THIERRY GILLIER

© photos : fred meylan/sdp

Le fondateur de Zadig & Voltaire a la collectionnite aigue. Depuis vingt-cinq ans, en boulimique qui ne s’ignore guère, il amasse des oeuvres d’art contemporain. Qu’il s’amuse à exposer dans ses boutiques à travers le monde, à Bruxelles, notamment, dans un flagship store de 450 mètres carrés flambant neuf.

L’oeuvre de Dan Graham Tunnel of Love trône au beau milieu de votre boutique bruxelloise (photo), pourquoi ?

Quand on m’a montré cette boutique, j’ai immédiatement projeté de mettre un Dan Graham dedans, c’était naturel. Ses sculptures sont assez transparentes et monumentales. J’en cherchais une à taille humaine, celle-ci fait quatre mètres facile, elle pèse très lourd et nécessite un montage particulier, il s’agit de verre tordu, qui déforme la perception. Elle peut aller dans un jardin, est à l’épreuve du temps, il y en a beaucoup dans les parcs, de temps en temps, elles disparaissent sous la végétation. J’aimais l’idée de la poser au milieu d’un intérieur, on la ressent beaucoup plus quand il y a des murs autour. Il n’est pas dit que demain on ne la bougera pas ailleurs… Rue Cambon à Paris, il y a une petite galerie d’art à l’intérieur de la boutique Zadig & Voltaire, on peut acheter des oeuvres, mais ce n’est pas une volonté que de vendre.

THIERRY GILLIER
© photos : fred meylan/sdp

Dites-vous aux artistes que vous collectionnez qu’ils se retrouvent aux cimaises de vos magasins ?

Cela dépend… En réalité, je n’aime pas trop rencontrer les artistes, on peut être déçu. Il faut qu’il y ait un courant qui passe. Or, l’oeuvre n’est pas liée à la personnalité de son créateur. J’apprécie particulièrement les grandes pièces. J’en ai beaucoup et, à force, il se dégage une collection qui a du sens. Pour moi, l’art et la mode forment un tout, je ne les mets pas dans une case ou l’autre. C’est une façon de vivre, je le fais par instinct. Si je suis dans un appartement et qu’il n’y a pas d’art, cela ne marche pas. Si je n’en ai pas dans mes bureaux, cela ne marche pas non plus, mais je ne peux expliquer pourquoi.

L’art contemporain dans un flagship store sert-il à booster les ventes ?

Non, mais si cela reflète quelque chose de positif, cela sert au moins à ça. Ce n’est pas de la philanthropie. On est tout de même dans un acte commercial mais cela pourrait le devenir, on n’a pas la fin du chapitre.

Vous souvenez-vous de la première oeuvre d’art qui vous a fasciné ?

C’était des Picasso, j’étais enfant et cela me paraissait simple comme travail. J’avais alors essayé de refaire les dessins et ce n’était pas si facile que cela !

Flagship store Zadig et Voltaire, 60, avenue Louise, à 1050 Bruxelles. www.zadig-et-voltaire.com

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