Lodjî. Un mot à consonance exotique, qui aurait pu provenir du japonais ou d’une pure invention marketing. Mais qui pourtant fleure bon le terroir wallon et signifie  » loger, habiter « . C’est aussi le nom d’une jeune marque de mobilier en bois, durable et fonctionnel, de la région namuroise.

Lodjî est née, il y a quatre ans, d’un heureux concours de circonstances. Amoureux du bois, fiers de leurs racines et ravis de travailler  » à l’ancienne « , un couple de Flawinnois a fait le pari de se lancer dans la production de meubles fabriqués sur mesure, éco-responsables et ancrés localement. Leur seule ambition ? Fournir des meubles  » à vivre « , complices du quotidien, dont les lignes élégantes et les finitions limpides n’ont rien à cacher et tout à offrir. Aussi chaleureux que leurs produits, François Dedeur et son épouse Fabienne nous racontent l’aventure Lodjî et leur façon de cultiver les préceptes du Slow Movement.

LA TABLE DE TANTE SIMONE

Tout est parti d’un besoin : les Dedeur-Cassagne étaient en quête d’une nouvelle table. Dans leur salle à manger, celle de la vieille tante Simone accusait le poids des ans.  » Cela faisait longtemps qu’on rêvait d’en avoir une  » bien à nous « . Et avec quatre enfants à la maison et plein d’amis à inviter, elle devait être grande. Pratique, facilement déplaçable, et surtout en bois.  » Après une rapide étude de marché, le couple se rend compte que les rares modèles qui leur conviendraient sont plutôt lourds, peu adaptés aux tribulations de la vie de famille, et très onéreux. Pas convaincus, ils optent pour une solution alternative. Architecte, responsable de la cellule  » Projets immobiliers  » de la RTBF, François Dedeur décide de dessiner sa future table lui-même.  » Mon boulot quotidien s’apparente à la gestion de projet, il n’y a pas beaucoup de place pour la créativité. Or, j’aime dessiner, créer. J’ai trouvé une idée, bricolé des heures dans ma cave et, honnêtement, j’ai été plutôt surpris du résultat.  » Il présente le fruit de ses recherches à un ami ébéniste, qui en bout d’enthousiasme. Et lui propose de s’atteler immédiatement à sa réalisation, avec en ligne de mire le concours Design & Bois du Salon Bois & Habitat 2009.

JOZEF DÉCROCHE LA TIMBALE

Seul problème : le timing.  » A deux semaines de la date limite, on n’avait pas de bois, en fait on n’avait rien. Mais on a travaillé comme des fous et on a déposé notre table – en salopette, couverts de sciure – juste à temps, brute et non-poncée.  » Baptisée Jozef, sa création entre en compétition avec celles de pas moins de cent participants. Et contre toute attente, François décroche la timbale. Son épouse s’en rappelle :  » Il a failli partir avant la fin de la proclamation, il n’imaginait pas du tout avoir gagné.  » Lauréate du Prix du Jury, la Jozef reste exposée au Salon, et le couple n’est pas au bout de ses surprises.  » Dès le lendemain, on a reçu une commande. Puis une autre. Les gens pensaient qu’il existait un magasin. Cela nous a fait réfléchir.  » Dès lors, Fabienne, enseignante en pause carrière, prend les choses en main et monte un dossier pour lancer l’entreprise. Les choses se mettent doucement en place. En l’absence de toute publicité et alors même qu’elle trime en coulisses pour donner un statut concret à leur rêve un peu fou, le bouche à oreille fait son office et les amateurs se manifestent.  » Puis un jour, un client nous a demandé de dessiner un autre meuble, que son intérieur ne pouvait accueillir.  » Le moment était venu d’étoffer le catalogue (lire par ailleurs).

INFLUENCE SCANDINAVE ET ESSENCES LOCALES

Bien que partisan d’un mobilier usuel,  » à vivre « , François Dedeur n’en demeure pas moins fan d’architecture et de design, avec un goût prononcé pour le style scandinave en général, et le maître Arne Jacobsen en particulier.  » Je n’ai pas l’ambition de créer des meubles décoratifs et j’évite l’overdose de formes. On est déjà tellement submergé de produits plus ou moins inutiles que c’en est insupportable, alors j’ai envie de concevoir des objets qui ont une véritable utilité.  » Durables, fonctionnels et évidemment chaleureux grâce à l’utilisation du bois.  » C’est un matériau noble, aux propriétés mécaniques et esthétiques extraordinaires, qui se travaille facilement avec un outillage standard et ne nécessite aucune transformation.  » Fidèle à la réputation de douce indolence de la région, Lodjî prône un slow design et assure une production durable, la plus locale possible.  » On vient de Namur, donc on avance à notre rythme. Cette dynamique lente nous convient bien. On travaille avec des artisans locaux, notamment une scierie toute proche, à Floreffe. Le processus de fabrication prend du temps, mais les clients connaissent notre démarche, et donc nos délais.  » Car avec Lodjî, il n’est pas question de business, mais plutôt d’une relation d’échange, de personne à personne. Et au-delà de leur cachet, ces meubles en bois ont une âme qui manque cruellement aux meubles de série, proposés à bas prix par les grandes enseignes.  » Une table est un objet important, elle va accompagner la vie d’un foyer pendant des années. On adore l’idée du meuble de famille, qu’on se transmet de génération en génération.  »

www.lodji.be

PAR MATHIEU NGUYEN

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