Tout l’été, Le Vif Weekend fait une pause dans les cafés de nos provinces. Cette semaine : une cure de Saint-Feuillien, une dose de Radio Nostalgie et un coup de soleil italien.

Jour de chance en ce printemps tout pourri : le soleil darde copieusement de ses rayons la Grand-Place de Mons. Pause de midi en forme de répétition précoce du Doudou : les terrasses sont inondées de monde. Bien qu’une séance de luminothérapie nous tente aussi, on pousse la porte en bois de l’Excelsior. L’établissement nous a été renseigné par quelques camarades du cru comme étant le plus élégant de la classe, un des plus honnêtement patinés. Du haut de ses 100 ans passés, le lieu ne manque effectivement pas de cachet. Enfilades de banquettes en cuir vert à gros boutons évoquant la race du Chesterfield, luminaires coroles, vitraux Art déco laissant filtrer des tons pastel, images d’Épinal british placées sous verre, et au fond de la salle, encadrée dans son bar comme un objet précieux, une longue cascade de boucles noires polissant des verres de Saint-Feuillien au torchon à carreaux : Mademoiselle Monaco de son nom, fille du patron, Claudio de son prénom. Comme beaucoup de Montois, et pas des moins célèbres, ce dernier est arrivé en direct de La Botte avec ses parents, poussés par la nécessité de troquer la lumière romaine contre l’obscurité des mines. Temps durs, temps anciens. Si quelques piatti come a casa s’incrustent sur la carte, c’est bien la côte de porc à la montoise (sauce crème, champignons, lardons – bonne comme le péché) ou dite  » al’berdouille  » (sauce bière et légumes – pour se faire pardonner) accompagnée de grosses frites brûle-doigts qui dessine les contours les plus alléchants du menu. C’est en tout cas le type de plats rassurants comme un soir d’hiver bien au chaud qu’on a envie de commander aux garçons de café en gilet qui officient de table en table, une plaisanterie, un sourire pour chacune. L’Excelsior, c’est typiquement le genre de lieu qui appelle l’assiette valeur-sûre et sans prise de tête, le moment de plaisir simple à souhait, l’instant délicieusement classique – on n’a pas dit ringard – bercé par les chansons mélancoliques par nature que diffuse Radio Nostalgie (crème de la playlist de ce jour-là : Imagine de John Lennon, The Best de Tina Turner et, aïe, Véronique Sanson en dessert un peu copieux). Pour pousser l’expérience à son comble, croire un seul instant que la planète n’est pas encore quadrillée par les signaux Wi-Fi et limitée aux conversations en 140 signes, il faut venir ici le vendredi matin, jour du marché hebdomadaire, quand les habitués de la première heure se laissent tenter par un petit apéro, voire un deuxième. Le reste de la semaine, l’Excelsior est une vieille tante paisible, de néanmoins agréable compagnie, à qui les Montois viennent rendre visite quand l’heure n’est pas à se compliquer la tâche pour se dégoter une table dans un resto à la mode ou un café branché. Un véritable service rendu à la population, un antidote aux vaines disputes de couples. Sauf quand Monsieur zyeute les boucles de la princesse Monaco.

29, Grand-Place, à 7000 Mons.

PAR BAUDOUIN GALLER – PHOTO : GRIET HENDRICKX

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