Barbara Witkowska Journaliste

Alluré, sophistiqué, accessoirisé et audacieux, le maillot de bain est travaillé, aujourd’hui, comme un véritable atout séduction. Il s’annonce comme la pièce phare de l’été 2004 et s’affichera partout… De préférence hors de l’eau.

Carnet d’adresses en page 97.

La vraie star de tous les défilés de mode, de Paris à Milan en passant par Londres et New York, c’est lui ! Le  » phénomène maillot  » a démarré timidement il y a quatre saisons et, depuis lors, ne cesse de s’amplifier. Toujours en quête de nouveautés, d’inédits et de scoops, les créateurs se sont d’abord intéressés à la lingerie. Petit à petit, ils en ont exploré toutes les facettes. On a donc vu des sous-vêtements colorés, travaillés comme des pièces de prêt-à-porter. Puis les dessous ont pris carrément le dessus, en s’exposant au grand jour. Enfin, est venu le tour des vêtements issus de l’univers de la lingerie, avec des corsets, guêpières et porte-jarretelles interprétés en vestes, robes ou jupes. Après cette parenthèse  » lingère « , voici la vague balnéaire. Les créateurs les plus audacieux n’hésitent pas à détourner le maillot de son cadre habituel, piscine ou plage, pour l’imposer, éventuellement joliment accessoirisé, dans les soirées branchées. Un pas de plus est ainsi franchi dans l’effacement des frontières vestimentaires, ses codes et ses tabous… Pour John Galliano, directeur artistique de Dior,  » le maillot n’est plus fait pour nager mais pour poser « . Et pas n’importe comment, mais bien dans un esprit  » very glamour et very Hollywood « . Pour un maximum d’effets et pour un mégaspectacle, John Galliano le taille en lamé, lui découpe un décolleté vertigineux et dévoile entièrement les hanches. Envie de davantage de rutilance ? On ajoute de multiples bracelets, bagues, colliers et broches, ornés de cristaux éclatants, gros comme ça ! Assez  » sobre « , le bikini noir en tissu laqué est non moins spectaculaire lorsqu’il se réchauffe d’un châle en renard, fixé sur l’épaule par une lanière entourant le corps. Conçu comme un véritable puzzle, le maillot blanc est un savant jeu de triangles. Il élargit sa carrure et se porte avec des épaulettes. Le plus ten-dance, ce maillot bicolore noir et blanc est issu de la collection Dior  » D  » Trick qui fait fureur ce printemps. Il est en polyamide Lycra avec des empiècements vernis noirs, agrémentés de nombreuses perforations.

Chez Chanel, le maillot est chou- chouté. Plus qu’un accessoire, il est traité comme une pièce vestimentaire à part entière, comme l’élément d’un ensemble. Karl Lagerfeld  » l’habille  » donc. Il l’accompagne d’une veste fluide, d’une blouse légère et transpa-rente ou d’une minijupe. La petite culotte se montre et se coordonne à une veste ou à un sac. On ne sait plus si c’est un maillot, de la lingerie ou un ensemble à porter le soir, d’autant plus que les silhouettes sont accessoirisées d’une avalanche de chaînes et de colliers de perles. Ils envahissent le décolleté et la petite culotte, s’enroulent autour de la taille. Les matières ? On remarque du jersey Stretch imprimé, du jersey Stretch irisé ou encore du crochet façon dentelle, pour une touche rétro. Bref, des matières qui craignent l’eau… Pour sa propre marque, Lagerfeld Gallery, Karl Lagerfeld adopte le même concept, en version plus épurée. Le bikini, sobre et simple, de couleur uni, se porte très chic à la ville ou à la plage, accompagné d’une veste ou d’un tailleur. A accessoiriser avec des talons hauts et, éventuellement, un généreux collier qui cache la chair trop nue.

Paco Rabanne donne une autre version du glamour, plus graphique et plus moderne. Il y a, bien entendu, des effets argentés, en référence à la passion du couturier pour le métal. Tel ce maillot audacieusement découpé, rutilant comme de l’aluminium, dont les parties recouvrant les seins font penser à deux boucliers triangulaires. A porter avec un châle blanc, crocheté comme un filet. Dans le même esprit, un bikini minimaliste est tricoté comme de la maille argentée et s’accompagne d’une veste blanche, longue et souple. Les pièces monochromes, rouges, bleues ou noires, ont des coupes originales et séduisent par leur esprit géométrique et graphique. Les  » bikinis  » se distinguent par un haut enveloppant et pudique. En revanche, les petites culottes, minimalistes, se contentent de cacher l’essentiel. A noter, des accessoires amusants, qui s’avèrent bien pratiques à la plage. Tel ce large bracelet à porter au coude, équipé d’une petite trousse. Ou encore un mini-sac porté sur le haut de la cuisse, accroché par deux lanières : l’une s’entourant autour de la taille, l’autre autour de la cuisse. A la fois esthétique et pratique.

pois, feuilles et courbes psychédéliques

Pour Eva Herzigova, qui fut la pulpeuse ambassadrice du Wonderbra, les dessous n’ont plus aucun mystère. Pour faire ses premiers pas de créatrice de mode, le top model a donc choisi de lancer une collection de maillots haut de gamme, baptisée EH. A la surprise générale, son esprit est extrêmement simple. Explication de la styliste en herbe :  » Grâce à ces treize dernières années passées dans le monde de la mode, j’ai appris ce qui rend belle. Aussi, j’ai voulu une silhouette inspirée de l’architecture et des lignes pures des années 1930 et 1960, où la forme est un détail.  » Admirablement coupées (en Italie), soit en biais soit sans coutures, les pièces sont réalisées dans une microfibre seconde peau au séchage très rapide, en tulle léger et transparent ou dans un tissu au toucher toile de parachute. Très variées, les formes conjuguent plusieurs deux-pièces (triangles, bandeaux, soutien-gorge à nouer), des maillots nageurs au décolletés en V ou arrondi, ainsi que des pièces complémentaires, tels des tops dos nu ou bustier, des robes, des shorts, un pantalon ou une jupe. Les formes sont basiques et intemporelles, destinées à embellir dans la simplicité. La palette chromatique choisie par Eva Herzigova est douce et fraîche. Le blanc et le noir s’accompagnent de rose tendre, de rouge et de bleu ciel. Un seul imprimé rythme cette collection monochrome : des pois multicolores parsèment des bikinis et des maillots nageurs et leur ajoutent une petite touche rétro.

Le style inimitable et très plébiscité de la lingerie Eres conjugue la féminité, la technicité, le graphisme et la couleur. Irène Leroux, la styliste de la marque, applique les mêmes valeurs dans sa ligne balnéaire. En 2004, les matières gagnent davantage en technicité. Elles sont encore plus résistantes, sèchent en un clin d’£il et sont encore plus  » seconde peau « . Côté formes, Irène Leroux a imaginé de beaux décolletés, à la fois plongeants et élégants et des dos joliment dessinés. Quelques découpes sophistiquées sculptent harmonieusement la silhouette. La rigueur et la géométrie des lignes sont adoucies par des bretelles-rubans nouées ou égayées par des anneaux noirs géants qui retiennent bretelles, décolletés ou mini-slips. La gamme des coloris est d’une subtilité exquise, recherchée et raffinée. A côté des incontournables noir et blanc, il y a le rouge escapade, le rose vif bindi, le fuchsia sari, le bleu vif atlantide, le bleu pacific, l’airelle, le gris encens, le marron nomade et le vert bambou. Il y a aussi des imprimés, deux exactement. Les pois géants noirs rebondissent sur des fonds pastel, tandis que des feuillages verts en 3D s’épanouissent sur des fonds  » exotiques  » : kaki kenya, turquoise cyclades, jaune monoï ou ciel caraïbes. Une mini-collection d’accessoires complète cette belle collection très aboutie : des paréos courts ou longs, des bonnets de bain et des cabas de plage.

Dolce & Gabbana, le duo complice du glamour à l’italienne, se jette aussi à l’eau. Dans la collection, on remarque des bikinis au total look argent ou or, des pièces précieuses qui mettent en valeur le bronzage et qu’on évitera de mouiller. Les pastels acidulés, jaune, rose et bleu, s’affichent sur les bikinis et les faux deux-pièces, décorés d’anneaux géants. Des découpes originales, un brin osées, envahissent des maillots à double effet, mat et brillant. Dans le chapitre nostalgie, les complices revisitent deux imprimés rétro. Des pois minuscules se posent sur les maillots et les bikinis dans une harmonie graphique et contrastée noir sur blanc ou blanc sur noir. Les courbes sinueuses et psychédéliques aux coloris vibrants, typiques des années 1960, ont également été interprétées avec maestria. Enfin, l’impression léopard, typiquement italienne, trouve également sa place dans cette collection éclectique et féminine.

et aussi…

La couleur, l’esprit glamour et des imprimés innovants sont également présents chez les spécialistes du balnéaire. Rasurel mélange avec bonheur des motifs rustiques mexicains, des impressions cachemire et l’esprit pop des années 1980. Les matières sont élégantes, les coutures invisibles et les coupes amincissantes. Les nageurs et les deux-pièces s’accompagnent de paréos, de pantalons de plage ou de gandouras, pour celles qui aiment le total look. Chez Huit, des impressions florales, traitées dans un esprit graphique Art déco, clin d’£il aux années 1930, jouent les vedettes. A l’opposé, la ligne Nautic, monochrome et épurée, allie chic et modernité. Les rivets argentés apportent une touche très couture. Trois coloris : noir, pétale et azur. Fidèle à sa philosophie, Cacharel interprète avec modernité des imprimés naïfs d’esprit vintage. Fleurs, oiseaux et rayures ajoutent un brin de poésie à des formes pures et basiques. Speedo et Tribord proposent, en revanche, un design moderne et un esprit sportif. Chez le premier, le thème Ursula est impeccablement graphique et rigoureux, en blanc rehaussé d’accents noirs. Chez le second, un beau bikini noir classique est  » rajeuni  » par une matière originale à effet crochet.

Barbara Witkowska

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