Elles sont nées avec le succès dans les gènes et ont grandi dans la dentelle et la soie. Dans le milieu modeux, les  » filles de  » sont aujourd’hui des it girls courtisées ou des businesswomen avisées. Tour d’horizon de ces jeunes filles bien (fortu)nées.

Les  » filles de « . Elles existent en version blonde, chihuahua en option, et ne savent plus quelle substance ingurgiter pour se faire remarquer. Elles sont disponibles également en version brune, plus terne, essayant désespérément de mettre leur richissime mère sous tutelle. On en parle. Beaucoup. Un peu trop peut-être. Souvent en mal. Et l’on en oublierait presque qu’il en existe d’autres, moins souvent évoquées. Et un ton plus bas. Filles de créateurs, de propriétaires de groupes de luxe ou de rédactrices de mode, elles ont réussi à se faire un prénom et à se débarrasser de l’encombrante étiquette de fille à papa oisive.  » Avoir un parent connu peut servir de tremplin dans un premier temps. Mais pour que cela soit efficace, le « fils ou la fille de » va devoir faire mieux que son ainé et plus vite, explique le psychologue Jérôme de Bucquois. Car la critique ne lui sera pas forcément plus magnanime. Le poulain sera comparé à son parent, le débutant à un professionnel accompli. « 

FILLES DE… PROPRIÉTAIRES DE GROUPES

Mieux. Et plus vite. C’est sans doute pour cette raison que l’Espagnol Amancio Ortega, le fondateur de la marque Zara et patron d’Inditex, prépare de façon minutieuse sa fille Marta. Dans le pays, il se chuchote depuis longtemps qu’elle prendra un jour la tête des Zara, Massimo Dutti et autres Bershka que compte la société qui possède plus de 5 000 magasins répartis dans près de 80 pays. Pistonnée ? Peut-être un brin, il faut voir les choses en face. Mais méritante aussi. Et compétente. Parce qu’avant d’entrer au stratégique département  » Produit  » du holding en 2010, la jolie blonde a été placée par son père, septième fortune du monde selon la revue Forbes, comme vendeuse chez Bershka, à Londres, où elle était incognito. Ensuite, Marta a travaillé dans (presque) tous les services, du département financier à celui du design en passant par le juridique. De quoi se sentir à l’aise quand enfin elle prendra sa place dans le groupe espagnol ayant enregistré en 2010 un chiffre d’affaires de 12,5 milliards d’euros, en hausse de 13 %. Autre société dans le vert cette année : le numéro un mondial du luxe LVMH qui détient plus de 60 marques, dont Louis Vuitton et Christian Dior. Et l’empire a son impréatrice aussi. La fille du PDG Bernard Arnault, diplômée à la London School of Economics and Political Science, est devenue il y a quelques années, à 30 ans à peine, le plus jeune membre du conseil d’administration du groupe. Cinq ans plus tard, Delphine Arnault prend la place de directrice générale adjointe chez Christian Dior Couture, où elle est encore aujourd’hui, non loin de Ségolène Frère- Gallienne, fille du baron de Gerpinnes Albert Frère. L’amitié des deux richissimes papas aidant sans doute un peu, la jeune Belge, diplômée du collège Vesalius à Bruxelles, est entrée l’année passée dans le conseil d’administration de Dior. Et, pendant que son frère Gérald côtoie  » les Rois et la Gloire  » dans l’entreprise familiale, elle crée en collaboration avec Cordelia de Castellane la griffe pour enfants CdeC. Tu seras fashion, ma fille.

FILLES DE… CRÉATEURS

On cancane donc en Espagne au sujet de Marta. Et on s’étonne en Italie, où Allegra Versace, nièce de Gianni Versace et fille de Donatella, a déclaré récemment se sentir prête à jouer un rôle dans l’entreprise fondée par son oncle en 1978. À 25 ans, elle possède 50 % du groupe dont sa blonde et sexy mère est la directrice artistique depuis 1997. Soit près de 500 millions d’euros. Après avoir lutté pendant plus de dix ans contre l’anorexie dans laquelle elle était tombée suite à l’assassinat de son oncle, elle vient elle aussi de prendre place au sein du conseil d’administration de la société familiale.  » L’idée m’a mise très mal à l’aise. Ensuite, je me suis calmée. J’ai déjà commencé à travailler au bureau. Ils ont tous mon âge et j’ai réussi à les convaincre que, comme eux, j’ai la capacité de faire ce travail créatif. Je suis la seule à ne pas être payée, c’est l’unique différence « , clamait-elle au quotidien italien La Repubblica, insistant sur le fait qu’elle voulait rester dans l’ombre.  » L’exposition précoce à une vie publique peut avoir deux effets opposés, explique Jérôme de Bucquois. Soit on fuit cette surexposition, si l’on en a souffert, soit on cherche à se valoriser dans le même domaine que celui où les parents ont brillé. Pour être par là validé par le public et valorisé aux yeux de sa famille.  » Comme Delfina Delettrez, qui combine son double héritage de fille de joaillier et de grande dame de la mode (sa maman n’est autre que Silvia Fendi) en créant des bijoux… fashion. Mais dans le vaste monde des  » filles de « , il existe une troisième catégorie. Celle à laquelle appartient Dylan Lauren, diplômée en histoire de l’art, qui a profité du nom de son père Ralph Lauren, pour ouvrir… la plus grande boutique de bonbons du monde, sur la IIIe avenue, à Manhattan.

FILLES DE… RÉDACTRICES DE MODE ET AUTRES

 » Les « fils de » ont toujours existé. Dans les familles régnantes de la Grèce antique, chez les chefs de tribu ou dans les familles seigneuriales. Mais c’est également un phénomène courant dans le domaine artistique et littéraire, rappelle le psychologue, citant Bruegel, Mozart et Picasso en exemple. La différence aujourd’hui, c’est que le phénomène se féminise.  » Pour preuve, Bee Shaffer Wintour, fille de la rédactrice en chef de Vogue US, Anna Wintour, ou Julia Restoin-Roitfeld, fille de Carine Roitfeld, ex-rédactrice en chef de Vogue Paris, qui héritent du nom de famille de leur mère, comme pour profiter dès leur prime jeunesse de leur notoriété. Bee s’en servira pour entrer chez Ryan Murphy Productions , où elle aide à la production d’un nouveau reality show sur les intérieurs des top models en vogue. Julia, elle, se fera une place dans cette sphère bien loin du Paris modeux sur lequel règne sa mère à la Parsons – The New School for Design de New York. Autre exemple : Lourdes Ciccone, fille de Madonna et Carlos Leon,  » chez qui le nom du père est tout simplement inexistant « , souligne Jérôme de Bucquois. La jeune fille suit les pas de sa génitrice en soufflant le chaud et le froid chez les fashionistas version XXS. Sauf qu’ici, maman madone n’est jamais bien loin. L’année passée, la mini-diva lance son blog… pour promouvoir la marque de vêtements conçue avec sa mère pour la chaîne de grande distribution américaine Macy’s. Au moment d’écrire ces lignes, on peut y lire qu’elle  » like  » les écouteurs à paillettes, porter un tee-shirt au-dessus de sa robe et les boots de biker noires.  » Awesome « , selon elle. Un peu léger, selon nous. But we are living in a material world… et Lourdes a été élevée par une material girl. Telle mère…

PAR CORALIE RAMON

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