La comédienne s’illustre depuis deux ans avec son spectacle pour adultes, intitulé Contes coquins. De jouer à jouir, il n’y a qu’un pas qu’elle franchit allègrement.

A l’âge de 5 ans et de ses premiers ateliers de cirque, Sophie Didier rêvait déjà d’une carrière sur scène. Une vocation précoce qu’elle perd de vue à l’adolescence, jusqu’à la révélation en fin d’études secondaires, quand elle assiste à une représentation où s’affrontent deux monstres sacrés, Philippe Noiret et Michel Bouquet.  » Et là, j’ai su : je voulais être Michel Bouquet « , se rappelle-t-elle. Pas question pour autant de devenir actrice. Ses parents exigent qu’elle entame des études sérieuses, et Sophie se prête au jeu des tests d’orientation, procédant par élimination.  » On me dirigeait vers le droit, l’architecture, la psychologie, puis aussi la philo…  » Et c’est cette dernière option qu’elle favorise, par défaut, provoquant de nouvelles grimaces de papa-maman. Mais Sophie s’accroche :  » Laissez-moi au moins choisir les études que je n’ai pas envie de faire « , assène-t-elle. A l’université, elle ne tiendra le coup que grâce à ses nombreuses activités annexes, et principalement l’impro, qu’elle pratique assidûment. Son cursus achevé, elle peut enfin se consacrer à la comédie.  » Mais après cinq ans de philo, je n’étais plus qu’un cerveau, je me suis alors inscrite à la Kleine Academie, pour redécouvrir le corps, le mouvement.  » Elle court ensuite les castings et les formations, s’entête à maîtriser danse, chant, art du clown ou du conte, et se forge un large bagage qui lui permet de picorer dans les codes de chaque discipline.

Et les Contes coquins ? Elle y arrive grâce à une bonne dose de culot et un incroyable concours de circonstances. Par défi et envie de varier les plaisirs, elle annonce à son mari qu’en guise de cadeau de Saint-Valentin, elle jouera un spectacle de contes érotiques.  » Je ne devais donc le faire qu’une fois, puis une deuxième à l’occasion d’un souper-spectacle.  » Le 14 février est encore loin, et c’est avec un seul en scène humoristique qu’elle postule auprès de la province de Luxembourg, pour l’obtention de subsides en vue du prochain festival d’Avignon. A la dernière ligne du dossier de candidature, elle indique :  » A part ça, je prépare un spectacle de contes pour adultes, je ne peux pas vous en dire plus, je ne l’ai pas encore écrit.  » Texto. Mais la province mord à cet hameçon jeté par hasard, la sélectionne pour la prestigieuse grand-messe avignonnaise et lui propose quelques dates locales comme préliminaires. Malgré une édition 2014 difficile, marquée par les grèves et la Coupe du monde, le bilan de son mois en Provence s’avère très positif, les critiques sont enthousiastes et le public s’est déplacé en nombre –  » mais peut-être seulement parce que je suis en corset sur l’affiche « , plaisante-t-elle.  » Pourtant, j’étais quelqu’un de très prude. Au début, dire  » bite  » sur scène me paraissait insurmontable, maintenant, j’y prends un malin plaisir. J’ai joué les Contes plus de soixante fois et ça m’amuse toujours, je ne sais jamais ce qui peut arriver.  »

Sûre de retomber sur ses pattes grâce à ses talents d’improvisatrice, Sophie ne se gêne pas pour interpeller son audience, faire à la fois rire et rougir.  » Ma démarche plaît par son originalité et parce qu’aujourd’hui, on parle beaucoup de sexe, mais on en parle mal. Après la représentation, des jeunes, des vieux, des couples, des célibataires, viennent me trouver pour me remercier, me dire à quel point ils ont été touchés ou émoustillés « , par ses textes ou ceux de l’écrivain français Henri Gougaud :  » J’adore ses métaphores, son langage subtil, jamais porno.  » Récemment, la comédienne a eu vent du lancement des coffrets Piment Plume – qui rassemblent des accessoires de jeux, massages et découvertes érotiques destinés aux amoureux – et, séduite par l’initiative, a proposé aux deux jeunes  » créateurs de charme  » de monter un événement conjoint. Elle s’apprête donc à intégrer leur box à l’histoire qui clôt sa prestation.  » Le spectacle pour Piment Plume aura lieu sur une péniche. Des contes érotiques sur une  » péniche « , je n’ose même pas imaginer les jeux de mots qu’on pourra trouver ! « , s’amuse-t-elle. Démonstration en direct lors de la prochaine représentation, sur la péniche Ange Gabriel. Pas sûr qu’il y soit beaucoup question d’immaculée conception.

Contes coquins, ce 13 novembre sur la péniche Ange Gabriel, accostée place du Grognon, à Namur. www.piment-plume.be

PAR MATHIEU NGUYEN

 » Aujourd’hui, on en parle beaucoup, mais on en parle mal.  »

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