Il y a des fleurs sauvages et aussi un étang dans lequel on peut se baigner… Derrière sa sage ordonnance, ce jardin laisse libre cours à une passion inextinguible pour toutes les merveilles de la nature.

« Gamin, j’étais membre d’une organisation de jeunesse pour la conservation de la nature, confie Chris Ghyselen. Lorsque nous étions en promenade, tous les autres enfants étaient aux aguets pour observer les animaux. Pendant ce temps-là, moi, je regardais par terre, je contemplais la végétation. Je crois que ma passion pour les jardins ou les espaces plantés qui privilégient graminées et vivaces indigènes a pris racine au fil de ces balades botaniques.  »

Chris est le cinquième des neuf enfants d’un médecin de campagne qui, pour  » structurer  » son jardin, avait fait appel au savoir-faire d’André Van Wassenhove. Une fois l’an, le paysagiste brugeois venait tailler haies et arbustes et il était ainsi devenu un familier de la maison. Disparu en 2002, André Van Wassenhove était un homme d’une rare qualité, de ceux qu’un adolescent peut prendre pour modèle. Son influence sur Chris sera déterminante puisque l’adolescent entreprendra les études de paysagiste.

En 1988, Chris a 28 ans et se marie. Le couple achète un terrain de 15 ares. Située le long de la route, la parcelle rectangulaire est entourée de prairies. Elle est aussi longée sur un côté par une drève bien plantée de hêtres et de chênes, un double alignement qui borde un chemin de servitude. Une superficie de 1 500 m2, c’est bien… mais ce n’est pas assez pour quelqu’un qui, comme Chris, aime les jardins et la nature. Aussi, lorsque sept ans plus tard, le fermier accepte de lui céder 3 000 m2 sur sa prairie, les animaux vont reculer et le jardin avancer vers le bois. Cette extension est vécue comme une libération. Certes, Chris avait au mieux tiré parti de la superficie disponible. Derrière la maison, il y a l’aire de jeu pour les enfants ; devant, un premier jardin, sorte de salon d’extérieur, puis un plan d’eau rectangulaire. Au-delà de l’allée carrossable qui mène au garage, le jardin se poursuit alors par espaces séparés par des haies : un jardin de bulbes de printemps, un potager avec quelques arbres fruitiers palissés et un double border.

 » En Flandre, nous avons la désagréable habitude de construire des toits de formes et de couleurs différentes, note Chris. Pour éviter de percevoir cette cacophonie visuelle, j’ai prévu des haies hautes.  » A l’arrière du terrain, celles-ci sont toutefois taillées à environ 1m 20 de hauteur, pour permettre au regard de gambader jusqu’à l’orée du bois. La limite avec les prairies est, elle, constituée de simples clôtures. On peut ainsi voir paître les moutons noirs dans la brume du matin. Pour unifier l’espace, Chris a eu recours à d’autres astuces encore.  » J’ai proposé à mon voisin de planter les mêmes arbres que moi, explique- t-il. Ensemble nous avons ainsi quatre marronniers, répartis de part et d’autre de notre limite commune. J’ai proposé cette essence parce qu’elle pousse assez vite û comme le frêne û et que j’ai envie de voir le résultat de mes yeux, quand les marronniers seront adultes.  »

Une partie des 30 ares acquis voici sept à huit ans a servi à accroître le jardin existant. Le border a été allongé, doublant en longueur, comme le jardin de printemps. Une serre à armature en bois a été construite pour accueillir, en hiver, les jeunes plantes que Chris multiplie dans sa petite pépinière. A l’arrière de la propriété, des graminées ont été plantées en nombre.  » Notamment des Deschampsia cespitosa  » Golden Dew  » ou des Pennisetum, précise notre interlocuteur. Au milieu, j’ai disposé des vivaces, comme Knautia macedonica, ou les Geranium  » Brookside  » et  » Nimbus « . Mais l’effet le plus spectaculaire vient d’un rosier peu courant, Rosa omeiensis pteracantha. Il a de très grandes épines rouges, magnifiques en été parce que presque transparentes dans la lumière du soleil.  »

Au-delà de cette parcelle, Chris bénéficie encore d’une petite prairie. Bordée par un haha (sorte de fossé profond d’au moins 1 mètre de largeur, creusé à pic), elle est agrémentée par un profond étang (1m 80 en son point le plus bas) qui sert aussi de piscine : son eau est épurée grâce à un système ingénieux d’oxygénation naturelle au travers d’un circuit de plantes aquatiques. L’ensemble fait l’objet d’une belle mise en scène. D’un côté de l’étang, on trouve une grande sculpture de Luc Lapère et, de l’autre, une petite terrasse en bois sur laquelle sont sagement alignées deux chaises longues, protégées du soleil par un parasol. Les plantations, elles, permettent d’intégrer harmonieusement cette grande pièce d’eau (18 x 9 m en son maximum) à la nature environnante. Il y a la grande Gunnera mais aussi des Eupatorium cannabinum  » Flore Pleno « ,  » Darmera peltata  » ou Iris pseudacorus  » Variegata « … Pour parfaire ce petit coin de paradis terrestre.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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