Tous les moyens sont bons pour vaincre le stress de nos sociétés. Même le domptage du sommeil et, pourquoi pas, des rêves.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

 » L e réveil naturel avec l’aube est un traitement remarquablement efficace pour le blues des mois d’hiver et la dépression clinique qui sévit entre octobre et mars.  » Dans son best-seller  » Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse  » (paru l’année dernière aux éditions Robert Laffont), le professeur David Servan-Schreiber épingle sept méthodes aussi inhabituelles qu’étonnantes ( www.guerir.fr). Parmi elles,  » l’énergie de la lumière  » met précisément l’accent sur le respect des rythmes biologiques û et en particulier celui du sommeil û pour gérer au mieux son capital énergie. Or, un réveil matinal brutal perturbe justement ces cycles précieux. D’où l’idée de recourir, surtout en hiver, à une lampe qui simule parfaitement l’apparition progressive de l’aube, histoire de se réveiller tout en douceur. Concrètement, cet engin  » intelligent  » diffuse, une demi-heure avant le lever souhaité, une très faible lumière qui s’intensifie graduellement et qui place donc le dormeur dans de bonnes conditions de réveil naturel. L’horloge biologique est ainsi synchronisée et qui dit  » Bien réveillé « , dit  » En forme pour la journée ! « . Si les simulateurs d’aube sont d’ores et déjà entrés dans les m£urs aux Etats-Unis, ils restent en revanche encore très méconnus chez nous. Heureusement, quelques rares sites francophones vendent aujourd’hui ces drôles de lampes par Internet (comme www.kiria.fr ou www.luminotherapie.ch) et l’on peut donc s’attendre prochainement à un engouement européen pour ce nouveau type de réveille-matin. Dans cette tendance légitime à vouloir dompter le réveil pour de meilleurs lendemains, il arrive que certains spécialistes du sommeil imaginent parfois des projets douteux. Ainsi, le 1er avril prochain (et ce n’est pas un poisson), la société japonaise Takara commercialisera la première machine à rêver de l’histoire de l’Humanité ! Baptisé Yumemi-kôbô, cette fabrique à songes comportera non seulement le simulateur d’aube décrit ci-dessus, mais renfermera surtout une batterie d’artifices censés influencer les rêves. En clair, l’utilisateur pourra enregistrer, de vive voix, le scénario onirique idéal qui sera ensuite chuchoté par la machine tout au long de la nuit. Pour mener à bien cette mission périlleuse, l’usine à rêves personnalisés diffusera en outre de la musique douce et des parfums relaxants, afin de placer le candidat aux songes organisés dans la meilleure atmosphère possible. Le scénario est évidemment enviable : ce soir, je remporte Roland-Garros ; demain, je glande à Bora Bora et, après-demain, je remplis Forest-National avec U2 en première partie. Oyez, oyez, chers amis déprimés, le bonheur est à portée de paupière ! Tout est désormais possible : ressusciter les morts, devenir le maître du monde et même passer la nuit avec Johnny Depp ou Vanessa Paradis (ou les deux ensemble, tant qu’à faire). Encore faut-il que l’engin fonctionne. Bien sûr, les concepteurs de l’usine à fantasmes promettent un taux de fiabilité assez élevé et, par conséquent, des nuits beaucoup plus sereines. A 110 euros la machine, il est donc probable que les curieux se bousculent. Même si leurs rêves spontanés n’ont plus de raison d’être. Même si la liberté de leur imaginaire est atteinte. Même si leur cerveau est insidieusement piraté. Dormez tranquille, chers citoyens. Big Brother is dreaming for you.

Frédéric Brébant

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