C’est en cuisinant entre amis dans leur maison-atelier, que Cat, Marianne et Jean-Marc ont eu l’idée de réunir leurs recettes perso en un livre décalé et inventif. La popote, oui, c’est tendance !

Recettes en page 34.

(*)  » Melting Popote « , par Marianne et Jean-Marc Leprêtre avec Cat Loray, aux éditions du Seuil.

Ils n’ont ni enseigne, ni restaurant, ni émission de télé et leurs noms ne vous diront rien ! Marianne est céramiste. Jean-Marc, son mari, est infographiste. Et Cat, la s£ur de Marianne, est peintre. Le trio a récemment publié  » Melting Popote  » (*), un livre de recettes dont le seul argument de vente tient dans leur passion commune pour la cuisine.  » On invite beaucoup de copains dans notre maison-atelier, explique Marianne. On adore recevoir et, pour nous, cuisiner est un acte d’amour. Notre curiosité pour les produits inconnus, glanés sur les marchés ou dans les épiceries, nous pousse sans cesse à inventer des nouveaux plats, à associer des saveurs inédites. Une amie nous a proposé de rassembler nos petites expériences culinaires dans un bouquin. On s’est dit pourquoi pas ? Si les lecteurs pouvaient se laisser aller comme nous, ce serait pas mal… Réaliser ce livre était un défi amusant : ne pas se prendre au sérieux mais donner une touche personnelle au projet. Ma s£ur Cat a illustré l’ouvrage.  »

Une suite de crayonnés et d’acryliques au style rugueux évoque, dans des superbes tons sourds, l’univers  » popotesque  » et sans prétention du trio. Ce  » petit manuel non académique à l’usage des cuisiniers sans toque « , comme l’indique son sous-titre rassemble, en effet, avec décontraction, une cinquantaine de recettes maison.  » Il n’y a pas vraiment de fil rouge sinon notre penchant pour les épices et les ingrédients du soleil, associés avec la plus grande liberté « , précise Cat, les yeux rougis par les pelures d’oignons.  » Nos origines niçoises ont certainement influencé notre approche de la cuisine, enchaîne Jean-Marc, préposé à la découpe d’une carambole. En d’autres mots, ça nous dérange pas quand  » ça caramélise un peu au fond de la casserole « , comme on dit dans le sud. Mais ce n’est pas la cuisine traditionnelle qui nous attire. Il y a une recherche d’autres goûts, plus lointains, plus dépaysants. Nous n’avons rien contre les paupiettes à condition d’y ajouter, par exemple, un confit de bidao, une grosse courge orientale.  »

Chaque membre du groupe détourne à sa façon les règles d’airain de la gastronomie. La mère de Jean-Marc, qui a vécu au Vietnam, lui a ouvert très tôt de larges horizons gourmands. Marianne, qui fut hôtesse de l’air, ne savourait les escales lointaines que pour goûter à des saveurs inédites. Et Cat, elle, ne résiste jamais plus d’une semaine aux produits asiatiques de son quartier. Leurs recettes sont émaillées de quinoa, la céréale péruvienne très tendance, de salade de tofu, de poisson au saté, de viandes parfumées au curcuma parfois accompagnées de kaï-lan, une sorte de chou chinois très populaire en Thaïlande.  » Nos ingrédients se trouvent dans les petits commerces, affirme Marianne. L’autre jour, on a découvert une épice chinoise grandiose : la giandai. On a pensé l’associer avec le poulet. Un bonheur.  »

Marianne met la dernière main aux  » kimonos de sole en catimini « , l’une des grandes spécialités  » popotesques « .  » Ce sont des médaillons de sole à la rose et au coulis de poivron qui sont  » noués  » avec un petit ruban de papier aluminium, comme une ceinture de judoka « , commente-t-elle tout en évoquant les fous rires qui ont accompagné, au fil de la conception du livre, le choix des titres des recettes.  » Nous avions très envie de désacraliser les traditionnels livres de recettes. Ne pas proposer des préparations impossibles ou qui prennent des journées entières et inviter les lecteurs à dépasser leurs propres interdits. Notre travail se résume à un mot : osez !  »

Texte et photos : Antoine Moreno

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