Toujours en quête de nouveaux talents, la maison Hermès qui, depuis 1837 a réussi à diversifier son activité de sellier avec le succès que l’on sait, lance un prix du design européen, en partenariat avec Weekend Le Vif/L’Express. Un concours triennal qui récompensera la meilleure création d’objet sur le thème de la  » légèreté au quotidien « .

Depuis toujours, Hermès aime tourner autour des objets. Les bousculer, les rajeunir, les magnifier aussi. En posant sur eux un regard curieux, espiègle même, comme pouvait le faire Emile Hermès. Celui qui dirigea la prestigieuse maison parisienne de 1921 à 1951 n’a en effet jamais manqué, au fil de ses voyages et de ses rencontres, de repérer les talents et les inventions qui allaient marquer une époque. Le prix triennal, initié cet automne par Hermès, porte d’ailleurs son nom pour rendre hommage à son insatiable fantaisie.

 » Chez Hermès, il n’y avait jamais eu de concours en tant que tel, reconnaît Pascale Mussard, directeur artistique d’Hermès, à l’initiative de ce projet avec son cousin Pierre-Alexis Dumas. Mais nous avons toujours regardé de près et soutenu le travail des jeunes designers. Créer ce prix, c’est une manière, finalement, de réaffirmer ce que nous sommes. Le talent d’Hermès, c’est de réussir les rencontres. De gens, de matières, d’envies.  » Le prix Emile Hermès formalisera en quelque sorte cet état d’alerte permanent, moteur fureteur et généreux d’une entreprise familiale qui a fait de l’innovation l’un de ses chevaux de bataille

Issus de seize pays européens répartis en huit zones géographiques, les candidats – designers professionnels ou étudiants en dernière année d’école de design, d’architecture, d’arts plastiques ou d’arts appliqués – ont jusqu’au 30 novembre prochain pour s’inscrire. Ils auront ensuite jusqu’au 31 janvier 2008 pour envoyer leur dossier de candidature complet (1). Une première sélection effectuée par une commission locale permettra de dégager en tout 24 finalistes. Contacté pour participer au jury de la zone Benelux, Weekend Le Vif/L’Express qui suit la jeune création depuis plus de vingt ans, a accepté avec enthousiasme de soutenir ce prix prestigieux. Les créateurs choisis auront alors trois mois pour réaliser un prototype de leur objet. Fin juin, trois lauréats se verront remettre respectivement 50 000, 25 000 et 15 000 euros alors qu’une exposition itinérante fera voyager dans toute l’Europe les prototypes des 24 projets sélectionnés.

 » C’est incroyablement nourrissant pour nous, poursuit Pascale Mussard. La vocation de ce prix, c’est d’avoir un regard heureux et bienveillant sur ce que l’autre nous apporte. Pas pour piquer ses idées, mais pour l’accompagner de manière efficace. Lui mettre le pied à l’étrier, sans mauvais jeu de mot. Amorcer un dialogue avec lui.  » Qui débouchera ou non, d’ailleurs, sur l’édition de l’objet au sein de la maison.  » Nous voulons nous laisser le choix, justifie Pascale Mussard. Pour garder un rapport désintéressé dans l’approche que nous aurons des créations que l’on nous présentera. L’édition n’est pas une fin en soi. Cela débouchera peut-être sur un échange qui donnera lieu par la suite à d’autres objets. « 

Le thème choisi aussi –  » la légèreté au quotidien « , appliqué aux objets du voyage et de la maison – se voulait le plus ouvert possible.  » Nous rêvons d’un objet compagnon, qui puisse au quotidien apporter une respiration « , suggère Corinne Poux, directeur de l’innovation chez Hermès international. Tout en restant fidèle à ce que l’on attend de lui, à sa fonction.  » On aimerait qu’il nous procure une sensation particulière au moment où l’on s’en sert, comme pourrait le faire un matériau jamais utilisé jusqu’ici dans le secteur du voyage par exemple, ajoute-t-elle en se voulant – volontairement – la plus évasive possible. Nous avons surtout envie d’être étonnés. « 

L’objectif : se laisser surprendre par un objet en phase avec les valeurs de la maison qui se retrouvent finalement dans l’intitulé du concours.  » Ce qui est intéressant c’est de voir comment des gens de l’extérieur peuvent regarder et interpréter ces valeurs, insiste Pascale Mussard. Depuis que je suis toute petite, j’entends des mots : usuel, authentique, belle facture. Un objet Hermès doit être juste. C’est aussi un objet qui se répare. Qui se transmet. Il est généreux, truffé de petits détails qui ne sautent pas aux yeux mais qui se découvrent.  » Empreint de cet état d’esprit que la directrice artistique résume en rappelant le flair d’Emile Hermès qui, découvrant lors d’un voyage au Canada que la voiture est en passe de détrôner le cheval – et donc de compromettre ses affaires centrées sur la fabrication de harnais -, en revient avec les droits sur le brevet de la fermeture à glissière qui révolutionnera le design des sacs et des bagages.

 » Ce n’est pas du tout qu’on se veuille moderne à tout prix, se défend Pascale Mussard. Nous l’avons toujours été. Ce qui guide la maison depuis toujours c’est une liberté d’association. Prenez le sac Farming, par exemple. Il a la forme d’un pot à lait. Il date de 1954. Il est très classique et en même temps c’est la chose la plus moderne qui soit. Le Kelly, c’est pareil. On entend souvent dire que les objets d’Hermès ont une âme. Leur naissance n’est pas un long fleuve tranquille. Ils sont le fruit de beaucoup d’amour et de pas mal d’engueulades.  » De compromis aussi. Et de rencontres qui se savourent dans la durée.

(1) Le règlement complet et les modalités de participation au prix Emile Hermès sont disponibles sur le site Internet : www.prixemilehermes.com

Isabelle Willot

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