A Bruxelles, une somptueuse maison familiale du début du xxe siècle a été retouchée a minima par l’architecte Alexandre de Campos et son atelier. Pour une ambiance sous influence british, garantie lumière naturelle, sans éléments décoratifs superflus ni conservatisme.

« L’ancien propriétaire, que j’ai rencontré, manifestait un réel attachement à cette maison. Il y avait vécu une grande partie de sa vie et même célébré son mariage avant-guerre. J’ai eu envie de préserver quelque chose de cette histoire « , explique Alexandre de Campos, à la tête de l’atelier d’architecture Enter Bruxelles. A la recherche, il y a quelques années, d’une maison familiale, cet ingénieur civil et architecte de formation qui partage son temps entre le Portugal – son pays natal – et la Belgique, tombe un jour en arrêt devant cette demeure hors du commun érigée en retrait d’une belle avenue uccloise.  » C’est une sorte de castel d’inspiration anglo-normande construit dans les années 1915 qui paraît très atypique mais que l’on rencontre çà et là dans le sud de Bruxelles « , s’enthousiasme-t-il.

Dressée sur un promontoire, la maison quatre façades offrait avant tout  » un très bel éclairage traversant  » qui a convaincu l’acheteur. Le plaisir de la lumière naturelle a d’ailleurs été le fil conducteur pour le réaménagement des lieux, réalisé en étroite collaboration avec Julie de Halleux, consultante en relooking d’intérieurs. Dès  » la séquence d’entrée  » – un hall qui se scinde d’un côté sur le vestiaire, de l’autre sur le salon -, la priorité est donnée à la lumière du jour, réverbérée par un dallage en marbre. Le séjour, organisé autour de trois pièces en enfilade, s’ouvre sur un cube entièrement vitré donnant sur un vaste jardin arboré.  » Ce module n’était pas d’origine mais il faisait partie de la maison depuis plusieurs décennies. Il était en très mauvais état, je l’ai rénové tout en l’optimisant pour lui donner davantage de cohérence. Mais il ne s’agit pas du cube parfait de verre et d’acier que rêve de créer tout architecte !  » se défend, amusé, Alexandre de Campos.  » D’ailleurs sa structure n’est pas en métal, contrairement à ce que sa couleur anthracite laisse penser, mais en bois.  » Comme les superbes colonnes ouvragées du salon que l’on pourrait croire en fonteà

Greffé au bâti d’époque, ce parallélépipède tout en baies coulissantes offre une vue panoramique à la fois sur le salon et ses vases en bambou surdimensionnés et sur la cuisine pourvue d’un îlot central.  » Au départ, la cuisine était à l’entresol mais il était plus judicieux de la rapprocher du salon, se souvient Julie de Halleux. Il nous semblait intéressant de lui donner des proportions imposantes afin de structurer l’espace qui manquait de  » marqueurs « . Pour parfaire le parti pris du blanc, nous avons choisi pour le sol et le plan de travail, un marbre de Carrare fortement veiné afin de lui assurer le maximum de  » présence « . « 

Avec l’arrivée de locataires dans les lieux, la maison s’est imprégnée d’une nouvelle sensibilité, celle d’un homme d’affaires international et de sa famille.  » Ce sont des amateurs d’art éclairés « , note Alain Friant, architecte d’intérieur et cofondateur du bureau Friant & Delacroix, qui est intervenu dans la phase finale de l’aménagement.  » Pour le mobilier, il s’agissait de retrouver en partie l’ambiance de la maison que la famille occupait précédemment près de Regent’s Park à Londres dont nous nous étions déjà chargée.  » Autrement dit un recours à des lignes simples, des matières nobles et des coloris sobres exprimés par un mobilier griffé Max Alto, B&B Italia ou Christian Liaigre.

 » Les locataires détiennent « des pièces fortes » avec lesquelles il était superflu de rivaliser, poursuit Alain Friant. Je pense aux superbes malles Louis Vuitton d’avant-guerre, visibles dans le salon, de part et d’autre de la cheminée, ou aux vêtements traditionnels chinois, exposés sous cadre dans la salle à manger, à côté de la superbe lampe Artichaut de Poul Henningsen en cuivre. Tout cela impose un ensemble de mobilier sans effets.  » Comme cette superbe table minimale circulaire en bois de la salle à manger dessinée dans les années 1930 par Jean-Michel Frank et réédité par Ecart International.

L’escalier principal qui mène à l’entresol, là où la lumière naturelle se fait plus rare, permet d’accéder aussi à des espaces plus colorés et plus ludiques, telle la chambre de la fille aînée du locataire et un salon de télévision. A l’opposé, les étages supérieurs gagnent en luminosité, jusqu’à mettre naturellement en valeur les vitraux du premier palier : une composition d’époque restaurée par l’atelier Pierre Majerus à Bruxelles. Fidèles au principe de blancheur et d’épure, la chambre parentale, la salle de bains et ses espaces de circulation nichés en hauteur privilégient un minimalisme chaud dont a été banni aussi bien le béton brut que le Corian® mais pas la touche de fantaisie imaginée par Julie de Halleuxà Dans le corridor qui mène vers la salle de bains, une réjouissante parenthèse pop réveille en effet les pupilles grâce aux motifs vintage signés Osborne & Little, la crème (anglaise) du papier peint, auquel on doit aussi l’habillage cinétique et classe du vestiaire d’entrée. Le respect des traditions n’empêche pas quelques facéties bien senties. By Jove !

Antoine Moreno

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