Elle est japonaise, défile à Paris et signe une collection capsule pour la griffe italienne Marina Rinaldi. Pour la protégée d’Issey Miyake, qu’importe le lieu, pour autant qu’il soit question de belles découvertes et de créativité.

Surtout, ne pas se fier à sa taille ultramenue et ses airs policés. Quand Tsumori Chisato se met à parler, son ton est à la fois ferme et peps. Ses réponses fusent, directes, sans prendre le temps d’y ajouter des circonlocutions d’usage ou ces petits détails qui étayent généralement un propos. Le tout simultanément traduit de l’anglais au japonais et vice versa – et qu’importe si la traductrice rogne une bonne partie de sa réponse au passage, ce sera à son interlocuteur de lire entre les lignes…

Née à Saitama, au Japon, en 1954, la créatrice travaille la plupart du temps depuis la capitale nippone, mais avoue se rendre très régulièrement dans la Ville lumière. Elle y présente d’ailleurs ses collections chaque saison, y a ouvert sa première boutique à l’étranger, c’était en 1999, et y possède un appartement.  » J’adore le style parisien, il est élégant et plus adulte que les tendances mangas « , confie-t-elle, ajoutant dans la foulée que Coco Chanel reste pour elle le plus grand nom de la mode de tous les temps.

Pour l’heure, cette habituée et fan inconditionnelle de voyages – sa prochaine destination n’est autre que Cuba – a troqué son verre de saké ou sa flûte de champagne pour une coupe de prosecco. C’est à Milan, en effet, qu’elle dévoile sa collection capsule imaginée pour le compte de la griffe italienne Marina Rinaldi.  » Créer pour des « Plus Sizes » est un peu différent de ce que j’ai l’habitude de faire, c’est donc un exercice très enrichissant « , précise-t-elle. En résulte une ligne estivale, riche de teintes vives et d’imprimés fleuris, aux coupes japonisantes.  » Les références stylistiques à l’Asie sont naturelles chez moi, mais je puise mon inspiration aux quatre coins du globe : dans les paysages, les couleurs, l’atmosphère des lieux que je visite. Par ailleurs, la mode n’a plus vraiment de frontière. Tout le monde aime désormais porter à peu près la même chose, que l’on vive d’un côté ou de l’autre de la planète. Avec Internet, il est possible de tout voir, immédiatement.  » Pour sa collection personnelle du printemps-été 2016, Tsumori Chisato nous entraîne par exemple dans une aventure en haute mer, avec des jacquards arborant un vaisseau pirate, des bulles d’eau rebrodées le long d’une blouse ou des imprimés tropicaux. Soit des silhouettes joyeuses, fraîches et poétiques, légèrement régressives aussi.

Celle qui a étudié au Bunka Fashion College, l’une des écoles de mode les plus réputées au Japon, a lancé son propre label en 1990, après avoir fait ses armes chez Issey Miyake (lire par ailleurs). Elle reste d’ailleurs la protégée de ce dernier, puisqu’il finance le développement de sa marque.  » Il m’a appris l’importance et le respect du travail d’équipe « , relate-t-elle. Est-ce pour cette raison qu’elle n’hésite jamais à multiplier les collaborations à l’international ? Par le passé, elle a ainsi revisité de façon très enfantine la célèbre marinière de Petit Bateau, mais a également pensé une collection de cosmétiques pour Shu Uemura, quelques modèles de kimonos pour Furifu, des derbys imprimés pour la marque de française Zespà ou encore des coffrets à macarons, pour les 150 ans de la Maison Ladurée.  » A chaque fois, c’est une façon de faire de nouvelles rencontres et de pouvoir montrer mon travail à un maximum de gens « , indique-t-elle. Pour sûr, les fans de Marina Rinaldi retrouveront sa patte, dès l’automne prochain, dans les pièces que la créatrice a imaginées pour la marque dévolue aux grandes tailles.

PAR CATHERINE PLEECK

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