Bouquets, cactus, plantes vertes et grasses fleurissent à nouveau dans les intérieurs privés comme dans les vitrines branchées. De quoi donner à tous l’envie de mettre un coup de vert, j’espère.

Après avoir été trop longtemps oubliées, plantes et fleurs font enfin leur retour parmi nous – et inutile d’invoquer une douzaine de roses pour la fête des mères ou trois orchidées sur un appui de fenêtre pour prétendre le contraire. Il était grand temps de les déringardiser, pour un tas de raisons qu’on aurait bien tort d’oublier : pour rappel, elles agissent sur notre moral, réduisent le bruit et la poussière dans la pièce et améliorent le taux d’humidité souvent trop bas des habitats chauffés durant l’hiver, constituant de fait une alternative des plus valables aux affreux saturateurs qui pendent aux radiateurs. Soit un élément de déco esthétique et fonctionnel, qui ramène de la vie dans les foyers désincarnés.

 » Designer florale « , ayant fait ses armes auprès du maître fleuriste Christian Tortu avant d’être sacrée Créatrice de l’année du salon Maison et Objet, à Paris, en 2006, Marianne Guedin a pour ainsi dire poussé au milieu des fleurs. Elle semblait donc tout indiquée pour nous aider à débroussailler le revival végétal.  » Je ne sais pas si c’est un effet de mode, observe-t-elle, mais il est vrai qu’en termes d’image, de nos jours, c’est de nouveau très chic d’avoir des plantes vertes chez soi. Cette tendance  » green « ,  » bio « , ça fait bien, et on le constate autant chez les particuliers que dans des établissements branchés. Comme la Brasserie Barbès, qui a ouvert cette année dans la capitale française et est remplie de plantes vertes. Il y a une étagère qui court au plafond et des tiges retombent partout, ils ont vraiment essayé de ramener la nature dans le paysage urbain.  » De là à parler d’une forme de come-back de la nature, fût-elle en pot ?  » Tout à fait. Dans les années 2000, on était beaucoup dans des ambiances faites de béton, bois clair, matériaux bruts… Avec ce retour au végétal, on s’éloigne du minimalisme pour revenir à quelque chose de plus  » déco « , mais qui peut très bien se marier avec un style industriel.  » A ses mots, on ne peut s’empêcher de penser aux concept stores Juttu, qui viennent d’ouvrir à Anvers et Bruges : vêtements, accessoires, restauration dans un environnement fait de murs de briques, palettes brutes et étagères métalliques, où la végétation s’avère omniprésente, du sol au plafond. Et est disponible à la vente, évidemment.  » Ça aussi, c’est très actuel, confirme Marianne Guedin. De plus en plus de magasins nous vendent le contenant et le contenu, le client peut donc acquérir un cache-pot design et l’espèce qui ira bien dedans.  » C’est ainsi que le golden boy du design britannique, Lee Broom, a célébré le lancement de sa première ligne de vases en transformant sa boutique en un flower shop, pour ce qui fut l’une des attractions du dernier London Design Festival.

TEL UN MÔME

De quoi donner des idées aux horticulteurs du dimanche, qui pourront, en passant, apprécier les conseils dispensés par l’experte :  » Moi, j’aime jouer le trompe-l’oeil, confie-t-elle. Placer un papier peint végétal et mettre une plante verte devant, qui rappelle le motif de la paroi, ça donne beaucoup de profondeur à la pièce. Sinon, il ne faut pas toujours chercher très loin. Par exemple, pour les fenêtres, ce que je trouve sympa, tout en ayant une réelle utilité, ce sont simplement des géraniums. Il en existe de toutes les formes et de toutes les couleurs, et même si c’est considéré comme une plante de grand-mère, quand on prend une teinte uniforme, ça peut être magnifique. Et puis, l’odeur est agréable et éloigne les insectes bien mieux qu’une prise anti-moustiques. Sans oublier que c’est increvable, ça pousse partout.  » Un argument pratique auquel d’aucuns pourront être sensibles – et justement, il existe des espèces ne demandant quasiment pas d’entretien, ou à peine un rapide coup de vaporisateur (lire par ailleurs). Autrefois snobées pour leur modeste potentiel ornemental, certaines sont aujourd’hui prisées pour d’autres qualités. Idem avec les essences dites dépolluantes, bienvenues pour aérer nos quotidiens saturés.  » On en retrouve de plus en plus fréquemment dans les environnements domestiques, acquiesce Marianne Guedin. Près des plaques de cuisson ou des ordinateurs, on va placer des cactus, pour en capter les ondes. Je le remarque dans mon entourage, les gens ajoutent des cactus ou des plantes riches en chlorophylle sur leur bureau ou dans leur salle de bains pour purifier l’air, dans un souci de bien-être.  » D’accord pour le principe, mais au-delà de l’argument marketing, est-ce que ça marche ?  » Moi j’y crois !, déclare sans détours la designer florale. Et même pour le regard, ça fait du bien de voir ces plantes pousser, c’est hyper satisfaisant.  »

Reste à savoir quelles sont les bonnes questions à se poser avant de transformer son salon en forêt vierge.  » Pour choisir judicieusement, il faut connaître quelques informations élémentaires, et en premier lieu savoir si l’on a de la lumière ou pas chez soi. Il y a parfois des recommandations particulières – par exemple, certaines espèces craignent les courants d’air -, c’est pourquoi il vaut toujours mieux en discuter avec son marchand. Ensuite, les plantes survivent dans les milieux où on les installe et leur entretien est assez facile : comme on donne à boire à ses enfants, on arrose ses plantes. Après tout, elles font partie de la famille, c’est plus que de la déco. D’ailleurs on dit souvent qu’elles apprécient la musique classique et aiment qu’on leur parle.  » Encore faut-il trouver les mots justes, ce qui ne semble pas inquiéter l’experte, qui conclut en un sourire :  » Dites-leur doucement qu’elles sont belles, qu’elles vont bien grandir et qu’elles font du bien à la maison.  »

Pour l’homme et la femme modernes à la recherche de splendeurs botaniques ou de solutions pratiques, voici quelques suggestions de plantes et fleurs à s’approprier sans plus tarder.

BRUT

Le concept : Ouverte l’été dernier, à Bruxelles, cette boutique invite ses clients à acquérir des plantes de seconde main. Une drôle d’idée ? Pas tant que ça, puisque de nombreuses variétés jouissent d’une remarquable longévité, et sont à la recherche d’un nouveau propriétaire quand l’ancien décède ou ne peut plus s’en occuper. Cactus, agaves ou philodendrons parfois âgés d’un demi-siècle côtoient ainsi d’autres pousses plus jeunes, à des prix très raisonnables, dans un magasin luxuriant où le mobilier, forcément chiné, est à vendre lui aussi.

Ça s’adresse à… Tous les amateurs de vintage et d’authentique, avides d’une plante de belle taille sans devoir attendre des années.

Infos : BRUT, 202, rue Haute, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 275 93 58.

PHYT

Le concept : Lors d’un voyage en Californie, l’équipe de Phyt s’est prise de passion pour les plantes épiphytes, organismes sans racines qui n’ont besoin que de lumière et de très peu d’eau pour survivre. Constatant l’absence de revendeurs sur le sol belge, ils ont lancé leur webshop, où chacun peut désormais se procurer des espèces tentaculaires aux noms aussi poétiques que Melanocrater, Xerographica ou Pseudobaileyi, ainsi qu’une série de  » terrariums « , structures métalliques géométriques, boules de verre à suspendre ou supports muraux en bois et cuir d’autruche.

Ça s’adresse à… Ceux qui recherchent une touche végétale originale, sans se ruiner et sans demander trop d’entretien.

Infos : www.phytplants.com

PIKAPLANT

Le concept : Trois types de produits avec un dénominateur commun, la plus absolue facilité d’entretien. Tableau, qui reproduit un cycle humide-sec grâce à un réservoir en verre et trois pots en céramique ; One, jardin vertical qui s’inspire de la technique hydroponique de la table à marée ; et enfin Jar (photo), un plant de café Arabica hermétiquement confiné dans un bocal, où se recrée un biotope proche des montagnes verdoyantes et brumeuses du sud-ouest éthiopien. L’air et l’eau se recyclent en permanence, rendant tout arrosage inutile.

Ça s’adresse à… Ceux qui ont deux mains gauches plutôt que la main verte.

Infos : www.pikaplant.com

12

Le concept : Lui-même fils de fleuriste, le jeune Niçois Guillaume Lanier s’est lancé avec succès dans l’art floral, enchaînant les collaborations prestigieuses de sa Côte d’Azur natale à la Suisse, jusqu’à chez nous où il rejoint l’équipe de notre référence nationale, Thierry Boutemy. Etabli dans la capitale, il a installé cette année un  » flower corner  » de 12 m2 au sein du concept store bruxellois Hunting & Collecting et y compose, trois jours par semaines (du jeudi au samedi), douze bouquets inédits. Ni plus, ni moins.

Ça s’adresse à… Tous les amateurs de jolies choses, aussi exclusives qu’éphémères.

Infos : 12, Hunting & Collecting, 17, rue des Chartreux, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 512 74 77.

O’GREEN

Le concept : Des  » clean machines  » en pot qui purifient l’air environnant. O’Green a sélectionné quatre variétés pour leurs facultés dépolluantes – philodendron, clusia, adiantum ou ptéris -, dont le rendement s’étend de 10 à 30 m2 selon le produit choisi. Une assistance végétale particulièrement utile pour absorber les substances chimiques volatiles et les particules en suspension, qui empestent parfois à notre insu l’atmosphère au bureau ou à la maison.

Ça s’adresse à… Ceux qui souhaitent un moyen rapide, agréable et pas cher d’offrir à leur intérieur un petit bol d’air.

Infos : www.ogreen.eu

PAR MATHIEU NGUYEN

 » COMME ON DONNE À BOIRE À SES ENFANTS, ON ARROSE SES PLANTES. APRÈS TOUT, ELLES FONT PARTIE DE LA FAMILLE. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content