’esquisses et la seule palette encore conservée… A noter que l’on peut y voir, pour la dernière fois en dehors du musée Rodin qui le prête, le portrait du père Tanguy.  »

Jusqu’au 12 janvier prochain. 7, Paulus Potterstraat. Tél. : +31 20 570 52 00.

Le Conservatorium Hotel

 » Voilà un exemple de réhabilitation exceptionnelle. Piero Lissoni a magistralement converti l’ancien conservatoire de musique en hôtel de luxe avec une élégance toute milanaise. Il a réussi à greffer une structure de verre contemporaine sur le bâtiment historique en brique. Les volumes, l’atrium, la décoration des chambres incarnent la perfection. Dans les assiettes, l’exigence du chef, Schilo Van Coevorden, est la même. La carte est audacieuse sans être prétentieuse. C’est tout ce que j’aime !  »

Dès 300 euros la nuit. www.conservatoriumhotel.com

Izakaya

Installé dans une ancienne fabrique de diamants, ce restaurant japonais crée le buzz. Une carte simple mais réjouissante de soupes aux udon subtilement parfumées et de bentos savoureux, préparés par un ancien chef du Nobu de Londres.

2-6, Albert Cuypstraat. Tél. : +31 20 305 30 90.

LES DOCKS UN LABORATOIRE ARCHITECTURAL

 » J’ai un faible pour ce quartier, qui témoigne de notre époque, sans ses excès. C’était, jusqu’au milieu des années 60, l’un des lieux les plus isolés et désolés de la ville. Depuis 1990, il a opéré sa mue pour devenir un extraordinaire terrain d’expérimentation architecturale, mêlant réhabilitations de hangars et constructions d’immeubles pas tape-à-l’oeil. Le plus créatif des projets est celui de Borneo Eiland, où une armada d’architectes a conçu plusieurs dizaines de petites maisons d’habitation, toutes différentes, sur des terrains dont les façades en bois, verre… ne dépassent pas les 4,50 m de largeur. Autant dire que le défi était de taille et frisait l’utopie. Mais le résultat est spectaculaire et d’une incroyable modernité : une démonstration d’architecture humble, dans laquelle on aurait tous envie d’habiter. Il incarne l’harmonie dans la diversité.  »

Le Lloyd Hotel

 » Ce bâtiment a d’abord servi de lieu de transit pour les migrants d’Europe de l’Est, avant de devenir un centre de redressement pour jeunes délinquants, puis un « hôtel concept », à mi-chemin entre l’auberge de jeunesse de luxe et le campus excentrique. Amusant : il propose sous le même toit des chambres de taille et de confort différents, classées de 1 à 5 étoiles. A ne pas manquer : ses bibliothèques descendant en cascade jusqu’à la salle à manger.  »

Dès 65 euros la nuit. www.lloydhotel.com

Muziekgebouw

 » Cette belle salle de concerts à l’acoustique high-tech est consacrée à la musique classique et contemporaine. La programmation y est toujours de qualité. A défaut de pouvoir assister à une représentation, je vais prendre un verre sur la terrasse panoramique.  »

1, Piet Heinkade. Tél. : +31 20 788 20 00.

Restaurant Fifteen

 » Un ancien entrepôt au bord de l’eau, transformé avec beaucoup d’esprit en trattoria par Jamie Oliver, ce chef anglais qui forme, ici comme à Londres, une quinzaine de jeunes en difficulté à devenir des chefs qualifiés. Rien de gastronomique, mais une carte enlevée, et surtout de la très bonne pasta.  »

Déjeuner à environ 20 euros. 9, Jollemanhof. Tél. : +31 20 509 50 15.

La bibliothèque de l’Eye Museum

 » Posé à fleur d’eau, ce musée ressemble à un grand vaisseau spatial. Outre ses quatre salles de cinéma à l’excellente programmation et ses « cabines-capsules » individuelles, il possède une bibliothèque dévolue au 7e art, avec un large choix de DVD qui évoquent l’histoire du cinéma.  »

14, Van Marwijk Kooystrat. www.eyefilm.nl

Samhoud Places Restaurant

Cette table est l’une des plus créatives de la ville. Autodidacte talentueux, le chef israélien Moshik Roth s’exprime selon l’inspiration du moment, par petites touches poétiques, cosmopolites et ludiques. On recommande le hamburger de tomates pressées et le ceviche de flétan au yaourt sur lit de frisée (servis côté brasserie).

5, Oosterdokskade. Tél. : +31 20 260 20 94.

PAR SYLVIE WOLFF

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