Qu’elle soit rétro ou néo, la barre de savon nous fait buller sous la douche. Sensuelle et crémeuse, sa mousse invite à se parfumer autrement. Délicatement.

Ceux qui la croyaient condamnée à périr, dans l’ombre des gels douche à la noix de coco – l’odeur préférée des Belges au rayon salle de bains, si l’on se fie au top des ventes en grande distribution – devraient se souvenir que l’effet balancier de la mode a déjà fait revenir de Ringardie bien des produits que l’on estimait moribonds. Over hier, la barre de savon parfumé confirme donc son come-back dans les salles de bains les plus raffinées. Pour le plus grand plaisir de marques qui, historiquement, en ont toujours fait leur fonds de commerce.  » Aujourd’hui encore, nos petits savons ronds représentent un quart du chiffre d’affaires de Roger & Gallet, reconnaît Thierry Vidart, directeur général international de la maison parisienne. Grâce à eux, nous recrutons sans cesse de nouveaux clients qui nous découvrent souvent par le biais des produits de courtoisie mis à leur disposition dans les hôtels. Emballés dans leur papier coloré, ils ont l’air aussi gourmands que des macarons : c’est le genre de petit plaisir que l’on n’hésite pas à se faire à soi-même. Ce sont des objets de transmission aussi : depuis cent cinquante ans, nous créons de génération en génération des souvenirs olfactifs qui ne s’oublient jamais.  »

Rassurants – en temps de crise, ce que l’on connaît a tendance à inspirer confiance -, les savons à l’ancienne ont aussi eu la bonne idée de se reformuler, abandonnant souvent la base animale au profit d’une base végétale biodégradable. Le pollueur d’hier s’avère désormais beaucoup plus durable – dans tous les sens du terme – qu’un flacon de gel en plastique forcé de terminer sa vie dans la poubelle.  » Du sceau au papier, les emballages sont séduisants, détaille Dimitri Mouton, manager de la boutique haute cosmétique Senteurs d’Ailleurs, à Bruxelles. Les produits Claus Porto, par exemple, toujours fabriqués au Portugal, répondent à une envie d’authenticité de la part de nos clients. Ce sont des jolis cadeaux qui ont un côté madeleine de Proust en prime. Prenez la marque italienne Santa Maria Novella : leur best-seller, le Melograno, reste l’un de leurs savons les plus traditionnels, poudré, qui sent vraiment le propre.  »

Les grandes maisons, d’ailleurs, ne s’y sont pas trompées. Pour les fêtes, Chanel propose, cette année, un galet dont les rondeurs exquises se lovent dans la main pour mieux développer au contact de l’eau une mousse onctueuse qui caresse la peau en douceur, tout en posant subtilement sur elle les notes délicates de N°5. Dior sortira en mars une version en barre de Miss Dior alors que Givenchy n’a pas hésité à développer un porte-savon sur mesure pour son galet enfleuré d’Eaudemoiselle. Un bon moyen aussi de faire connaissance – à moindre prix – avec un parfum davantage de niche, comme le Philosykos de Diptyque, l’Antérénéa des Éditions Frédéric Malle ou le tout nouveau Vétiver fatal d’Atelier Cologne que l’on ne se verrait peut-être pas porter tous les jours.  » C’est une autre manière de se parfumer, beaucoup plus intime, conclut Sophie, 29 ans et complètement accro à la version jumbo de son palet à la Cologne Eau d’Orange Verte d’Hermès. La sensation n’est pas du tout la même qu’avec un gel douche. C’est beaucoup plus crémeux, plus sensuel aussi. Après, l’odeur vous suit longtemps, au plus près de vous, sans assommer ceux qui vous entourent.  » Vestige invisible d’une parenthèse de douceur qui n’appartient qu’à soi.

PAR ISABELLE WILLOT

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