Barbara Witkowska Journaliste

Grandes griffes de prêt-à-porter, couturiers et stylistes rivalisent d’imagination pour tisser avec raffinement les notes florales, épicées et boisées de l’automne 2004. Du cousu main.

Carnet d’adresses en page 86.

Que celle qui n’a jamais craqué pour un manteau MaxMara lève le doigt ! C’est en effet le best-seller de cette marque italienne qui depuis plus de cinquante ans poursuit inlassablement sa success story en réinventant, à chaque saison, une allure internationale, à la fois contemporaine et intemporelle. Les raisons de cet engouement ? Une qualité de tissu identifiable au premier coup d’£il, un design équilibré et élégant, des coloris d’un raffinement inouï et un contrôle très strict de toute la chaîne de A à Z.  » Depuis dix ans, nous pensons bien sûr à notre propre parfum, explique Ludovica Maramotti qui, avec la complicité de ses deux frères, tient les rênes de l’entreprise familiale. On a renoncé d’emblée à toute forme de licence. Notre parfum doit s’inscrire dans la philosophie de la maison. Nous devons avoir le contrôle des matières premières, de la fabrication et de la distribution.  » Au bout de minutieuses recherches et d’un travail long de deux ans et demi, voici donc l’esprit MaxMara en version parfumée. Le jus se veut lumineux comme la palette chromatique de la marque. Il est aussi  » tactile  » et renvoie à la qualité des matières : la fraîcheur du lin, la sensualité de la soie et le moelleux du cachemire. Humez les premières notes : un nuage citronné vous transporte dans un paysage clair, baigné de lumière. Très vite, une sève végétale arrondit légèrement cette impression de fraîcheur, lui apporte de la fluidité. Puis c’est un somptueux bouquet de fleurs blanches qui déploie ses accords élégants et racés, sublimés, en finale, par des accents des bois exotiques. En filigrane, on devine de subtils accents de sucre de canne. Ils nappent la fragrance de chaleur et de lumière, avec délicatesse, comme un vêtement cousu à la main. Pour cette première fragrance, le designer Thierry de Baschmakoff a imaginé une  » robe « , simple, intemporelle et allurée, pile-poil dans le style MaxMara.

Une symphonie musquée

Jeune créateur d’origine cubaine, installé à New York, Narciso Rodriguez est le chouchou des stars et des people les plus en vue. Sa mode, à la fois classique et moderne, sensuelle et poétique signe  » une nouvelle expression de l’éternel féminin « . Avant qu’elle ne traverse l’Atlantique, laissons-nous séduire par le parfum. Le flacon, inspiré par l’architecture du Bauhaus, frappe par son total look noir, laqué et dense comme une encre de Chine. Derrière cet effet surprenant, il y a une astuce. Le flacon est en réalité transparent. C’est un  » c£ur  » noir qui est glissé à l’intérieur et qui donne cette impression de mystère et de profondeur. Le jus reflète les goûts et les passions du créateur. Depuis des années, il se parfume avec un musc égyptien, offert par une amie. Cette odeur fétiche devait impérativement figurer en guest star de Narciso Rodriguez for Her. On la hume du début à la fin mais pas de la même façon. La fleur d’oranger, l’osmanthus, l’ambre, la vanille et le vétiver se faufilent par-ci, par-là, et créent comme des pulsations vaporeuses, très sensuelles. C’est un parfum qui se marie superbement avec la peau et la fait vibrer d’accords ensoleillés, chaleureux et très latins. A noter aussi : présenté dans un coffret rose tendre, il s’accompagne d’un mini-flacon à bille à glisser dans son sac à main.

Pour la star qui sommeille en vous…

Chez Yves Saint Laurent, on a toujours été très doué pour trouver des noms de parfums, simples, forts, percutants et envoûtants. Souvenez-vous d’Opium, de Paris, de Rive gauche, de Nu ou encore du masculin Jazz. La nouveauté s’appelle Cinéma. Parce que le couturier a le chic de prétendre que chacune de nous est une star mais, parfois, un peu trop timide et introvertie. Avec ce nouveau jus, on entre d’emblée dans un univers de strass, de paillettes, de glamour pur et show of. Le départ est flamboyant et somptueux avec les notes de clémentine de Corse, de fleur d’amandier et de cyclamen. Dans le c£ur, d’autres notes florales rares tiennent la vedette. L’amaryllis, le jasmin Sambac et la pivoine s’unissent dans un souffle vif et plein de caractère. Le sillage, très sensuel, exhale pendant longtemps les accords suaves et poudrés d’ambre gris, de muscs blancs et de vanille Bourbon. Le flacon ? Il a été conçu comme un trophée… pour une star. Il synthétise l’esprit des créations de Line Vautrin, très connue dans les années 1950 pour ses sculptures, ses boîtes et ses bijoux. Le bloc de verre est parcouru par une trame graphique, rythmée par les lettres dorées qui martèlent le nom de Yves Saint Laurent.

Variations de couturiers

Les grands couturiers possèdent des archives richement garnies où l’on peut puiser de bonnes idées et les réactualiser. Dans les années 1980, Dior a chahuté le monde de la parfumerie avec Poison, un jus sucré et un brin agressif, vêtu d’une robe vert moiré. On l’adorait ou on le détestait, mais il ne laissait personne indifférent. Puis Poison est devenu Hypnotic et s’est glissé dans un fourreau rouge sang. Le voici en version Pure. La pureté suppose le blanc. Le flacon est donc immaculé, laiteux comme une perle, parcouru de reflets changeants. A l’intérieur coule un élixir où les notes cristallines de gardénia, de jasmin et de fleur d’oranger contrastent avec des accords plus enivrants de santal et d’ambre blanc. En 1985, Diva d’Emanuel Ungaro exprimait olfactivement le style chatoyant du couturier italien, coloré, mouvementé, vibrant et palpitant. Apparition est un hommage contemporain à ce grand classique. Ce qui change ? L’absence de notes chyprées, animales et enveloppantes, ainsi que l’introduction de l’héliotrope, plein de fraîcheur et d’une note fruitée, très actuelle. Cette interprétation de Diva a pour écrin un très joli flacon, facetté avec des petits miroirs violette, or et vert.

Parfums rares

Chaque nouveauté de Serge Lutens est attendue avec beaucoup d’émotion. Daim Blond ne décevra pas les aficionados de ce créateur talentueux et discret. Imaginez un suède très fin, souple, velouté, moelleux et sensuel. Fermez les yeux et respirez lentement l’iris Pallida de Toscane, les pétales d’aubépine et d’héliotrope, la cardamome de Ceylan mêlée au noyau d’abricot… Acqua di Parma, lui, a choisi l’iris pour son nouveau féminin. Il est en très bonne compagnie, entouré de mandarine, de bergamote, d’anis, de fleurs de cèdre et de vanille de Madagascar. Sobre et léger, Iris Nobile écrit joliment un nouveau chapitre et cette élégante maison italienne.

Retour des romantiques

Voici deux parfums charmants qui célèbrent l’amour. Infiniment Chopard… Derrière ce joli nom, bien trouvé par le célèbre joaillier, se cache un envoûtant et généreux bouquet où s’épanouissent la rose de Bulgarie, la tubéreuse et la fleur de lotus. On a l’impression d’entrer dans un jardin enchanté par un somptueux arc floral. A quoi fait penser Love in Paris ? A un coup de foudre ! C’est donc comme une belle  » love story  » que Nina Ricci a construit son dernier parfum. L’histoire s’égrène joliment à coups de pétales de rose, quelques gouttes de pivoine, un soupçon de bergamote, un nuage de vanille et quelques accents boisés.

Futures valeurs sûres

Hors tendances, Giorgio Armani fait toujours cavalier seul et continue à tisser son succès avec une mode simple, classique, intemporelle, un peu androgyne, fluide et confortable. Le style Armani ne s’adresse pas aux fashion victims, mais bien à celles qui assument leur féminité. Pour les fidéliser encore davantage, le couturier italien a concocté Armani Mania. Ce floral aromatique boisé n’est pas un  » accessoire  » à la mode. Il ambitionne de devenir le parfum emblématique de la griffe, un peu comme le N° 5 de Chanel. Le laurier du Maroc, l’iris de Provence et le cèdre de Chypre, reflètent le côté androgyne. Le magnolia, la pivoine et le muguet apportent une touche féminine. La piquante Inès de la Fressange poursuit, contre vents et marées, sa carrière de styliste et appose sur ses collections sa griffe inimitable, classique et élégante, mais toujours teintée d’un soupçon de provocation et d’excentricité. Son parfum prolonge ce style  » aristo trash « . La rose blanche, la pivoine et l’iris jouent la carte de la tradition. Quelques zestes de mûre et de mandarine enveloppent le tout d’une note insolente et impertinente.

Séduction en rose ou en bleu

Excessivement lumineux et romantique, Davidoff Echo Woman puise sa personnalité dans la note unique de la grappa. Son odeur puissante et pleine de caractère est modérée par la délicatesse de l’iris et de l’osmanthus et arrondie par la sensualité des muscs. Glissé dans un écrin rose framboise, ce nectar pétille de bonheur et de joie de vivre. True Star, le nouveau parfum de Tommy Hilfiger, se colore de bleu, l’une des couleurs fétiches du styliste américain. Pour le jus, le créateur américain s’est inspiré de son idole du moment, la chanteuse Beyoncé. Il aime sa voix et surtout son éclat et sa peau café au lait. Le pois de senteur, le lilas et le chèvrefeuille, fleurs délicates et transparentes, interprètent admirablement la fraîcheur et la luminosité de la jeune femme. Des céréales Kashi, des grains de blé grillé et le riz au lait évoquent la couleur et la douceur de la peau de Beyoncé.

Barbara Witkowska

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