Barbara Witkowska Journaliste

Ô Houria (liberté), son quatrième album, vient de sortir. Des textes mélancoliques et tendres sur fond de guitares acoustiques, mâtinés d’une pincée d’oud… La  » folkeuse  » algérienne séduit en solo et en duo avec Francis Cabrel.

Vous chantez avec Francis Cabrel Tout reste à faire. Quelles sont vos urgences ?

Quand on a décidé de faire ce duo, j’étais enceinte de mon deuxième bébé et me posais des questions sur l’avenir. Que va-t-on laisser à nos enfants ? Du coup, je n’ai pas eu envie de parler d’amour mais plutôt de critiquer le monde, en évoquant l’injustice et la détresse des femmes battues, et de défendre des causes humaines et nobles, telles la liberté, la solidarité et la préservation de la terre.

Une chanson engagée peut-elle changer le monde ?

Oui. Imagine de John Lennon a changé beaucoup de choses, tout comme Heaven de Led Zeppelin qui a d’ailleurs été censuré aux États-Unis après le 11 septembre 2001.

La plus belle chanson d’amour ?

Ne me quitte pas de Jacques Brel. On se demande ce qu’on peut écrire après une telle déclaration. J’espère y arriver, un jour.

Pourquoi chantez-vous ?

Je ne sais pas. Je voulais réussir ma vie, avoir un statut important. Un jour, j’ai accompagné des musiciens, il a fallu dépanner un copain. J’aimais la lecture et l’écriture, je me suis mise à écrire des chansons, la musique s’y est associée spontanément. Aujourd’hui, je me sens bien dans cette vie malgré quelques frustrations. J’ai deux filles, de 5 ans et de quelques semaines, et je me culpabilise quand je suis en tournée.

Votre rêve de petite fille ?

J’étais un garçon manqué et je voulais être pilote. Heureusement que ce rêve ne s’est pas réalisé car j’ai peur en avion.

Alger ou Paris ?

Alger est liée à mes souvenirs d’enfance, à la joie de vivre et à la nostalgie. Je vis à Paris, j’aime la langue française et l’intérêt dans cette ville pour la culture. Paris, c’est aussi le cosmopolitisme, la diversité et la richesse. J’ai envie de défendre cette richesse.

Qui sont vos maîtres à penser ?

J’aime découvrir des auteurs visionnaires des époques différentes. Je viens de terminer L’Introduction à l’histoire universelle d’Ibn Khaldun, historien et philosophe du XIVe siècle, un grand Monsieur qui a marqué l’histoire. Je suis aussi touchée par la simplicité et l’élégance d’Amin Maalouf.

Télé ou Internet ?

Après un concert, je regarde la télé pour me défouler. Sinon je préfère surfer sur Internet. Avant je pouvais y passer trois heures par jour, j’essaie de me limiter à une heure. C’est une vraie drogue.

Votre premier geste du matin ?

En ce moment je regarde le berceau de mon bébé. Je commence ma journée par préparer du café, je fais le tour de l’appartement pour sentir son arôme, tout en écoutant la radio. J’entre dans la vie via la radio.

Quel talent aimeriez-vous avoir ?

Une bonne organisation. Je suis bordélique. Si vous venez chez moi, il n’y a pas de place pour s’asseoir !

Comment vous voyez-vous dans dix ans ?

J’ai du mal à me projeter dans l’avenir, cela me fait peur. Dans un dessin animé que j’ai regardé avec ma fille aînée, j’ai entendu cette question :  » C’est quoi, la chose la plus importante dans la vie ? « , puis, la réponse :  » Le présent, c’est un présent, un cadeau.  » Je la fais mienne et me contente de bien faire les choses aujourd’hui.

Pessimiste ou optimiste ?

J’ai vécu tellement de leçons de courage et de témoignages positifs que je me dis que je n’ai pas le droit d’être pessimiste. Donc, optimiste.

Souad Massi sera en concert le 2 décembre au Botanique (dans le cadre du festival Belgavox), à Bruxelles, www.botanique.be

Barbara Witkowska

Je n’ai pas eu envie de parler d’amour.

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