Grandes lunettes, look excentrique, tatouages provocateurs, le style de Karim Rashid tranche radicalement avec ses créations, plus sages qu’il n’y paraît. Vitrine des meubles et objets que le designer britannico-égyptien invente, son habitation new-yorkaise est en réalité un havre de paix stimulant, tant pour les sens que pour l’esprit.

Karim Rashid a déjà dessiné des milliers de projets. Des meubles bien sûr, mais également des emballages, et à plus grande échelle, des magasins, des hôtels… et même des maisons particulières. Dans son book, on retrouve des fauteuils, des canapés, des chaises, des tables, des couverts, du mobilier de cuisine ou de salle de bains… Bref, autant d’éléments qui remplissent notre vie quotidienne. L’originalité du concepteur : il ose les formes, les matières neuves et utilise des couleurs rarement employées, vives et lumineuses. Il repense les objets les plus ordinaires et remet en question les usages les plus convenus. Tout cela parce qu’il aime l’innovation, qu’il se plaît dans son époque et qu’il se sait à l’aube de temps nouveaux.

Chaque fois qu’il change de maison, le créateur au look détonnant la remplit de ses conceptions design. Ce qu’il imagine et dessine, il ne le fait pas pour plaire aux autres, pour provoquer ou pour s’inscrire dans une quelconque tendance, mais avant tout parce qu’il croit que c’est juste. Les lignes auxquelles il donne naissance sont d’abord l’expression de convictions profondes… qu’il a tenu à mettre à l’épreuve chez lui, à New York, dans la grande maison où il vient d’emménager.

Le logement du créateur est composé d’un vaste séjour, de plain-pied, prolongé par une terrasse. La grande pièce est subdivisée en trois zones ouvertes les unes sur les autres : le salon, la salle à manger et la cuisine. A l’écart, on trouve le bureau du maître des lieux et, à l’étage, les espaces privés. L’ensemble est fidèle à ce qui compose l’univers intérieur de Karim Rashid : des couleurs acides – même si, avec le temps, elles tendent à s’adoucir et se réchauffer – et des matières sensuelles, lisses et rassurantes. Le designer joue ici sur les mariages de textures, soulignant tantôt les contrastes, tantôt les affinités qui se dessinent lors des rencontres entre céramique, bois, métal, caoutchouc, velours, daim, verre…

Au style futuriste des débuts de sa carrière, le talentueux Britannico-égyptien, qui a grandi au Canada avant de s’installer aux Etats-Unis, semble aujourd’hui préférer le retour à une sobriété toute scandinave… Et sa demeure new-yorkaise, véritable mise en scène de sa conception de l’existence, démontre l’étendue de son travail.  » Je déteste le noir. Je ne porte jamais cette teinte « , affirme-t-il. Résultat, cette tonalité a complètement déserté sa propriété de Big Apple, ce qui la rend encore plus pétillante…  » Lorsque je donne vie à un objet, je me concentre sur sa thématique plus que sur sa forme, avec très peu d’ornements, ajoute-t-il. Je pense également que mon travail est fluide, doux, organique et humain.  » Cette idée, qu’il appelle le  » minimalisme sensuel  » ou le  » sensualisme « , est aussi d’application dans son antre américain. Ce dernier illustre également bien le concept de dépouillement poursuivi par Karim Rashid, qui est convaincu que le monde est rempli d’objets mal conçus et laids, que les gens ne possèdent et n’utilisent que par défaut. Pour lui,  » nous n’avons pas besoin de 90 % des choses que nous possédons. Nous avons créé un monde inutilement complexe. Et pourtant, vivre dans un cadre qui ne soit pas déprimant est indispensable à notre équilibre « . Une philosophie qu’il applique chez lui à la lettre, avec légèreté, enthousiasme et beaucoup d’esprit, afin de démontrer que ses idées ne sont pas des utopies. Ou que si elles en sont, on peut néanmoins les incarner. Bourrée d’inventivité, sa maison new-yorkaise est à la mesure de ses rêves, donc de son oeuvre : gaie et drôle.

PAR LUXPRODUCTIONS

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