Et si le succès d’une chanson dépendait de la téléphonie mobile ? Aujourd’hui, avant même leur commercialisation en CD et leur passage en radio, les hits sont d’abord des sonneries de GSM.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Quel est le point commun entre Madonna et Johnny Hallyday ? Facile, ils chantent tous les deux. Mais encore ? L’air de rien, ces deux stars phénoménales ont aussi une actualité belge. Madonna est accusée de plagiat par un artiste bien de chez nous et ses avocats seront d’ailleurs entendus sur cette affaire, à Mons, le 21 octobre prochain ; Johnny Hallyday prévoit d’ouvrir, quant à lui, un restaurant d’envergure, à Bruxelles, au printemps 2006. Pas mal. Mais ce n’est toujours pas la bonne réponse à la question. A vrai dire, ces icônes de la scène musicale se distinguent surtout par leur audace et leur sens aiguisé des affaires : tous deux ont en effet choisi le téléphone portable comme support de promotion idéale de leurs nouvelles chansons. Et c’est une grande nouveauté dans le monde impitoyable du show-biz. Honneur aux dames avec Madonna qui propose, depuis deux semaines, son tout nouveau single uniquement sous forme de sonnerie téléphonique à télécharger sur le Web. Certes, l’album  » Confessions on a Dancefloor  » de la sulfureuse blonde-brune-noire-châtain (enfin, on ne sait plus très bien) ne sortira que le 15 novembre prochain, mais trente secondes de son single  » Hung up  » (littéralement  » Raccroché « , bien vu !) sont d’ores et déjà téléchargeables sur certains sites Internet. Plus fort : le single en question ne sera diffusé en radio qu’à partir du 17 octobre et l’exclusivité est donc, pour le moment, 100 % téléphonique. Audacieuse, cette action commerciale est le fruit d’un accord entre Warner Music (la maison de disques de Madonna) et l’opérateur de téléphonie mobile Orange (en Belgique, c’est Proximus qui a décroché l’exclusivité et qui propose donc cette sonnerie originale sur http://live.proximus.be). Hasard ou nécessité du marché, l’ami Johnny a eu la même idée pour son nouveau titre  » Ma religion dans son regard « . Cette chanson écrite et composée par les  » djeunes  » de Kyo a en effet d’abord été distribuée sous forme de sonnerie téléchargeable avant sa diffusion en radio. Considérée comme une première sur le marché français, le démarrage de cette opération a eu lieu le 26 août dernier, alors que le CD en version single ne sera vendu en magasin que le 31 octobre, suivi de l’album quelques jours plus tard. Bref, pour Johnny comme pour Madonna, l’idée est moins de faire l’intéressant(e) que de contourner le schéma de promotion traditionnel pour mieux vendre leur musique. Face à l’actuelle crise du disque sous sa forme  » classique « , les pop stars n’ont en effet plus d’autre choix que de trouver des solutions alternatives. Le téléchargement payant de chansons sur le Net via des sites comme, par exemple, www.apple.com/fr/itunes/ est une piste ; le marché juteux de la téléphonie mobile en est une autre. D’autant plus que la technologie 3G (les GSM troisième génération) est désormais une réalité pour le grand public, ce qui veut dire concrètement que Monsieur et Madame Tout-le-monde peuvent aujourd’hui télécharger de  » vraies  » chansons complètes sur leur téléphone mobile et non plus seulement de  » simples  » sonneries polyphoniques. A terme, les GSM pourraient donc répéter ce qu’ils sont d’ores et déjà en train de faire avec les appareils photo numériques bas de gamme : supplanter les machines bon marché – en l’occurrence les baladeurs numériques de premier prix – et donc proposer une offre massive  » tout en un  » : la téléphonie, la musique, la photographie et même la télévision mobile puisque la technologie 3 G permet également cette prouesse-là. C’est sûr : pour l’album suivant de Madonna et de Johnny, on aura même droit au clip sur GSM avant la commercialisation du CD en magasin et, évidemment, avant toute diffusion de la chanson en radio et en télé. Aaaaah que c’est vraiment trop fuuuu !

Frédéric Brébant