Catherine Pleeck

Dans quelle autre ville que Rome, la griffe de mode Fendi pouvait-elle fêter son nonantième anniversaire, là où la maison italienne a ouvert sa première boutique, il y a près d’un siècle ? Voici quelques semaines, elle a donc investi la Cité éternelle, et plus particulièrement la Fontaine de Trevi – on ne recule devant rien – pour présenter une collection haute fourrure époustouflante. Quelque 46 silhouettes ont littéralement marché sur l’eau, grâce à un podium en Plexiglas posé sur ces flots qui ont accueilli Anita Ekberg, dans le mythique film La Dolce Vita. Avoir participé aux travaux de rénovation de ce vestige baroque à hauteur de 2 millions d’euros a certainement dû aider à l’organisation de cet événement, même si les autorisations de la municipalité ne sont arrivées qu’in extremis, quelques heures avant le show.

Afin de fêter en grande pompe ce cap, le label propose dans la foulée une exposition, accessible au public jusqu’à la fin octobre, et visible dans son nouveau quartier général du Palazzo della Civiltà, un monument imposant de l’époque rationaliste. L’occasion de découvrir l’histoire de cette marque célébrée pour le savoir-faire traditionnel de ses ateliers de fourrure, à travers des vidéos, des photographies de mode et des dessins. Depuis son arrivée dans la maison, il y a cinquante-et-un ans, son directeur artistique Karl Lagerfeld n’a cessé de repousser les limites du possible, tout en mettant un point d’honneur à désembourgeoiser la zibeline et le vison.  » Je crois avoir fait 50 000 dessins pour la Maison « , confie-t-il dans la bible consacrée à Fendi, qui sera publiée aux éditions Assouline à la rentrée. Engagé par les cinq soeurs Fendi et leur mère, le créateur allemand commence par supprimer les doublures et utiliser les peaux comme de  » simples  » textiles, qu’il coupe, rase, teint, superpose, brode et assortit sans aucun tabou. Une réflexion sur la fun fur, menée parallèlement au travail de Silvia Venturini Fendi, petite-fille des fondateurs et responsable des accessoires, à qui l’on doit le succès des it bags Baguette et Peekaboo. Soit un duo de choc qui a certainement contribué à séduire le groupe de luxe LVMH, désormais propriétaire de la maison familiale transalpine depuis 2001. Nul doute que les dix prochaines années, qui mèneront au centenaire de la griffe, seront encore riches de révolutions et coups d’éclat…

The Artisans of Dreams, Palazzo della Civiltà Italiana, 3, quadrato della Concordia, à Rome. www.fendi.com Jusqu’au 29 octobre prochain.

CATHERINE PLEECK

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