Oubliée, la princesse de la pop… vive la reine de la mode ! Attendue au tournant à ses débuts comme créatrice, l’ex-Spice Girl Victoria Beckham est aujourd’hui reconnue par la planète fashion. Saga sans retouches.

On pourrait presque dire que la Grande-Bretagne a deux reines : Elizabeth II, la vraie, et Victoria, l’ex-Spice Girl récemment proclamée Style Queen – un nouveau titre qui vient s’ajouter à ceux d’épouse de star du football et de super-maman pour faire d’elle l’une des femmes les plus occupées (et les plus observées) du pays. Si Victoria fait presque figure de royalty dans le monde anglo-saxon, c’est évidemment en partie grâce à son conte de fées avec David Beckham. Pour célébrer leur union, en 1999, le champion du ballon rond et la princesse de la pop s’étaient même offert un véritable mariage royal avec trônes dorés et couronne sertie de diamants. Mais sans doute la presse britannique a-t-elle également contribué au mythe, allant jusqu’à surnommer Beckingham Palace la coquette villa que le couple occupait jusqu’il y a quelques années à Sawbridgeworth, dans le Hertfordshire…

Installés aux États-Unis depuis 2007, David et Victoria y font également figure de A-list celebrities, des vedettes qui incarnent l’équivalent américain de la monarchie… et tout laisse présager qu’ils ne sont pas près de rentrer au pays natal.  » Nous sommes fiers d’être Anglais, mais les enfants sont de vrais Américains. Cruz va même parfois jusqu’à accuser son père d’être so British, confiait Victoria au magazine Glamour US . L’Amérique nous a ouvert les bras et je m’y plais beaucoup : quel meilleur pays pour s’installer lorsqu’on est ambitieux ?  »

LA ROBE MIRACULEUSE

Entre-temps, Victoria Beckham a enfin trouvé sa voie : celle de la mode. Elle est en contact avec son équipe basée à Londres dès le matin, avant même de commencer à préparer ses trois fils pour l’école, et fait l’aller-retour au moins une fois par mois… Mais ne vous y trompez pas, ses quatre enfants restent sa priorité absolue : elle ne rate jamais les matchs de football de ses trois aînés, sauf pendant la Fashion Week, et est inséparable de sa petite dernière, Harper.  » J’aime bien l’emmener avec moi au bureau. Les garçons ne m’aiment évidemment pas moins, mais comme ils sont tous les trois fans de foot, ils sont surtout en admiration devant David. Je suis contente d’avoir aussi une fille… et j’espère que plus tard, elle s’intéressera à ce que je fais, moi. « 

Force est bien d’admettre que la Queen of Fashion a réalisé un parcours stylistique fabuleux, passant du choc au chic en l’espace d’une décennie et troquant à point nommé ses minijupes, ses extensions et ses seins en silicone pour des robes mi-longues, des lunettes de soleil et des talons interminables. À 38 ans, la star est plus sculpturale que jamais, sa silhouette de mannequin soulignée par des stilettos griffés Christian Louboutin et une robe bustier de son invention, la fameuse sucky-sucky dress  » qui aspire juste où il faut « . C’est avec ce modèle que Victoria a fait ses débuts de créatrice en septembre 2008, lors d’un défilé organisé à l’hôtel Waldorf-Astoria, à New York, en tout petit comité : trois mannequins, une poignée d’invités mais tout ce que le monde de la mode compte de journalistes. Prête à descendre en flèche la starlette reconvertie en styliste, la presse a découvert contre toute attente une collection modeste mais cohérente, composée d’une dizaine de modèles tout en élégance.

C’est Simon Fuller, le légendaire producteur des Spice Girls, qui a poussé Victoria à poursuivre ses rêves de créatrice : non content de lui apporter son soutien financier, il a été jusqu’à héberger son atelier et ses stocks dans son QG londonien. C’est lui également qui l’a introduite chez le styliste français Roland Mouret, réputé pour ses robes sexy et structurées, dont le modèle Galaxy ressemble furieusement à une sucky-sucky dress avant la lettre. La première collection de l’ex-Spice Girl rappelait d’ailleurs tellement la patte de Roland Mouret que d’aucuns ont laissé entendre qu’elle s’était, comme tant de célébrités, contentée de mettre sa signature sur le travail d’un autre. La rumeur a toutefois été formellement démentie par les deux intéressés.

Victoria s’est progressivement écartée de la ligne sobre et sexy qui caractérisait ses premières collections.  » Au départ, je voulais dessiner des vêtements conformes à mon image « , explique- t-elle dans l’édition de Vogue du mois d’avril dernier . Par manque de confiance en moi, je portais énormément de bustiers et j’avais peur de tout ce qui ne collait pas à la peau. Ce n’est qu’à partir de ma troisième ou quatrième saison que j’ai commencé à explorer également des voies qui ne me plaisaient pas personnellement. Maintenant que j’ai pris de l’assurance, je me sens aussi plus à l’aise sur le plan créatif : tout ne doit plus absolument être ajusté et je laisse plus volontiers une certaine place au volume.  » Cet été, elle a lancé Victoria by Victoria Beckham, un second label plus ouvert à l’expérimentation.  » La nouvelle ligne est plus confortable, plus détendue… mais sans détonner dans ma garde-robe, sans quoi ce ne serait plus du Victoria Beckham.  » Les prix aussi sont (un peu) plus doux : comptez environ 500 euros pour une robe, soit tout de même trois fois moins que pour les modèles de son label principal…

LES LARMES DE LA CONSÉCRATION

Aujourd’hui, Victoria n’est plus l’ex-Spice Girl qui dessine des vêtements mais une styliste à part entière, dont le tout dernier opus, présentée à la Fashion Week new-yorkaise, le 9 septembre dernier, a été très applaudi. Une collection printemps-été 2013 des plus féminines, avec ses jupes courtes, ses coupes graphiques et ses détails façon lingerie. Son défilé automne- hiver 12-13, lui aussi, a été salué par la critique.  » La manière dont elle a su se forger très rapidement une identité propre est un bel exemple à suivre pour les jeunes stylistes américains « , a même déclaré à son sujet Suzy Menkes, autorité dans le domaine du journalisme de mode.

Après avoir décroché l’an dernier le titre de Designer Brand of the Year aux British Fashion Awards (devant Tom Ford, Stella McCartney et Burberry), Victoria était pourtant plus que jamais sous pression.  » Quand j’ai entendu mon nom, j’ai eu un choc. Je n’arrivais pas à y croire.  » Habituellement imperturbable, elle a éclaté en sanglots.  » Je suis fière de mon passé, mais ceci, c’est ce que je veux faire de ma vie. Je n’avais évidemment pas prévu de m’effondrer devant les professionnels de la mode britannique au grand complet, mais à chaque fois que je voulais ouvrir la bouche, je me mettais à pleurer. « 

Victoria a donc su charmer la presse mais aussi et surtout ses clientes (dont un certain nombre de people comme Cameron Diaz, Michelle Williams ou Jennifer Lopez). La preuve ? Les bénéfices de la marque ont augmenté de 120 % au cours des trois dernières années et ses collections, produites à 5 000 exemplaires (contre 400 à peine à ses débuts), sont désormais disponibles dans 300 boutiques et 51 pays. Malgré ce succès grandissant, Victoria n’a que rarement le sourire aux lèvres.  » Je ne sais pas pourquoi. Avant, je riais pourtant souvent sur les photos, a-t-elle répondu aux journalistes de Glamour US, dont elle était également la journaliste invitée du numéro de ce mois de septembre . Je crois que j’ai changé quand j’ai débuté dans ce secteur : c’est la mode qui m’a volé mon sourire (rire). Plus sérieusement, je me suis créé un personnage dont je ne dirais pas qu’il n’est pas conforme à la réalité… mais qui n’est pas non plus tout à fait moi.  »

PAR ELLEN DE WOLF

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content